Des observateurs ne cessent d’alerter quant à l’ampleur du déficit budgétaire et à la nécessité de rationaliser les dépenses de l’Etat et ce, parallèlement à l’amélioration de la mobilisation des ressources fiscales et autres.
Toutefois, des données publiées hier jeudi 17 novembre 2022 par le ministère des finances montrent que la situation économique et financière du pays n’est pas aussi critique que l’on pense, puisque à fin août dernier, le déficit budgétaire a baissé et le rythme d’accroissement des ressources de l’Etat dépasse largement celui de l’évolution des charges budgétaires …
Défit budgétaire en baisse…
Les chiffres publiés hier jeudi 17 novembre 2022 par le ministère des Finances, avec un grand retard comme toujours, dans son bulletin de suivi du budget à fin août 2022 indiquent que le déficit budgétaire de la Tunisie a baissé de 3387,5 millions de dinars à fin août 2021 à 3023,5 milliards de dinars durant les huit premiers mois de l’année en cours.
La raison de la baisse du déficit budgétaire, non élucidée par le bulletin ministériel, est toute simple et consiste au fait que les autorités n’ont pas versé suffisamment de subventions à plusieurs entreprises publiques (2,2 milliards de dinars) concernant notamment l’Office des Céréales, la STEG, la STIR, l’OCT, la Pharmacie Centrale.
Selon les chiffres du ministère, l’amélioration de la balance budgétaire est due principalement à la hausse de recettes fiscales à hauteur de 19% qui se sont élevées de 19,2 milliards de dinars à fin août 2021 à 22,8 milliards de dinars au terme des huit premiers mois de l’année.
Une variation importante et qui est difficilement explicable d’autant plus qu’elle provient de la hausse des impôts indirects (+2,6 milliards de dinars ou 22,5%) et ce, malgré la baisse de la consommation, privée et publique, en raison de l’inflation galopante et de l’aggravation des pénuries sachant que la loi des finances 2022 n’a pas révisé à la hausse les taux des impôts indirects.
Le ministère des Finances a également signalé un taux de réalisation par rapport aux prévisions des dépenses d’interventions (compensation et transferts aux familles nécessiteuses) qui ne dépasse pas 48,7% à fin août dernier et ce, en dépit de la hausse vertigineuse des charges d’importation des carburants et des produits de base (17 milliards de dinars) relayée sans cesse dans les communications des ministres de l’énergie, du commerce et de l’agriculture outre les informations diffusées par la banque centrale, dans ce sens.
Les autorités mobilisent des ressources de trésorerie … négatives !
Sur un autre plan, les données bulletin du ministère révèlent que les ressources de trésorerie, ont baissé à fin août 2022 de 29,3%, atteignant 9,4 milliards de dinars, contre 12,1 milliards de dinars pendant la même période de l’année précédente.
Sous cet angle, les ressources d’emprunt ont augmenté durant la période août 2021-août 2022 de 9,7 à 11,3 milliards de dinars soit une progression de 1,6 milliards de dinars ou 17%.
Néanmoins, le bulletin du ministère des finances pour le suivi du budget de l’Etat au titre du mois d’août écoulé montre que la rubrique « autres ressources de trésorerie » présente un solde négatif de 1,9 milliards de dinars. Une première en finances publiques puisque toutes les ressources budgétaires fiscales et / ou provenant d’emprunts doivent obligatoirement être positives.
Loin des chiffres du ministère, il est important de rappeler que la loi des finances 2022 prévoit un déficit budgétaire de 8,6 milliards de Dinars, soit 6,2% du PIB projeté et qui peut atteindre 9,7% du PIB.
Il est à noter que les dispositions de la loi organique du budget – la loi n°2019-15 du 13 Février 2019 – appellent explicitement à veiller à la sincérité et la transparence des données relatives aux lois de finances.
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