Cela fait 10 ans, au bas mot, que la Tunisie et les autres pays qui souffrent le plus des effets du réchauffement climatique courent derrière les 100 milliards de dollars promis par les responsables de cette pollution à grande échelle. A en croire les échos de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques – COP27 – les “victimes” ne sont pas près de voir la couleur de ce pactole…
La musique qui monte à Charm el-Cheikh, en Égypte, n’augure rien de bon. Face à l’instance des pays pauvres pour créer sans tarder un mécanisme contraignant de financement les nantis freinent des quatre fers, louvoient, lambinent, rapporte ce mercredi 16 novembre Le Point. On parle encore de «processus» pour poursuivre les négociations, jusqu’en 2024, alors que la Tunisie et une kyrielle de pays africains vivent déjà un calvaire sans nom. Remises de dettes, dons, une vraie aide au développement, aide humanitaire pour atténuer les conséquences terribles du changement climatique… : Rien ne passe.
Pourtant la proposition de résolution du G77+Chine, qui réunit plus de 130 nations émergentes et pauvres, est tout ce qu’il y a de plus raisonnable : la COP27 entérine ici et maintenant «un fonds pour aider les pays en développement à couvrir les coûts pour faire face aux pertes et dommages non économiques et économiques». Le texte donne même une période de transition pour que les «principes et modalités opérationnelles» du fonds soient effectifs au plus tard à la COP28, prévue fin 2023.
Idem au sein du groupe BASIC, qui regroupe l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde ; dans un texte commun émis hier mardi ils disent leur «soutien» à la présidence égyptienne de la COP pour une résolution «ambitieuse et équitable» durant cette conférence mondiale, «y compris des progrès substantiels vers la mise en place d’un mécanisme de financement des pertes et dommages», sans donner plus d’indications sur la démarche et les échéances.
Mais voilà : l’Union européenne (UE) défend «le lancement d’un processus» et fait front avec les USA pour dire NON à tout fonds spécifique. Tout au plus l’UE formule des gages de “soutien” aux pays durement impactés et se dit disposée à «s’accorder sur un processus pour identifier des solutions et engager des actions urgentes pour augmenter les financements»…
Il y a «de multiples solutions pour relever l’éventail des défis et des impacts» des pertes et dommages. C’est tout ce que concèderont les Européens. Et manifestement on en restera là au terme d’interminables et harassants débats. Pendant ce temps-là la Tunisie et les autres continuent de trinquer. Rendez-vous à la COP28, qui est bien partie pour être un coup d’épée dans l’eau, un de plus.
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