A la une

Déficit budgétaire : Ecart entre les estimations de Fitch et les chiffres officiels

Déficit budgétaire : Ecart entre les estimations de Fitch et les chiffres officiels

Fitch Ratings estime dans un rapport paru hier jeudi 15 septembre 2022 que l’accord signé entre le gouvernement et l’UGTT sur les salaires dans le secteur public efface un obstacle majeur à un programme de prêt avec le FMI, que l’agence de notation considère comme essentiel à la liquidité externe et à la cote de crédit de la Tunisie. Cela vient après que la performance budgétaire sous-jacente de la Tunisie s’est améliorée au premier semestre de l’année en cours.

Les médias ont rapporté, d’après l’agence de notation, que le gouvernement et les syndicats sont arrivés un accord relatif à une augmentation salariale annuelle de 3,5 % pour les employés et fonctionnaires du secteur public sur la période 2023-2025. Ce chiffre est inférieur aux prévisions de Fitch pour l’inflation pour la Tunisie sur la période.

Ecart des estimations du déficit budgétaire

Selon le rapport, le gouvernement a progressé dans la gestion de la position budgétaire sous-jacente au premier semestre de l’année en cours, même si le resserrement des liquidités a pu jouer un rôle. La collecte des recettes a été solide, conformément à la reprise après la pandémie de Covid-19, tandis que les dépenses salariales semblent se rapprocher des niveaux budgétisés pour 2022 et seront probablement contenues à moyen terme grâce à l’accord avec l’UGTT.

D’après Fitch, le gouvernement a annoncé un déficit budgétaire de 471 millions de dinars au premier semestre de l’année en cours, soit 0,3% des prévisions pour le PIB nominal pout toute l’année 2022. Cela contraste avec les prévisions de l’agence selon lesquelles le déficit public atteindra 8,5 % du PIB cette année, par rapport à un objectif initial de déficit de 6,7%, fixé avant le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a fait grimper les coûts des subventions aux produits de base et aux hydrocarbures.

Cependant, les données du premier semestre de l’année en cours ne tiennent pas compte du retard du gouvernement à verser des compensations à certaines entités étatiques chargées de fournir des produits subventionnés, ce qui ajouterait au moins 1,3% du PIB au déficit du premier semestre de l’année en cours.  De nouveaux financements substantiels engagés ou accélérés par les créanciers officiels depuis mars 2022 ont déjà permis à la Tunisie de commencer à rattraper son retard sur les paiements de compensation des subventions.

Pas de subventions aux entreprises publiques

L’Office des céréales, chargé d’acheter des produits alimentaires sur les marchés internationaux et de les distribuer à moindre prix en Tunisie, n’a pas reçu de nouveaux transferts de l’État pour couvrir les coûts des subventions entre mars et juin 2022 et a eu recours à des emprunts auprès de banques publiques avec une garantie de l’État. 

Les dépenses hors bilan en produits de base (principalement les céréales) ont atteint plus de 1 milliard de dianrs au deuxième trimestre de l’année en cours, soit environ 0,7% du PIB. Ces arriérés de paiement du gouvernement ont été apurés en août, aidés par des prêts affectés de la Banque mondiale et d’autres institutions, indique fitch.

Sous ce même angle d’analyse, le gouvernement a également reporté certains paiements de compensation de subventions à la STEG, qui fournit de l’électricité et du gaz subventionnés. Les arriérés accumulés au cours du deuxième trimestre de l’année en cours se sont élevés à au moins 800 millions de dianrs, soit 0,6% du PIB.

L’agence Fitch estime que les dépenses globales en subventions en 2022 seront équivalentes à 8,2 % du PIB, contre 1,5 % rapporté en juin pour le premier semestre de l’année en cours. Ceci, combiné à une augmentation des dépenses d’investissement au deuxième semestre de l’année en cours, impliquera un déficit budgétaire beaucoup plus large à la fin de l’année. Elle estime que si les dépenses de subventions avaient été égales à leur niveau de 2021, le déficit de l’année 2022 serait plus proche de 4,5 % du PIB, par rapport à ses prévisions actuelles de 8,5 %, et aux 7,1 % enregistrés en 2021.

La Tunisie continuera à bénéficier d’un soutien international , selon Fitch et  obtiendra un accord avec le FMI au deuxième semestre de l’année en cours, débloquant un financement supplémentaire de la part des créanciers officiels en novembre-décembre.

Néanmoins, le scénario de base de Fitch comporte des risques. De nouveaux retards dans la conclusion d’un accord avec le FMI ou dans la mise en œuvre de réformes, entraînant une nouvelle détérioration des indicateurs de viabilité de la dette tunisienne, pourraient conduire le FMI à exiger de la Tunisie qu’elle restructure sa dette. Des signes indiquant qu’un défaut devenait plus probable pourraient entraîner une dégradation de la note « CCC » de la Tunisie.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut