Economie

Rating & Investment abaisse la note de la Tunisie et met en garde quant à la soutenabilité de sa dette

Rating & Investment abaisse la note de la Tunisie et met en garde quant à la soutenabilité de sa dette

L’agence japonaise « Rating and Investment », l’une des agences de notation les plus importantes en matière d’évaluation des risques sur le marché obligatoire japonais et autres grandes places financières au monde, vient de publier aujourd’hui mardi 16 novembre 2021, une note où elle a déclaré sa dégradation de la note souveraine de la Tunisie avec perspectives négatives.

La situation politique de la Tunisie est incertaine depuis que le président Kais Saied a pris toutes les autorités, indique l’agence qui précise qu’elle craint de plus en plus que le retour à une trajectoire de croissance durable ne soit retardé. Étant donné la forte incertitude quant aux perspectives de restructuration budgétaire, « il faudra peut-être beaucoup de temps pour atteindre la réduction régulière du taux d’endettement public », déclare R& I.

Selon la note de l’agence, « bien qu’aucune difficulté ne soit attendue concernant les liquidités à court terme, l’aide financière du Fonds monétaire international (FMI) est essentielle pour faire accroitre la probabilité de remboursement de la dette à moyen terme ».

Elle ajoute que malgré un certain développement positif illustré par la reprise du gouvernement des pourparlers avec le FMI, il est encore difficile de prévoir la conclusion d’un accord de financement, à ce titre.

R & I abaisse donc la note de l’émission de devises pour la Tunisie à B+ avec une perspective de notation négative à BB – tout en affirmant qu’elle dégradera encore la note si le processus de négociation du financement du FMI se prolonge et que la situation suscite des inquiétudes quant à la baisse de la certitude du remboursement de dettes.

L’agence rappelle que le produit intérieur brut (PIB) réel s’est contracté de 8,8% en 2020 en raison des répercussions de la pandémie du coronavirus et des restrictions qui l’on accompagnées.

Bien que l’économie se dirige vers une reprise en ligne avec la levée des restrictions sanitaires favorisées par les progrès de la vaccination, la croissance sur une année glissante ne devrait être que de 2,6%, selon le gouvernement, souligne R & I.

Pour 2022, le FMI prévoit une croissance de 3,3%, en raison de la demande intérieure soutenue et de la reprise de croissance à la zone euro, principale destination des exportations du pays.

L’agence a fait savoir, entre autres, que le solde des paiements extérieurs de la Tunisie est structurellement déficitaire. En 2020, le déficit a grimpé à 6,5% du PIB suite à l’évolution du déficit commercial sur fond de forte demande extérieure. Étant donné que les raisons structurelles des déficits existent toujours, le déficit se creusera probablement davantage, martèle l’agence qui assure que l’encours de la dette extérieure est élevé, et a atteint environ 103 % du PIB à la fin de 2020 avec un déficit budgétaire à 9,9% du PIB.

Néanmoins, il est attendu d’après les estimations présentées par R & I que le déficit courant va s’aggravé à 8,4 % du PIB en raison principalement des mesures de soutien social et l’augmentation des coûts des subventions causées par la hausse des prix du pétrole brut.

Comme l’orientation politique pour 2022 n’a pas été annoncée, le chemin vers la réduction de la dette n’est pas clair, notamment à travers des actions sur des ressources structurelles et la réduction des dépenses pour les salaires et les subventions, affirme la note de l’agence japonaise.

Il a été noté également que les emprunts extérieurs représentent environ 60% de la dette publique et que dans le cadre de la gestion prudente de la politique monétaire par la banque centrale, les réserves de change se sont accumulées jusqu’à un certain niveau, et il est peu probable que le remboursement de la dette extérieure soit perturbé à court terme. Cela dit, des annuités importantes de la dette viendront à échéance dans les années à venir, la pression sur la liquidité augmentera, à moins que le gouvernement soit en mesure d’obtenir l’aide financière du FMI, affirme la note de « Rating and Investment ».

Pour maintenir la stabilité sociale, une croissance durable est nécessaire, ce qui mets en exergue la nécessite de stabiliser la situation politique, de réaliser des réformes pour soutenir la croissance économique et restructurer la fiscalité, tout en comptant sur l’assistance financière du FMI, conclut l’agence.

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