Economie

Disparités de rémunération et impact sur les équilibres économiques

Disparités de rémunération et impact sur les équilibres économiques

La rémunération des travailleurs est un aspect crucial de la dynamique économique d’un pays, façonnant les niveaux de vie individuels et contribuant à l’équité sociale.

En Tunisie, les données de l’enquête biannuelle « Emploi et salaires auprès des entreprises en 2022 », publiée par l’Institut National de la Statistique, mettent en lumière des disparités significatives dans les niveaux de rémunération entre différents secteurs d’activité.

Données générales

Selon le rapport de l’INS, le total des salariés a atteint 1.157.089 personnes, réparties entre 624.205 hommes et 532.884 femmes. Le secteur de l’industrie manufacturière est le plus gros employeur avec 547.945 salariés, suivi des activités administratives avec 120.325 salariés puis du commerce avec 115.166 salariés.

Le salaire moyen de base versé aux permanents est de 924 dinars : il est compris entre 726 dinars et 2.605 dinars, selon le secteur d’activité. Les différences se situent aussi au niveau catégories professionnelles (cadres 3.258 dinars – 1.138 dinars), professions intermédiaires (2.304 dinars -765 dinars), employés (1.857 dinars – 682 dinars) et ouvriers (1.112 dinars – 579 dinars).

Activités financières et d’assurances au top

Les travailleurs dans les activités financières et d’assurances se distinguent en tant que certains des mieux rémunérés en Tunisie.

Les cadres de cette filière bénéficient d’un salaire de base moyen atteignant 3 258 dinars, représentant 708% du salaire mensuel minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 2022, qui est d’environ 460 dinars.

Les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers de ce secteur bénéficient également de niveaux de rémunération relativement élevés, représentant respectivement 501%, 404% et 242% du SMIG.

Autres secteurs bien rémunérés

Outre les activités financières et d’assurances, d’autres secteurs se démarquent également par des niveaux de rémunération attractifs. Les activités immobilières, les industries extractives et les métiers de l’information et de la communication offrent des salaires moyens considérables, dépassant largement le SMIG. Par exemple, les cadres dans les activités immobilières perçoivent en moyenne 2 550 dinars, représentant 554% du SMIG, tandis que dans les industries extractives, les cadres gagnent environ 2 351 dinars, soit 511% du SMIG.

Secteurs moins bien rémunérés

En revanche, certains secteurs présentent des niveaux de rémunération relativement bas. Les travailleurs de l’enseignement, de la production d’électricité, du gaz, de la distribution d’eau, de l’hébergement, de la restauration et de la construction font partie des moins bien rémunérés.

Les salaires dans ces secteurs se situent souvent en dessous de la moyenne nationale et du SMIG, ce qui soulève des questions sur l’équité salariale et l’attrait de ces professions.

Implications économiques

Les implications économiques des disparités de rémunération entre les secteurs d’activité vont bien au-delà de l’attraction et de la rétention des travailleurs qualifiés. En effet, ces disparités peuvent également influencer la productivité globale de l’économie et affecter la distribution des richesses, ce qui a des répercussions sur la stabilité sociale et la croissance à long terme.

Dans les secteurs offrant des salaires plus élevés, la concentration de travailleurs qualifiés peut stimuler l’innovation et la productivité. Ces travailleurs sont souvent mieux formés et plus motivés, ce qui se traduit par des gains d’efficacité et une meilleure compétitivité des entreprises.

Par conséquent, ces secteurs ont tendance à contribuer davantage à la croissance économique globale et à attirer des investissements supplémentaires, renforçant ainsi leur dynamisme et leur résilience face aux chocs économiques.

En revanche, les secteurs moins bien rémunérés sont confrontés à des défis de recrutement et de rétention de talents. Cette situation peut entraîner une stagnation de la productivité et une perte d’innovation, limitant ainsi leur capacité à contribuer de manière significative à la croissance économique.

De plus, les travailleurs de ces secteurs peuvent être plus susceptibles de vivre dans des conditions de précarité économique, ce qui alimente les inégalités sociales et compromet la cohésion sociale.

Equité salariale

À un niveau macroéconomique, les disparités de rémunération entre les secteurs peuvent également affecter la répartition des richesses et la demande globale. Les travailleurs des secteurs bien rémunérés ont tendance à avoir un pouvoir d’achat plus élevé, ce qui stimule la demande de biens et de services de qualité supérieure. En revanche, les travailleurs des secteurs moins bien rémunérés ont souvent une propension marginale à consommer plus faible, ce qui peut limiter la croissance économique globale.

Ainsi, pour garantir une croissance économique inclusive et durable, il est essentiel de mettre en place des politiques publiques à renforcer la négociation collective pour améliorer les conditions de travail, et à mettre en place des politiques de redistribution fiscale pour réduire les inégalités de revenu.

L’analyse des systèmes de rémunération en Tunisie met en lumière des disparités significatives entre les différents secteurs d’activité. Alors que certains secteurs offrent des salaires attractifs, d’autres peinent à maintenir des niveaux de rémunération compétitifs. Cette situation souligne l’importance de politiques visant à promouvoir l’équité salariale et à stimuler la croissance économique dans l’ensemble des secteurs, afin de garantir un développement équilibré et durable de l’économie tunisienne.

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