L’Arabie saoudite, dirigée par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), est en train de mettre en œuvre une stratégie audacieuse et subtile pour préparer l’après-pétrole.
Une des pierres angulaires de cette stratégie est la volonté de faire monter les cours du pétrole, un mouvement calculé qui semble aller à l’encontre des intérêts traditionnels de nombreux pays occidentaux. Cependant, cette démarche n’est pas simplement une tentative de générer des profits à court terme, mais plutôt une approche proactive visant à renforcer la position de l’Arabie saoudite dans le nouvel équilibre mondial qui se dessine.
Les prix du pétrole en nette hausse
L’Arabie saoudite a annoncé lundi 3 juillet dernier, qu’elle prolongeait la réduction de sa production de pétrole d’un million de barils par jour (bpj) pour doper des prix en berne ; la Russie annonçait dans la foulée réduire ses exportations de 500 000 bpj en août courant.
Ces mesures sont les dernières en date qui ont été prises par de grands producteurs pour stabiliser des prix soumis à la forte volatilité des marchés, aux retombées persistantes de l’invasion russe de l’Ukraine et à la reprise économique chancelante de la Chine.
L’Arabie saoudite, poids lourd de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), avait décidé, début juin, de procéder à une nouvelle coupe de production dans l’espoir de faire remonter les cours.
Alliance stratégique entre l’Arabie saoudite et la Russie
L’alliance stratégique entre l’Arabie saoudite et la Russie pour soutenir les prix du pétrole a été un développement majeur sur la scène internationale. Historiquement, les deux pays n’ont pas toujours été des alliés naturels, mais la convergence de leurs intérêts économiques, en tant que deux des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, les a rapprochés.
Cette alliance a permis de limiter la production pétrolière et ainsi d’augmenter les prix, ce qui a eu un impact positif sur les revenus de l’Arabie saoudite et a également renforcé la position de la Russie sur la scène mondiale. Cette démarche peut être vue comme une tentative de garantir des revenus stables tout en préparant la transition vers une économie post-pétrolière.
Cependant, cette stratégie n’est pas seulement motivée par des considérations économiques. L’Arabie saoudite a également cherché à réduire sa dépendance envers les États-Unis, son ancien allié privilégié. Le prince héritier MBS a pris ses distances avec les États-Unis pour plusieurs raisons, dont la perception d’un manque de soutien envers son leadership. Ce rapprochement avec la Russie et d’autres acteurs régionaux s’inscrit dans une stratégie plus large visant à diversifier les partenariats et à renforcer l’indépendance géopolitique de l’Arabie saoudite.
Arabie saoudite – Iran
Une autre dimension intrigante de la stratégie de l’Arabie saoudite est son rapprochement inattendu avec l’Iran, sous le patronage discret des Chinois. Cette démarche peut sembler paradoxale, étant donné les tensions historiques et religieuses entre les deux pays. Cependant, une telle approche peut être interprétée comme une tentative de rééquilibrer les alliances et de renforcer la position régionale de l’Arabie saoudite.
En engageant des pourparlers avec l’Iran, l’Arabie saoudite peut espérer apaiser les tensions et créer un environnement plus stable dans la région, ce qui pourrait être bénéfique pour la transition post-pétrolière.
L’Arabie saoudite a également cherché à jouer un rôle de médiateur dans des conflits régionaux majeurs, tels que la guerre en Ukraine. Cette volonté de médiation s’aligne avec la vision de MBS de renforcer la stature internationale de son pays.
Enjeux de stabilité régionale
L’Arabie saoudite cherche en jouant un rôle actif dans la résolution des conflits, à se positionner comme un acteur incontournable sur la scène mondiale, tout en garantissant la stabilité régionale, ce qui est essentiel pour la réussite de sa transition économique.
La stratégie de l’Arabie saoudite pour faire monter les cours du pétrole s’inscrit dans une démarche plus large visant à préparer l’après-pétrole. Loin d’être une simple quête de profits à court terme, cette approche reflète les ambitions géopolitiques et économiques de l’Arabie saoudite sous la direction de MBS.
Les alliances avec la Russie, le rapprochement avec l’Iran, la recherche d’indépendance vis-à-vis des États-Unis et les efforts de médiation sont autant d’éléments d’une stratégie complexe visant à renforcer la position du royaume wahhabite dans un monde en transition. L’avenir dira dans quelle mesure ces efforts porteront leurs fruits, mais il est indéniable que l’Arabie saoudite est en train de redéfinir son rôle sur la scène mondiale.
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