Economie

Entreprises publiques : Les chiffres de la stupeur (1/3)

Entreprises publiques : Les chiffres de la stupeur (1/3)

Le ministère des Finances vient de publier le rapport sur les établissements publics annexé à la loi des finances 2022. Le rapport présente des analyses financières de différents échantillons des entreprises publiques (111) en se référant aux données de leurs états financiers définitifs ou provisoires sur la période 2018-2020.

Malgré la pertinence des analyses présentées au rapport du ministère des finances, la lecture des données de celui-ci montre l’existence de transactions croisées multiples entre l’Etat, d’une part et les entreprises publiques, d’autre part notamment en matière des engagements financiers, de la gestion des liquidités et des transferts de fonds. Ces transactions croisées biaisent, largement, l’analyse de la situation comptable et financière des entreprises publiques et de l’évaluation de leur patrimoine d’autant plus qu’une partie de celles-ci ne dispose même pas d’états financiers validés et audités.

Le rapport indique, néanmoins, une baisse accentuée de la moyenne mensuelle des liquidités de 80 entreprises objet d’un échantillon, qui est passée de 4354,7 millions de dinars (MD) en 2018 à 3328,4 MD en 2020 soit une baisse de 1026,3 MD ou 23,6%. Les régressions les plus significatives entre 2018 et 2019 ont concerné l’ETAP (-26%), le CPG (-83%), la STEG (-40%) et la GCT (-36%).

Selon le rapport du ministère des finances, en 2020, 59,2% des liquidités des entreprises publiques sont placées aux banques de l’Etat (STB, BNA et BH) sachant que celles-ci ont diminué en moyenne mensuelle de 0,4% par rapport à 2019.

A l’opposé, le découvert bancaire des 80 entreprises publiques objet de l’échantillon du rapport s’est accru en moyenne mensuelle sur la période 2018-2020 de 647,7 à 1080,0 MD soit une aggravation très soutenue de 405,3 MD ou 60,0%. Les banques publiques financent ce découvert en 2020 à hauteur de 925,8 MD ce qui représente 85,7% du total du financement du secteur bancaire de ce découvert. Le découvert bancaire le plus élevé revient à l’Office des Céréales et est de 469,2 MD en moyenne sur 2020 et est financé par la BNA.

Sur un autre plan, les données révélées par le ministère des finances, indiquent que les dettes fiscales des entreprises publiques sont assez élevées et sont estimées en 2020 à 2680,5 MD et représentent 41% du total des dettes de celles-ci envers l’Etat. La CNRPS est l’établissement public le plus endetté envers l’Etat pour 1250,1 MD suivi par la TRANSTU (830,0 MD) et l’ETAP (471,4 MD). L’établissement le moins endetté est l’AFH (3,8 MD).

Toutefois, les dettes de l’Etat envers les entreprises publiques sont aussi de plus en plus élevées et ont atteint 9301 MD. Trois entreprises publiques concentrent la part la plus importante de ces dettes à savoir, l’Office des céréales (1128,6 MD), la STEG (572 MD) et l’Office National de l’Huile (193,6 MD).

Les données du rapport du ministère des finances sur les établissements publics montrent clairement qu’il est extrêmement difficile de cerner d’une manière conforme aux normes et principes comptables la situation financière effective de ceux-ci ce qui rend leur restructuration une manœuvre pratiquement irréalisable du moins dans l’état actuel des choses.

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