Marine Le Pen a tout fait pour lisser son discours, pour se détacher de son papa, Jean-Marie, dont les excès ont empêché de faire mieux qu’une place de finaliste à l’élection présidentielle (en 2002 face à Jacques Chirac). Son entreprise de “dédiabolisation” fonctionne-t-elle ? Non à en croire une étude de la Fondation Jean-Jaurès publiée ce lundi 4 avril…
Pour vaincre le signe indien et faire mieux que son père, la candidate du Rassemblement national (RN) a multiplié les gages, à commencer par “enterrer” la très sulfureuse appellation Front national (FN). Elle a ensuite soigné son langage pour ne pas effrayer l’électorat de la droite sans lequel elle ne brisera jamais le plafond de verre de l’extrême droite. Cette stratégie est d’autant plus facile qu’il y a à côté d’elle l’autre trublion Eric Zemmour, qui additionne les outrances en étant convaincu que c’est ce qui le mènera tout droit vers le palais de l’Elysée…
Mais Marine Le Pen a beau “adopter une communication beaucoup plus lisse“, son programme est jugé “tout aussi radical“, surtout sur les thèmes culturels et migratoires, indique ce centre de réflexion étiqueté à gauche. D’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, “si la dédiabolisation n’est pas programmatique, elle est clairement discursive“, rapporte Europe 1.
Le rapport ajoute que cette “dédiabolisation” est servie par la “rhétorique plus dure” de Zemmour, et une “ligne plus stricte” de la droite qualifiée de modérée, les Républicaines (LR) mais aussi par le parti La République en Marche (LREM, la formation du président-candidat Emmanuel Macron), dans une conjoncture de “transformation du paysage médiatique” qui permet une “normalisation des idées de droite radicale“.
Sur les aspects économiques, fini le néolibéralisme des années 2000, place au “social-populisme” ; aux oubliettes la posture zéro taxation pour celle de la raison, un “impôt sur la fortune financière”. Idem pour le glissement vers le pouvoir d’achat. Par contre pour le volet culturel le RN est “toujours radical“…
Marine Le Pen est toujours en faveur de “mesures fortes pour promouvoir la loi et l’ordre“. Pas plus tard qu’en février dernier à Brest elle militait ouvertement en faveur de la légitime défense pour les policiers. Par ailleurs elle refuse tout mouvement vers “le multiculturalisme“, arguant que “l’immigration massive empêche l’assimilation“. “Ne venez pas comme vous êtes mais devenez comme nous sommes“, assume son bras droit Jordan Bardella.
Au sujet de l’immigration, le dada des Le Pen, le ton s’est “durci” depuis 2010, d’après la Fondation. Elle envisage par exemple si elle est élue en 2022 de retoucher la Constitution pour y mentionner la “priorité nationale” qui gommera des tas de droits aux étrangers.
Marine Le Pen est par ailleurs favorable, comme Zemmour, à l’expulsion des migrants illégaux, des criminels et délinquants étrangers, de tous les fichés S étrangers de même que les étrangers qui n’ont pas pu décrocher un boulot durant un an…
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