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L’Afrique s’éveille et exige Réparation : Le président ghanéen n’a pas oublié l’affront de Sarkozy au Sénégal

L’Afrique s’éveille et exige Réparation : Le président ghanéen n’a pas oublié l’affront de Sarkozy au Sénégal

L’ancien président français Nicolas Sarkozy avait provoqué un tollé le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, au Sénégal. L’Afrique n’oubliera jamais ce discours dans lequel Sarkozy disait que «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire». Cette phrase marqua le début de la déconstruction de la nébuleuse France-Afrique, et depuis le continent tente de solder le passé colonialiste et esclavagiste que ses fils payent encore. Le président du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, du haut de la tribune des Nations unies, dans le cadre de la 78ème Assemblée générale de l’ONU, est revenu sur cette Histoire-là que l’Occident refuse de regarder en face. Avec des mots très forts il a remis sur la table la question de la Réparation, entre autres, un combat porté par des générations d’Africains. Le portail de l’ONU a publié le résumé de ce discours :

“Pour M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, le moment est venu de corriger « l’injustice de longue date » subie par le continent africain concernant la structure et la composition actuelles du Conseil.  Il n’est en effet plus possible de continuer à prêcher la démocratie, l’égalité et la bonne gouvernance dans le monde si l’Organisation est toujours régie par une structure injuste et inéquitable. Il a aussi regretté que l’ONU semble ne pas vouloir -ou ne pas pouvoir- influencer le cours des événements en Ukraine. Le Ghana, qui a siégé au Conseil tout au long de cette période, peut témoigner que la solidarité mondiale tant recherchée ne se concrétisera que si cela convient aux nations détenant le droit de veto. Convaincu que l’Organisation constitue le meilleur endroit pour régler les problèmes mondiaux, le Président n’en a pas moins estimé qu’une réforme profonde du Conseil est indispensable pour ne pas voir sapée sa crédibilité.

Concernant les événements « tragiques » en Afrique de l’Ouest et au Sahel, le Président a évoqué l’instabilité et les activités terroristes généralisées ayant soumis les pays de la région à de fortes pressions. Plusieurs d’entre eux ont perdu de vastes étendues de territoire au profit de terroristes « déchaînés ». Les coups d’État sont réapparus.  « Certains espèrent à tort qu’ils soient la solution aux menaces pesant sur leurs nations. » Le Chef de l’État s’est dit convaincu que ces conflits seraient mieux gérés si la communauté internationale soutenait les efforts des organisations régionales et continentales, au lieu de saper leur travail. Les Africains, a-t-il rappelé, ont combattu et sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale pour défendre l’Europe et ses alliés: « il est temps que le monde nous rende la pareille en ces temps difficiles ». Une Afrique de l’Ouest pacifique et prospère serait dans l’intérêt du monde entier, plutôt que les forces vives de ces nations migrent, au péril de leur vie, vers une Europe « peu accueillante ».

Sans chercher à se soustraire à ses responsabilités, M. Akufo-Addo a appelé à reconnaître qu’une grande partie de l’Europe et des États-Unis a été construite et a prospéré « grâce à la sueur, aux larmes, au sang et aux horreurs de la traite négrière transatlantique et des siècles d’exploitation coloniale ». Des réparations doivent être versées pour la traite des esclaves, a-t-il réclamé. Aucune somme d’argent ne pourra jamais compenser les horreurs commises, mais cela permettrait de souligner que le mal a été perpétré, que des millions d’Africains productifs ont été arrachés à leur continent et exploités sans compensation. L’Union africaine a autorisé le Ghana à organiser une conférence mondiale sur cette question en novembre à Accra, a-t-il rappelé.

Le Président a enfin évoqué les flux financiers illicites en provenance du continent africain, qui feraient perdre à l’Afrique quelque 88 milliards de dollars par an. « Oui, ces sommes doivent également être restituées au continent », a lancé M. Akufo-Addo, qui s’est étonné que les pays recevant de tels fonds n’hésitent pas à les conserver, trop heureux de qualifier de « corrompus » des pays comme le Ghana. Un groupe de travail conjoint de la Commission de l’Union africaine et du Secrétariat de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sous les auspices de l’ONU, devrait être chargé de trouver des moyens de mettre un terme à ces sorties de fonds préjudiciables, a-t-il estimé”.

 

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