Le président Donald Trump est en plein festin chez le Prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane. Il s’active pour le bien des USA, incontestablement, mais également pour ses propres intérêts, le républicain mettant un point d’honneur à mélanger les deux au risque de fouler au pied toutes les règles éthiques. Le cadeau royal du Qatar, un imposant Boeing 747-8, avec un équipement inédit, est sans doute la chose qui choque le plus ses adversaires politiques. Trump le savait, raison pour laquelle il s’est justifié publiquement sur ce cadeau hors normes . Il ne tarira pas le torrent de supputations et accusations.
Le républicain ose tout, “Kingdom of Heaven” (Royaume des Cieux) pourrait être l’écart de trop. Surtout que le président envisage de le conserver après son départ de la Maison-Blanche. Enfin, si les démocrates et ses opposants dans son propre camp lui dégagent la voie. Rien n’est moins sûr…
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a fustigé ce mardi 13 mai ce don, de la “pure corruption” à ses yeux. Il a annoncé sa riposte : Pas de confirmation des nominations de Trump au ministère de la Justice, alors que Trump compte sur ça pour nettoyer ses placards et lui éviter de gros ennuis dès la fin de son mandat.
“Ce n’est pas seulement de la pure corruption, c’est également une menace grave à la sécurité nationale“, martèle le sénateur new-yorkais dans un discours mis en ligne par son bureau et qu’il prononcera dans l’hémicycle dans la même journée…
Rappelons que la veille le président a clamé son bon droit de disposer à sa guise du Boeing 747 offert “gracieusement” aux Etats-Unis par la famille royale qatarie, un bijou évalué à 400 millions de dollars par des experts. Le républicain a argué qu’il serait “stupide” de repousser un tel présent. Sa décision est prise : ce sera le nouvel avion présidentiel.
Des sénateurs démocrates s’étaient élevés hier lundi contre un “conflit d’intérêt évident“, en s’adossant sur la Constitution américaine laquelle interdit formellement aux pouvoirs publics de réceptionner des cadeaux “de la part d’un roi, d’un prince ou d’un Etat étranger“.
“Au regard de ces nouvelles profondément dérangeantes d’un potentiel Air Force One financé par le Qatar, et d’informations selon lesquelles la ministre de la Justice a personnellement approuvé cet accord clairement contraire à l’éthique, j’annonce une suspension sur tous les nommés au ministère de la Justice, jusqu’à ce que nous obtenions davantage de réponses“, assène Chuck Schumer dans son allocution.
Rappelons qu’aux USA la Constitution exige que les nominations de ministres et d’autres hauts responsables soient validées par le Sénat. Certes les démocrates sont minoritaires dans cette chambre mais ils ont sous le coude des instruments réglementaires pour plomber les décisions présidentielles…
Bon, cette bataille est aussi éminemment politique, les démocrates cherchant un moyen de se refaire une santé après leur sévère défaite à la présidentielle de novembre dernier. Mais c’est Trump qui leur a tendu la perche avec cette histoire de cadeau royal indigne d’une démocratie vieille de 250 ans. La chose était impensable il y a encore quelques mois, le républicain s’est ingénié à fracasser tous les codes et usages.
Dès l’annonce du cadeau qatari Schumer a exigé qu’une unité spécialisée du ministère de la Justice “fasse son travail et révèle toutes les activités d’agents étrangers qataris au sein des Etats-Unis qui pourraient bénéficier au président Trump ou à la Trump Organization“, la holding familiale du milliardaire républicain, qui d’ailleurs profite de sa tournée pour décrocher des marchés dans les pays du Golfe. Encore un autre mélange des genres, une hérésie démocratique.
Par ailleurs le chef de file des démocrates au Sénat demande qu’une enquête approfondie soit menée sur l’accord avec le Qatar, surtout si l’émirat s’occupe de l’installation des dispositifs de sécurité à bord.
Enfin rappelons qu’hier lundi le sénateur démocrate Chris Murphy s’était engagé à torpiller toute transaction d’armes avec un “pays qui fait des affaires personnelles directes avec Trump“. Pour résumer, ce dernier ramènera certainement beaucoup de milliards dans ses valises, de quoi faire tourner des pans de l’économie américaine, mais beaucoup d’ennuis l’attendent de pied ferme.
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