Economie

Le colza : la mauvaise graine qui risque de ruiner les cultures céréalières

Le colza : la mauvaise graine qui risque de ruiner les cultures céréalières

Le colza est une plante oléo-protéagineuse (riche en huile et en protéines) dont la culture est destinée essentiellement à l’extraction de l’huiles végétales pour la consommation humaine, l’extraction de biocarburant (biodiésel) et dont les résidus sont utilisés comme aliments du bétail.

Le colza figure parmi les plantes génétiquement modifiées. Toutefois, la transgenèse – méthode permettant d’obtenir des organismes génétiquement modifiés ou O.G.M. – ne constitue qu’une des techniques utilisées par le génie génétique. Les plus importants programmes de recherche ont été conduits en Europe de l’Ouest et au Canada.

En partant d’une surface récoltée de 460 ha durant la campagne 2014-2015, la culture du colza en Tunisie a enregistré une croissance continue pour atteindre une surface récoltée de 11.900 ha au cours de la saison 2019-2020, soit un taux annuel moyen de croissance de 95% en surfaces entre 2014 et 2020.

Il est attendu pour cette saison que 800 agriculteurs cultivent du colza sur 30.000 ha. D’ici 2030, on prévoit des superficies de cultures de 150.000 ha soit un peu plus de 10% de la superficie réservées à la culture des céréales (1,4 millions d’ha).

Le rendement moyen en graines dépend de plusieurs facteurs dont la variété, la pluviométrie, la fertilisation et l’efficacité du désherbage et de la lutte contre les parasites et les maladies. En Tunisie, le rendement moyen l’année 2020 était de 13 quintaux/ha avec des pointes chez certains agriculteurs de plus de 30 quintaux/ha pour un prix de vente de 125 dinars /quintal. Un rendement extrêmement faible par rapport aux autres cultures et aux dépenses liées aux intrants.

En Tunisie, le développement de la culture du colza a débuté suite à l’initiative lancée par le ministère de l’Agriculture et une grande société privée spécialisée dans la transformation des graines de Soja importées et des graines de Colza produites en Tunisie. On motive, principalement, l’introduction du colza par le souci d’améliorer l’autonomie nationale en huiles et protéines végétales.

Cet objectif est adopté profondément par des parties étrangères œuvrant dans l’industrie des huiles et protéines végétales destinées à l’alimentation humaine, qui ont lancé le programme de culture de colza en Tunisie, et ce, dans le but du développement de sa production locale, tout en promouvant l’utilisation de semences produites en Europe qui ont confirmé leurs performances durant ces dernières années, selon ces parties étrangères.

Plusieurs questions se posent quant aux résultats escomptés de cette culture ?

Premièrement – les graines utilisées sont génétiquement modifiées ou hybrides dans le meilleur des cas : cela nécessite d’importer des graines année après année et d’importer aussi les produits chimiques particulièrement toxiques qui les accompagnent. Ces produits pollués (huile destinée à la consommation humaine et à l’alimentation animale) sont destinés au marché local et bénéficient des subventions de la caisse de compensation ;

Deuxièmement – le colza fait partie des cultures qui nécessitent 600 mm d’eau par hectare, et il se répand aujourd’hui rapidement dans les zones de cultures des céréales et d’autres cultures stratégiques (légumineuses et fourragères), c’est-à-dire dans les gouvernorats du nord à fort potentiel agricole. Les neuf gouvernorats du nord du pays représentent ensemble entre 71 et 83% de la superficie des céréales. Le résultat est une réduction de la superficie allouée aux céréales et ceci entraîne une augmentation du volume des importations de céréales et en conséquence un accroissement de la dépendance alimentaire.

Troisièmement – la culture du colza entre également en concurrence directe avec les légumineuses (Fève, Féverole, Pois chiche, Sulla, Fenugrec, etc..) qui ont plusieurs vertus du fait qu’elles contiennent des protéines nécessaires à l’alimentation humaine et animale, en plus d’être un fertilisant pour le sol. Le colza est introduit dans la rotation des cultures à la place des légumineuses.

Quatrièmement – A l’horizon des changements climatiques à venir et vu la nécessité de s’y préparer, on est en droit de se demander : ces cultures commerciales secondaires sont-elles le meilleur moyen pour s’y adapter, à ce niveau ?

Cinquièmement – Le colza est une plante fragile qui nécessite plusieurs intrants chimiques pour résister de façon récurrente aux mauvaises herbes, aux maladies et aux ravageurs. Aussi, cette plante – contrairement aux légumineuses qui se nourrissent d’elles-mêmes – nécessite un bon apport en engrais azotés. Il est évident que l’utilisation intensive d’intrants chimiques entraîne la détérioration et la stérilisation des sols, la pollution de la nappe phréatique et la perte progressive de la diversité environnementale.

Selon des experts, la culture du colza conduira à l’effondrement du système de production local des céréales et de légumineuses et à la perte de la souveraineté alimentaire.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut