Tunisie

Le Dessalement d’eau de mer en Tunisie : Un remède cher à la crise de l’eau

Le Dessalement d’eau de mer en Tunisie : Un remède cher à la crise de l’eau

La Tunisie aux prises avec des pressions hydriques croissantes, s’est tournée vers le dessalement de l’eau de mer comme une réponse stratégique à ses défis en matière d’eau.

Cette approche, bien que prometteuse, présente des défis significatifs, mais offre également des opportunités importantes pour l’avenir de la gestion de l’eau dans le pays.

Une réponse au stress hydrique

Face à l’augmentation constante de la demande en eau, résultant de la croissance démographique, de l’urbanisation et des pressions économiques, la Tunisie se retrouve confrontée à une situation de stress hydrique de plus en plus préoccupante. Les ressources en eau conventionnelles, comme les nappes phréatiques et les cours d’eau, sont de plus en plus sollicitées, tandis que les effets des changements climatiques se font sentir à travers des périodes de sécheresse plus fréquentes et intenses.

La Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (Sonede) a mis en place une nouvelle stratégie visant à améliorer la qualité du service et à sécuriser l’approvisionnement en eau potable en recourant au dessalement de l’eau saumâtre souterraine et de l’eau de mer.

Acquis et réalisations

Actuellement, la Tunisie exploite plusieurs stations de dessalement, dont la station de dessalement des eaux de mer de Djerba, pour répondre à la demande croissante en eau potable. Trois usines de dessalement d’eau de mer sont actuellement en construction à Gabès, Sfax et Sousse, qui entreront en service fin 2024. Des appels d’offres pour la construction de quatre autres stations à Tozeur, Kébili, Sidi Bouzid et Ben Guerdane seront lancés prochainement.

Pour faire face à cette crise de l’eau, des voix se sont élevées, telles que le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), appelant le gouvernement à accélérer l’adoption du code de l’eau pour mieux gérer les ressources hydrauliques du pays et garantir un accès équitable à l’eau, en insistant sur le droit à l’eau comme un droit fondamental.

Ainsi, le dessalement d’eau de mer en Tunisie représente une avancée majeure dans la lutte contre le stress hydrique, offrant une solution concrète pour assurer un approvisionnement en eau potable suffisant pour la population et les activités économiques du pays.

Des défis financiers et techniques

Cependant, le dessalement de l’eau de mer n’est pas sans ses défis. Tout d’abord, il est coûteux. Les infrastructures nécessaires pour transformer l’eau de mer en eau potable sont complexes et exigent des investissements substantiels, tant pour la construction que pour le fonctionnement à long terme. De plus, le dessalement nécessite une quantité importante d’énergie, ce qui aggrave encore ses coûts.

Le coût de la station de dessalement d’eau de mer en Tunisie varie en fonction des projets spécifiques. Par exemple, le projet de station de dessalement à Sfax, financé par le Japon, a un coût d’environ 36,7 milliards de yens japonais, équivalent à environ 780 millions de dinars tunisiens. D’autre part, le coût de dessalement d’un mètre cube d’eau est estimé à 3,5 dinars à Sfax, Sousse et Zarat à Gabès.

La capacité de production des stations de dessalement d’eau de mer en Tunisie varie selon les projets :

  • La station de dessalement de Zarat à Gabès aura une capacité de production de 50 000 m3 par jour, extensible à 100 000 m3 par jour.
  • La station de dessalement de Sfax aura une capacité de 100 000 m3 par jour dans une première phase, et de 200 000 m3 par jour dans une deuxième phase.
  • La station de dessalement de Sidi Abdelhamid à Sousse sera en mesure de dessaler près de 50 000 m3 d’eau par jour.

Donc les capacités de production des stations de dessalement d’eau de mer en Tunisie varient généralement entre 50 000 m3 à 200 000 m3 par jour, selon les projets spécifiques

Sur le plan technique, le dessalement pose également des défis. Le processus lui-même, qu’il s’agisse de distillation thermique ou d’osmose inverse, nécessite une expertise spécialisée et des technologies avancées. De plus, la gestion des effluents salins produits pendant le processus de dessalement représente un défi environnemental important, nécessitant des stratégies de dilution ou de rejet appropriées pour minimiser les impacts sur les écosystèmes marins.

Opportunités pour l’avenir

Malgré ces défis, le dessalement de l’eau de mer offre des opportunités significatives pour l’avenir de la Tunisie. En investissant dans des technologies innovantes et des pratiques de gestion efficaces, le pays peut surmonter les obstacles techniques et financiers associés au dessalement. De plus, en développant ses capacités dans ce domaine, la Tunisie peut renforcer sa sécurité hydrique à long terme et réduire sa dépendance aux ressources en eau conventionnelles, souvent vulnérables aux pressions extérieures et aux changements climatiques.

De plus, le dessalement offre également des opportunités économiques, en stimulant le secteur de l’eau et en créant des emplois dans des domaines tels que l’ingénierie, la construction et la gestion des installations de dessalement. De plus, en assurant un approvisionnement en eau plus fiable, le dessalement peut favoriser le développement économique et social du pays, en soutenant les activités agricoles, industrielles et touristiques.

Le dessalement de l’eau de mer représente à la fois un défi et une opportunité pour la Tunisie. En surmontant les obstacles techniques et financiers, le pays peut exploiter pleinement le potentiel de cette technologie pour garantir un approvisionnement en eau sûr et durable pour ses citoyens, tout en ouvrant la voie à un avenir plus résilient et prospère.

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