Economie

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale face aux nouveaux concurrents (1/2)

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale face aux nouveaux concurrents (1/2)

Ukraine, Ghana, Tunisie, Egypte, Tanzanie, Cameroun, Pakistan… Les équipes du FMI endossent à nouveau leur costume de pompiers ces derniers mois. 250 milliards de dollars sont actuellement prêtés par le Fonds. Près de la moitié des Etats membres du Fonds monétaire international (FMI), à savoir 93 sur 190, lui ont emprunté de l’argent constatent des économistes.

Le retour du FMI sur le devant de la scène ne surprend plus du fait d’une concurrence de plus en plus rude notamment de la Chine au cours des deux dernières décennies dans les pays du Sud et même en Europe méditerranéenne.

Le FMI et la BM : De l’obligation de réforme face aux nouveaux défis

Outre-Atlantique, l’heure est à la remise en cause d’une stratégie d’endiguement qui montre subitement ses limites. Jack Lew, le secrétaire au Trésor américain, exhorte le Congrès à changer d’attitude vis-à-vis de la réforme des droits de vote au FMI.

Actée en 2010, et donnant plus de poids aux émergents, elle n’a toujours pas été votée à Washington. « Notre crédibilité internationale et notre influence sont menacées », prévient-il. Faute d’avoir su lâcher leur mainmise sur les institutions de Bretton Woods, les Américains –et les Européens par ricochet– risquent de devoir se résoudre à accepter, à brève échéance, le fait qu’elles sont devenues partiellement obsolètes d’où la nécessité d’une réforme en profondeur.

Dans ce contexte, la réforme de la Banque mondiale (BM) devrait lui permettre de prêter 50 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans aux pays qui en ont besoin, a dit à la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, dans un entretien à des médias internationaux.

Grâce à cette évolution, la BM « étend sa capacité financière », a précisé la ministre américaine de l’Économie et des Finances, alors que se déroulent dès aujourd’hui, lundi 10 avril 2023, à Washington les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Les changements « pourraient entraîner une capacité de prêt supplémentaire de 50 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie », a-t-elle détaillé.

Des annonces seront faites la semaine prochaine, lors des réunions de printemps du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale, a-t-elle indiqué.

Le début d’un processus de réformes

Cette réforme de la Banque mondiale avait été lancée en octobre 2022, sous l’impulsion de certains pays membres, notamment des États-Unis. À presque 80 ans, l’institution doit mieux répondre aux besoins de financement des pays en développement.

Et au-delà des montants, la Banque mondiale verra sa mission mise à jour, « pour ajouter le renforcement de la résilience contre le changement climatique, les pandémies, les conflits », a ainsi souligné Janet Yellen. « Ces défis ne sont pas séparés ou contradictoires, mais plutôt inextricablement liés », a-t-elle insisté, et une autre annonce devrait avoir lieu lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale : « Le modèle opérationnel de la banque sera mis à jour pour l’orienter vers les objectifs que nous nous fixons ». « Cela inclut une variété de choses », a détaillé la ministre, évoquant « l’intégration des défis mondiaux dans les outils de diagnostic, les stratégies de partenariat avec les pays ou le cadre orienté sur les résultats et la création de plus d’incitations pour la mobilisation des capitaux nationaux et privés ».

Il s’agit du « début d’un processus de réformes », a annoncé la ministre, qui espère en voir d’autres « d’ici la fin de l’année », avec des annonces « lors des prochaines réunions du G20 et de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale au Maroc » à l’automne prochain. Les autres banques de développement devraient, ensuite, elles aussi, entamer leur mue.

Changement de tête

En parallèle, la Banque mondiale changera également de président d’ici la fin du mois de juin, après la démission de David Malpass. Le manque de prise en compte du changement climatique lui avait souvent été reproché. Un seul candidat est cependant en lice : Ajay Banga, 63 ans, un Américain d’origine indienne, présenté par les États-Unis. Il a notamment mis en avant son expérience dans les projets public-privé.

Autre sujet important qui sera discuté à Washington la semaine prochaine : la restructuration de la dette souveraine des pays pauvres, qui avaient emprunté pour faire face aux dépenses liées au Covid-19, et voient désormais les intérêts augmenter avec la hausse des taux. Parmi les principaux créanciers, figure la Chine, à laquelle il est reproché un manque de volonté pour réussir à restructurer ces dettes. Le soutien économique à l’Ukraine sera également abordé.

Le FMI et la Banque mondiale face au péril chinois

Le 29 juin 2012, la Banque mondiale annonça l’annulation de son crédit de 1,2 milliard de dollars promis aux autorités du Bangladesh pour mener le gigantesque projet du pont de la Padma, d’un coût total de 3 milliards de dollars, permettant pour la première fois de relier le Sud-Ouest du pays aux régions centrales.

Selon la Banque mondiale, la Banque asiatique du développement (ADB) et l’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA) gelaient aussi leurs crédits. Moins d’un an plus tard, deux groupes chinois emportaient le marché de construction du pont après avoir promis des travaux plus rapides et une facture totale inférieure de 12% à ce qu’avançaient les experts des institutions multilatérales.

La mésaventure de Padma est vue comme un avant-goût de l’entrée en scène de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), lancée par le gouvernement chinois. Selon des observateurs, le scénario va certainement se reproduire. Les partenaires classiques risquent de perdre nombre de projets, Pékin expliquant aux gouvernements du Sud qu’ils n’ont pas besoin de s’embêter avec toutes les mesures de contrôle et de gouvernance du FMI ou de la Banque mondiale selon des observateurs.

A suivre.

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