Economie

Le gouvernement compte subvenir à 1,6 million de travailleurs « informels » … sans budget

Le gouvernement compte subvenir à 1,6 million de travailleurs « informels » … sans budget

Nasreddine Nsibi, porte-parole officiel du gouvernement et ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle vient de déclarer qu’un projet de décret permettant l’intégration des travailleurs informels dans le secteur structuré sera soumis à un conseil ministériel.

A la marge de l’ouverture de la conférence régionale et internationale sur « l’innovation dans le secteur de la formation professionnelle », le ministre a souligné que les dispositions du projet de décret prévoient le versement de subventions pour deux ans à chaque travailleur dans le secteur parallèle et ce, afin de l’accompagner dans le processus de son inclusion dans le cycle économique formel.

Promesse irréalisable

En vertu du décret, l’Etat prendra aussi en charge les cotisations sociales des travailleurs informels intégrant l’économie structurée sur une période de deux ans et œuvrera à préserver leurs revenus et ce, dans le cadre d’un projet de réforme global leur permettant d’adhérer aux systèmes de sécurité sociale et de couverture sanitaire.

Toutefois, le ministre n’a pas évoqué la question des ressources nécessaires au financement du projet et leur provenance ni encore les détails relatifs à sa mise en application. Il n’a présenté aussi aucune donnée relative à l’impact financier des mesures gouvernementales d’inclusion des travailleurs informels sur les caisses sociales qui affichent d’ailleurs d’un déficit avoisinant les 2 milliards de dinars.

Ceci laisse croire que tout ce qui a été indiqué par le ministre n’est qu’une simple promesse qui ne sera jamais tenue à l’instar des dizaines promesses similaires faites d’une manière récurrente par les gouvernements post-2011 notamment au moment des grandes crises sociales ou à l’approche des échéances électorales.

Le travail informel : Une situation chaotique

D’après le collègue du porte-parole du gouvernement, le ministre des affaires sociales, Malek Zahi, le nombre de travailleurs dans le secteur informel en Tunisie, est estimé à 1,6 millions de personnes.

Zahi a noté récemment dans une déclaration médiatique qu’une étude, réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) l’année dernière, en coopération avec le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, a indiqué que 36% de la main d’œuvre active en Tunisie travaille dans l’informel ajoutant que les travailleurs de ce secteur souffrent de sous paiement et de dépassement des heures de travail imposées par la loi. Ils ne bénéficient pas non plus d’un jour de repos hebdomadaire et de congé annuel.

En plus, ce secteur emploie des enfants qui n’ont pas l’âge légal pour travailler, comme l’impose le Code du travail et sans couverture sociale de surcroît. Le ministre a appelé à opter pour l’économie sociale et solidaire, tout en incitant les banques à financer les petits projets privés, surtout ceux des jeunes.

Rappelons que le dernier document publié par le FMI sur l’ « informalité, développement, et cycles économiques en Afrique du Nord » fait ressortir l’évolution rapide de l’activité informelle au cours des dernières années. D’après le Fonds monétaire, l’économie souterraine en Tunisie est estimée à environ 36% en 2019. Cette activité est essentiellement due aux distorsions politiques, et elle est parmi les plus élevées de la région, comparée à d’autres marchés émergents, comme l’Egypte.

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