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Le prédécesseur de Saied dit son mot sur le chaos ambiant : Pourquoi il faut l’écouter

Le prédécesseur de Saied dit son mot sur le chaos ambiant : Pourquoi il faut l’écouter

Mohamed Ennaceur, ancien président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ancien chef de l’Etat par intérim, a livré son sentiment sur les voies et moyens pour sortir du trou. Selon lui tous les chemins de la résolution de cette crise protéiforme passent par l’UGTT…

Il a dit tout le bien qu’il pense de la centrale syndicale et du projet de sauvetage national sur lequel travaillent Noureddine Taboubi et compagnie – l’Ordre national des avocats et la Ligue des droits de l’Homme. «L’UGTT tient son rang. Ce n’est pas une organisation syndicale ordinaire défendant les intérêts des travailleurs, c’est une organisation nationale qui a oeuvré dans le mouvement national, l’indépendance, la libération du pays et sa construction», a déclaré Ennaceur ce mercredi 25 janvier sur une radio privée.

Il a ajouté que la centrale syndicale s’active pour la sauvegarde des intérêts des Tunisiens et de l’unité nationale…

C’est à l’artisan du 25-Juillet qu’il faut le dire

J’ajouterai que c’est au chef de l’Etat, Kais Saied, qu’il faut dire tout ça. C’est lui qui a un problème avec l’UGTT, ou plutôt avec la place de l’organisation sur l’échiquier politico-social et qu’il juge démesurée. C’est lui qui refuse à Taboubi et ses compagnons ce que tous les gouvernants de l’après-Révolution leur ont accordé : Un siège à la table de ceux qui pilotent le pays…

Certes on peut déplorer cet état de fait, cette spécificité tunisienne qui fait qu’une organisation parle parfois plus fort que l’exécutif, mais c’est ainsi et il faut faire avec jusqu’à ce que la Tunisie, dans sa maturation démocratique, soit en mesure de mettre en place autre chose. Ce mode de gouvernance éclatée, avec ces pouvoirs disparates, a indéniablement compliqué la tâche de tous ceux qui ont gouverné après le 14 janvier 2011. Mais fallait-il ouvrir tous les chantiers de la relance économique, urgentissimes après la décennie noire et en même temps prendre le taureau UGTT par les cornes ?

De toute évidence le chef de l’Etat a surestimé ses forces et sa capacité à régler tous les problèmes dans un même élan, y compris le casse-tête UGTT. L’urgence est économique, financière et sociale ; l’état du pays le rappelle au président, les partenaires de la Tunisie le lui rappellent, le FMI insiste. Mais pour ce chantier colossal Saied a besoin du concours de la centrale la plus puissante du pays – c’est un fait -, pourtant il persiste dans la voie de la déraison.

Il faut reprendre la recette de Essebsi mais en mieux

C’est Feu le président Béji Caied Essebsi qui avait donné à l’UGTT la place qui est la sienne dès qu’il a pris les rênes du pays dans les circonstances incroyablement difficiles de l’après-Ben Ali, en février 2011. Quand il a été choisi par les électeurs en 2014 Essebsi a gravé sur le marbre la centrale syndicale, avec les Pactes de Carthage 1 et 2. Déjà à l’époque il s’agissait de sortir de la crise dans laquelle le pays était englué. L’histoire se répète depuis 2019 avec son successeur.

Ce qu’il faudrait à ce dernier c’est un Pacte social du même type pour avancer, ça tombe bien l’UGTT posera bientôt sur le bureau du président un document complet. Le chef de l’Etat a une sainte horreur des politiciens, ça tombe bien l’UGTT n’a coopté aucun politique dans son projet. Saied en voudra-t-il pour autant ? C’est toute la question.

Taboubi s’agite depuis des mois, en vain, il n’arrive pas à s’ouvrir les salons du palais de Carthage. Certes il y a été reçu mais ce qui s’y était dit est trop superficiel pour peser dans la direction du pays. Si Taboubi avait eu l’oreille de Saied ça se saurait…

Pourtant le pays en a bien besoin. Toute cette agitation sociale, avec toutes ces grèves sectorielles, un incendie éteint aussitôt le feu prend ailleurs… Bref, l’exécutif ne peut pas passer son temps à jouer au pompier de service. Ça ne s’arrêtera jamais ! Ce n’est pas avec ce mauvais bruit de fond que le pays entreprendra sa marche vers le redécollage.

Monsieur le Président surtout ne les écoutez pas!

Quelle est l’issue de cette marche forcée que veut imposer l’exécutif en pactisant avec le FMI sur des réformes qui exigent de nous tous de douloureux sacrifices ? L’impasse. Le gouvernement peut faire ce qu’il veut, prendre les engagements qu’il veut avec qui il veut, tant que Saied n’acceptera pas de s’asseoir avec les organisations phares – en premier l’UGTT – le pays fera du surplace.

Les nouveaux amis du chef de l’Etat – dont le très énigmatique Mongi Rahoui – peuvent promettre monts et merveilles avec leur Parlement new look, il faut une dynamique nationale pour transformer un pays. Les soutiens de Saied peuvent dire ce qu’ils veulent il ne pourront pas faire l’économie d’une énergie collective pour avancer.

Ce n’est pas avec le maigre pourcentage de citoyens qui se sont déplacés pour voter au premier tour des législatives qu’il faut composer, c’est avec les autres, tous les autres, avec la majorité silencieuse. C’est elle qui tient ce pays et sans son adhésion point de salut. N’en déplaise à Saied, il devra être le président de tous les Tunisiens.

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