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Le premier soutien de Kais Saied a encore muté, “s’attayarisant” un peu plus

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La dernière fois qu’on a entendu le premier soutien du président de la République c’était pour dire tout le mal qu’il pense des dernières orientations de Kais Saied. Le mouvement Echaâb vient encore de changer de braquet, un jeu de partisan-opposant dans lequel il excelle, au risque de déstabiliser encore un peu plus le peu d’électeurs qui lui restent, exactement comme l’a fait le Attayar de Mohamed et Samia Abbou quand Ennahdha tenait les rênes du pays…

Le député du mouvement Echaâb Haykel Mekki est d’avis que les actions du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont impacté négativement les investigations sur les meurtres de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. D’après lui les membres du CSM ont servi la soupe au mouvement Ennahdha, fourvoyés et dévoyés par la conjoncture politique de l’époque…

Mekki a ajouté ce lundi 7 février sur une radio privée que «la décision de dissoudre le conseil est venue tardivement mais qu’elle est fondée. Elle sert à libérer la Tunisie. La dissolution du CSM ne veut pas dire que le pouvoir exécutif a mis la main sur le pouvoir judiciaire (…). La plupart des magistrats sont d’accord avec cette décision et l’Association des magistrats tunisiens est téléguidé par le mouvement Ennahdha. L’indépendance de la justice ne dépend pas de l’indépendance d’une instance, mais d’une magistrature réellement indépendante», et c’est l’objectif de Saied, toujours selon l’élu de Echaâb…

La dissolution du CSM n’a surpris personne, pas même les principaux concernés en dépit de la bronca qu’ils font actuellement. La dernière petite illusion a volé en éclat quand le chef de l’Etat a sabré leurs primes et avantages. Le lendemain le bâtonnier des avocats avait servi au président de la République la dernière munition qui lui manquait, le chef du département de droit public à la Faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis avait enfoncé le clou

Si Saied a temporisé jusqu’ici c’est sans doute parce qu’il espérait encore secrètement que les magistrats allaient accélérer les procédures judiciaires pour l’aider à pourfendre tous ceux dont le locataire du palais de Carthage veut la tête. Quand il a compris que les juges ne l’y aideraient pas, que la raideur de la justice ne sied pas à ses desseins immédiats et que le CSM était plus un frein qu’autre chose il a foncé dans le tas…

Toutefois ce n’est pas parce qu’il a tiré le premier qu’il est tiré d’affaire pour autant. Cette frappe au coeur de l’appareil judiciaire vient s’ajouter au lourd paquet qu’il trimbale déjà. Le chef de l’Etat a très peu de temps – avant les élections de fin 2022 – pour abattre tous ceux qui gênent son projet, il faut donc aller vite quitte à fracasser des symboles institutionnels lourds. Saied devra entreprendre ce travail colossal, en gérer les effets très bruyants à l’étranger tout en gardant un oeil sur son cap et ses échéances. L’affaire ne sera pas simple, pas du tout et son initiateur n’a pas intérêt à se louper…

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