Economie

Le secteur de la santé entre les « hôpitaux de la marge » et l’échec de la réforme (2/3)

Le secteur de la santé entre les « hôpitaux de la marge » et l’échec de la réforme (2/3)

Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a publié récemment une étude intitulée « Le droit à la santé en temps de pandémie Covid-19 », qui s’est concentrée sur un certain nombre de problèmes qui concernent le secteur de la santé, notamment la corruption, le délabrement des infrastructures et la présence d’un secteur privé relativement développé au niveau des services, mais qui souffre de plusieurs lacunes.

Le forum a évoqué les différents textes juridiques incriminant la corruption, tout en apportant une approche sociologique et analytique du phénomène et a constaté que les différentes formes de corruption définies par la loi sévissent dans le secteur de la santé.

Cependant, compte tenu de la complexité et de la diversité des formes de corruption dans le secteur de la santé, l’étude s’est concentrée principalement sur la corruption dans le secteur public, avec quelques cas de corruption dans le secteur privé. Néanmoins, le principal objectif reste l’hôpital public, étant donné que 80% des Tunisiens fréquentent les hôpitaux publics, qui sont au nombre de 166, dont 35 hôpitaux régionaux ou locaux et 2 100 centres de santé de base.

La petite corruption est courante, acceptable voire même nécessaire

Le Forum a défini le phénomène de la petite corruption comme une forme de corruption, qui consiste à verser de petites sommes à des agents de santé tels que des infirmier(e)s, des réceptionnistes ou du personnel administratif pour obtenir de meilleurs services de santé (soins médicaux spéciaux, lit en chambre individuelle, etc.) ou pour rapprocher la date d’une opération, ou obtenir des médicaments.

Bien que les sommes versées semblent insignifiantes, elles se transforment rapidement en une lourde charge qui entraîne une augmentation du coût des services de santé. Dans une étude publiée en 2015, les sommes versées sous forme de petite corruption dans tous les secteurs, y compris le secteur de la santé, ont été estimés à 450 millions de dinars, dont une part importante est versée par les patients ou leurs accompagnateurs. Cela s’ajoute aux cadeaux de toutes sortes, qui restent socialement acceptables, même s’ils constituent une sorte de corruption.

Selon l’étude, il a été prouvé dans de nombreux cas que le patient ou ses accompagnateurs sont ceux qui se précipitent pour offrir de la petite corruption qui la considèrent comme courante, acceptable, voire nécessaire.

Ces petits pots-de-vin permettent d’exiger de meilleurs services. Mais même si c’est le patient ou ses proches qui sont à l’origine du versement de ce la petite corruption, il y a une réalité qui contribue à perpétuer ce comportement : la médiocrité des services de santé dispensés ou la difficulté à les obtenir (rendez-vous en chirurgie, disponibilité de médicaments…) représente un motif pour offrir un la petite corruption, car l’opacité, l’absence d’information, la pénurie parfois fictive de médicaments, constituent ainsi un terreau fertile pour la petite corruption.

Des dossiers très lourds

Le nombre de dossiers de corruption dans le secteur de la santé qui ont été reçus par l’instance Nationale de Lutte contre la Corruption (INLUCC), selon son rapport 2018, qui a été publié le 28 décembre 2019, a atteint 320 dossiers sur 8150 dossiers reçus.

Le rapport fait état de nombreux dossiers de corruption qui ont été déférés à la justice, tels que l’abus de pouvoir, l’usurpation d’identité, obtention de privilèges et d’avantages illégaux, outre l’exercice d’infirmiers hospitaliers d’une activité parallèle dans des cliniques privées, vol de médicaments et de matériel chirurgical, etc.

Le rapport a également établi l’existence d’abus et d’infractions aux règles d’hygiène dans un établissement de santé privé spécialisé dans l’hémodialyse, qui ont causé l’infection de 27 patients par l’hépatite C parmi les patients.

A cet égard, l’INLUCC a indiqué qu’elle avait entamé des investigations dans ce dossier. Le rapport d’inspection reçu par l’INLUCC confirme, à cet égard, que le nombre de patients infectés par l’hépatite C a augmenté dans cette clinique, outre la présence de nombreux manquements au niveau du cadre médical.

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