Economie

Le secteur de la santé entre les « hôpitaux de la marge » et l’échec de la réforme (3/3)

Le secteur de la santé entre les « hôpitaux de la marge » et l’échec de la réforme (3/3)

Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a publié récemment une étude intitulée « Le droit à la santé en temps de pandémie Covid-19 », qui s’est concentrée sur un certain nombre de problèmes structurels qui concernent le secteur de la santé.

L’étude s’est intéressée particulièrement aux fléaux de la corruption, le délabrement des infrastructures du secteur et la présence d’un secteur privé relativement développé au niveau des services, mais qui souffre de plusieurs lacunes.

Les dépenses de santé par personne dépassent la moyenne mondiale

Le Forum a expliqué que malgré les divergences dans la détermination des causes de la corruption dans le domaine de la santé, les observateurs sont unanimes quant à ses effets. La corruption a, par ailleurs, un coût financier qui ronge le budget de l’Etat et les moyens limités des hôpitaux publics.

Les formes de corruption sont multiples et se rapportent, entre autres, au vol de matériel médical ou de médicaments, mauvaises prestations de services dans des hôpitaux déjà surendettés, absentéisme, exploitation illégale de matériel hospitalier, achat de matériel, de fournitures ou de médicaments non utilisés en raison d’erreurs d’identification des besoins, unités de santé non-conformes aux normes exploitées sans besoin réel si ce n’est pour servir les intérêts personnels des fournisseurs et sous-traitants en échange de pots-de-vin, etc.

Il a été souligné, sous ce même angle, que la corruption dans le secteur de la santé conduit non seulement à gaspiller des ressources financières déjà rares, mais affecte également négativement le droit humain aux soins de santé.

Les plus vulnérables ne bénéficient pas de leur droit à la santé, car ils se retrouvent contraints de payer des pots-de-vin ou de se priver de soins en raison de leur incapacité à en supporter les coûts. Les dépenses par personne pour obtenir des services de santé, qui en Tunisie, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé dépassent la moyenne mondiale d’environ et ce, évidemment hors corruption.

Selon l’étude du FTDES, la corruption entraîne une baisse de la qualité des soins et des risques sanitaires majeurs qui peuvent entraîner la propagation de maladies et la baisse de divers indicateurs de santé, comme l’espérance de vie à la naissance ou le taux de mortalité infantile.

 

Les politiques d’austérité épuisent le secteur

Un groupe d’organisations non gouvernementales (International Alert, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, l’Organisation des jeunes médecins…) a annoncé dans un communiqué publié fin novembre 2020 qu’au vu de l’évolution de la situation épidémiologique en Tunisie, le groupe a lancé une campagne sous le slogan « La Covid-19 tue et l’austérité tue Plus » afin de soutenir des politiques publiques qui garantissent le droit à la santé pour tous les citoyens, et défendre leur droit universel, à cet égard.

Si, selon le communiqué, la propagation du virus Covid-19 met en lumière l’importance stratégique du secteur public en général et du secteur de la santé en particulier, et la détérioration que connaît ce secteur depuis des décennies du fait de l’austérité adoptée par les gouvernements successifs, la loi de finances révèle l’intention des pouvoirs publics de poursuivre les mêmes politiques d’austérité. La loi de finances 2022 a réduit, cependant, le budget de la santé publique de 16%.

Il a été dénoncé que des secteurs sociaux vitaux, notamment celui de la santé, sont encore soumis en Tunisie à la logique du marché et souffrent du déclin du rôle de l’État en raison de la baisse drastique de l’investissement public dans ceux-ci. Le budget du ministère de la Santé, qui ne dépassait pas 6,6 % du budget général de l’État en 2011, est tombé à 5 % en 2019. Cela signifie que l’investissement public en Tunisie ne couvre que 57 % du coût total des services de santé, contre 74 % en moyenne mondiale.

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