Economie

Les rentiers signent l’arrêt de mort de l’industrie du cuir et chaussures en Tunisie

Les rentiers signent l’arrêt de mort de l’industrie du cuir et chaussures en Tunisie

La Fédération nationale du cuir et de la chaussure a appelé récemment les autorités à intervenir d’urgence afin de venir en aide au secteur et de tenir un conseil ministériel pour examiner les préoccupations des professionnels de la filière.

Cet appel a été lancé lors d’une réunion organisée par la Fédération au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), présidée par Akrem Belhaj.

Lors de cette réunion, les membres du bureau exécutif de la Fédération ont dénoncé l’importation anarchique, le commerce parallèle et la vente des chaussures de seconde main, soulignant que ces activités échappent à tout contrôle.

Ils déplorent par ailleurs la pénurie des matières premières et la hausse de leurs prix, ce qui a lourdement impacté le secteur. Selon la Fédération, cette situation a même entraîné la hausse de l’endettement chez les artisans et les petites et moyennes entreprises exerçant dans le secteur.

Les professionnels du secteur affirment, par ailleurs, que la crise due au coronavirus a porté le coup de grâce au secteur des industries du cuir et de la chaussure (ICC), déjà en difficulté en raison des problèmes financiers et de l’absence de mesures adéquates.

Ils avertissent que la continuation sur cette lancée, mènera les entreprises opérant dans le secteur à mettre la clé sous la porte.

Selon les données du Centre national du cuir et de la chaussure (CNCC), le secteur compte 224 entreprises, dont 7% ont déjà mis la clé sous la porte, entrainant la disparition d’entre 5 à 8 000 emplois. De même, le nombre d’artisans a enregistré une baisse passant de 15 000 avant 2011, à seulement 3 000 actuellement à cause des répercussions de la Covid-19 et de l’absence de visibilité.

Toujours d’après le CNCC, la demande de la consommation locale en chaussures est estimée en moyenne annuelle à près de 40 millions de paires par an, sachant que la production locale ne couvre que 47% du marché dont 30% fabriquée par les artisans et 17% provenant de la production industrielle.

D’après les résultats d’une enquête élaborée par le CNCC sur l’impact de la pandémie du coronavirus sur la situation des entreprises du secteur ICC, près de 80% de la demande locale est assurée à partir de l’importation, dont 65% proviennent des importations illégales et la commercialisation des chaussures de fripe.

Cette proportion illustre, selon lui, l’impact néfaste du circuit informel et explique les graves répercussions de ce fléau sur le secteur en termes de fermetures d’entreprises et de suppression d’emplois.

Pour remédier à la situation actuelle du secteur, les professionnels appellent à suspendre les poursuites judiciaires contre les entreprises et les artisans endettés auprès de la CNSS et les recettes des finances. Il s’agit également d’intervenir auprès des instances compétentes pour rééchelonner ces dettes avec exonération du paiement des pénalités de retard.

Ils ont plaidé pour une application rigoureuse de la loi interdisant l’importation et la commercialisation des chaussures usagées, et ont également appelé à assurer le fonctionnement des commissions régionales chargées du contrôle de l’importation illégale, outre le renforcement des opérations de contrôle technique à l’importation et la soumission des importations de chaussures à un cahier des charges à l’instar des articles médicaux, des pneus, du mobilier et la céramique.

Entre temps, les rentiers continuent la destruction du secteur et écrasent les professionnels opérant dans la formalité sous l’œil impuissant des autorités…

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