Dans un monde souvent fracturé par les identités, l’islam affirme depuis quatorze siècles une idée révolutionnaire : la diversité est voulue par Dieu, et l’unique absolu, c’est Lui.
Contrairement aux perceptions véhiculées par certains médias ou discours hostiles, le Coran ne promeut ni l’uniformité culturelle ni la contrainte religieuse, mais bien la reconnaissance des différences comme signe divin.
Une diversité des peuples et des langues reconnue
Le Coran invite explicitement les croyants à considérer la diversité ethnique, culturelle et linguistique comme une manifestation de la sagesse divine :
« Parmi Ses signes, la création des cieux et de la terre, et la diversité de vos langues et de vos couleurs. Voilà bien là des signes pour ceux qui savent. »
Sourate Ar-Rûm (30:22)
﴿ وَمِنْ آيَاتِهِ خَلْقُ ٱلسَّمَٰوَاتِ وَٱلْأَرْضِ وَٱخْتِلَافُ أَلْسِنَتِكُمْ وَأَلْوَانِكُمْ ۚ إِنَّ فِى ذَٰلِكَ لَآيَاتٍۢ لِّلْعَٰلِمِينَ ﴾
Dans ce verset, la différence de langue et de couleur de peau est mise sur le même plan que la création des cieux et de la terre : un signe sacré. Cela implique que la pluralité humaine n’est pas secondaire, mais fondamentalement intégrée à l’ordre voulu par Dieu.
Au lieu de chercher à gommer ces différences, le texte sacré invite à les observer, les comprendre, les respecter. Il s’adresse aux “savants”, à ceux qui prennent le temps de réfléchir à la logique sous-jacente du monde. Il ne s’agit donc pas d’un simple fait de société toléré par la religion, mais bien d’un acte de foi que de reconnaître et d’honorer la diversité humaine.
Ce verset est également une réponse implicite au racisme, au nationalisme extrême ou à l’uniformisation culturelle. Il établit une équation spirituelle puissante : refuser ou mépriser la diversité, c’est en réalité rejeter un signe de Dieu.
En plaçant la langue et la couleur comme éléments divinement voulus, le Coran interdit toute hiérarchisation raciale ou culturelle. Aucune langue n’est supérieure à une autre, aucun peuple n’est plus proche de Dieu qu’un autre — sauf par la piété, comme l’indique un autre verset fondamental (49:13). Le message est clair : la diversité est le terrain naturel de la foi et du vivre-ensemble, pas un obstacle à contourner.
Cet appel à reconnaître la pluralité n’est pas marginal dans le texte sacré. Il est répété dans plusieurs sourates, comme une constante éthique et spirituelle.
Une diversité sociale et nationale comme opportunité de connaissance
Au lieu d’un monde uniforme, Dieu a voulu des peuples et des tribus pour que les humains puissent se connaître mutuellement, non pour s’affronter :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. »
Sourate Al-Hujurât (49:13)
﴿ يَـٰٓأَيُّهَا ٱلنَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَـٰكُم مِّن ذَكَرٍۢ وَأُنثَىٰ وَجَعَلْنَـٰكُمْ شُعُوبًۭا وَقَبَآئِلَ لِتَعَارَفُوٓا۟ ۚ إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِندَ ٱللَّهِ أَتْقَىٰكُمْ ۚ ﴾
Ce verset commence par une interpellation claire et inclusive : « Ô hommes ! » — il ne s’adresse pas aux seuls musulmans, mais à l’ensemble de l’humanité. Il rappelle que tous les humains partagent une origine commune (un homme et une femme), mais que leurs multiplicités de formes, de cultures, de langues et d’appartenances font partie du plan divin.
L’expression « pour que vous vous entre-connaissiez » (لِتَعَارَفُوا) est essentielle. Le verbe utilisé n’est pas passif ; il suggère une dynamique de curiosité, de dialogue, d’apprentissage mutuel. En d’autres termes, la diversité n’est pas un constat, c’est un appel à l’action : aller vers l’autre.
Dans une époque marquée par les replis identitaires, les nationalismes agressifs et la peur de l’altérité, ce message coranique retrouve une actualité brûlante. Il renverse la logique du « nous contre eux » pour proposer celle du « nous avec eux », dans un monde où la connaissance des autres est la première étape vers la paix.
Mais le verset va encore plus loin : il affirme que la seule distinction valable devant Dieu n’est ni le statut social, ni l’origine ethnique, ni l’appartenance géographique — mais la piété (taqwa), c’est-à-dire la conscience morale, la droiture, la sincérité du cœur.
Ce message est donc double :
1- L’humanité est une famille plurielle appelée à se rencontrer.
2- La valeur humaine ne dépend pas de la naissance, mais de la vertu.
C’est une base éthique puissante pour toute société plurielle. Et c’est, pour le croyant, une invitation constante à dépasser ses préjugés et à aller vers l’autre avec humilité.
Dans cette perspective, la différence n’est pas un obstacle, mais un outil d’évolution commune.
La liberté de croire ou de ne pas croire
Contrairement à une idée reçue, le Coran défend fermement la liberté de foi. Il est même affirmé que la guidance vient uniquement de Dieu, et que nul ne peut être contraint à croire :
« Nulle contrainte en religion. Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. »
Sourate Al-Baqara (2:256)
﴿ لَآ إِكْرَاهَ فِى ٱلدِّينِ ۖ قَد تَّبَيَّنَ ٱلرُّشْدُ مِنَ ٱلْغَىِّ ۚ ﴾
Ce verset est sans ambiguïté. Il interdit l’imposition de la foi, car la vérité spirituelle ne peut être authentique que lorsqu’elle est librement reconnue et acceptée. Le Coran insiste ici sur le fait que la voie juste a déjà été exposée et qu’il appartient à chacun de choisir, de réfléchir, de s’orienter. Il s’agit d’un acte volontaire et personnel.
Le Coran rappelle également que Dieu lui-même a voulu cette liberté. Il n’a pas créé l’humanité pour qu’elle soit mécaniquement croyante, mais pour qu’elle exerce son libre arbitre. Cette idée est magnifiquement exprimée dans le verset suivant :
Et encore :
« Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? »
Sourate Yûnus (10:99)
﴿ وَلَوْ شَآءَ رَبُّكَ لَـَٔامَنَ مَن فِى ٱلْأَرْضِ كُلُّهُمْ جَمِيعًا ۚ أَفَأَنتَ تُكْرِهُ ٱلنَّاسَ حَتَّىٰ يَكُونُوا۟ مُؤْمِنِينَ ﴾
Ce verset établit un point crucial : même Dieu, dans Sa toute-puissance, n’a pas imposé la foi à l’humanité. Il a choisi de la doter d’une intelligence, d’un cœur, et d’un sens moral pour qu’elle décide par elle-même de la voie à suivre. Cela souligne à quel point l’islam est fondé sur la responsabilité individuelle, et non sur l’endoctrinement.
Cette liberté s’accompagne toutefois d’une responsabilité morale : celle de chercher la vérité, de questionner, d’étudier, d’écouter sa conscience. Mais à aucun moment il n’est légitime, selon le Coran, de forcer autrui à adopter une croyance.
Cette vision est essentielle pour comprendre le pluralisme spirituel reconnu dans le Coran, où coexistent différentes communautés de foi, et où la justice, le dialogue et le respect sont toujours mis en avant.
L’unicité : attribut réservé à Dieu seul
L’islam ne cherche pas à effacer les différences humaines, mais à rappeler que l’unicité authentique est uniquement celle de Dieu, Al-Ahad :
« Dis : Il est Dieu, Unique. Dieu, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré. Et nul n’est égal à Lui. »
Sourate Al-Ikhlâs (112:1-4)
﴿ قُلْ هُوَ ٱللَّهُ أَحَدٌ ﴾
﴿ ٱللَّهُ ٱلصَّمَدُ ﴾
﴿ لَمْ يَلِدْ وَلَمْ يُولَدْ ﴾
﴿ وَلَمْ يَكُن لَّهُۥ كُفُوًا أَحَدٌ ﴾
Ce court chapitre de quatre versets, souvent récité dans la prière quotidienne, résume l’essence de l’islam : Dieu est Un, Absolu, Sans origine ni descendance, et Incomparable.
Ce concept d’unicité n’est pas seulement théologique. Il a des implications profondes sur la perception du monde :
– Si Dieu est le seul Absolu, alors tout le reste est relatif : les peuples, les systèmes, les cultures, les idées.
– Si Dieu est unique dans Sa souveraineté, alors aucun homme, aucune nation, aucun pouvoir n’a le droit de se poser en autorité absolue sur autrui.
C’est une déclaration puissante de liberté spirituelle et d’égalité humaine. Dans cette perspective, nul ne peut prétendre être supérieur à l’autre par naissance, richesse ou pouvoir, car tous sont créatures du même Dieu unique, et seul le comportement (la piété) distingue les individus devant Lui.
Par ailleurs, le Coran ne demande pas aux humains d’être identiques, car l’uniformité serait une négation de cette diversité voulue par Dieu. Au contraire, le Coran rappelle que l’unicité absolue est réservée à Dieu seul, et que la diversité fait partie intégrante de la création.
Cette vision invite donc à reconnaître la pluralité humaine sans jamais l’ériger en rivalité, et à garder à l’esprit que toute créature humaine partage la même condition de dépendance vis-à-vis du Créateur.
L’unicité divine, en islam, est donc la boussole morale et métaphysique qui empêche l’idolâtrie sous toutes ses formes : adoration d’un pouvoir terrestre, d’une race, d’une culture, ou même de soi-même.
Cette unicité divine met en valeur la diversité humaine comme une réalité relative, temporaire, mais noble dans sa fonction d’épreuve et de croissance collective.
Une perception erronée de l’islam corrigée par la lecture du Coran
Une majorité de personnes qui critiquent l’islam le font sans l’avoir étudié, se basant sur des propos rapportés, sortis de leur contexte, ou sur des actes isolés non représentatifs. Pourtant, ceux qui lisent réellement le Coran découvrent un message d’une cohérence profonde, universelle et intemporelle.
Depuis plus de quatorze siècles, le Coran traverse les époques en révélant des vérités renouvelées, y compris dans les domaines scientifiques, psychologiques et sociaux. Il reste le seul miracle toujours accessible à l’humanité : un texte qui parle à l’intelligence, à la conscience et à la science. Chaque époque y trouve des signes nouveaux, adaptés à ses outils de compréhension.
C’est cela, le miracle vivant de l’islam.
🕌 Ce texte marque le début d’une série d’articles publiés chaque vendredi, mettant en lumière les parcours de célèbres convertis à l’islam et les raisons qui ont nourri leur cheminement — souvent marqués par des découvertes comme celle-ci.
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Article N°6: L’histoire surprenante de Joram van Klaveren, de l’islamophobie à la foi musulmane
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