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L’UE fait une pirouette après la cascade de visites à Tunis : Sans droits de l’Homme pas d’argent

L’UE fait une pirouette après la cascade de visites à Tunis  : Sans droits de l’Homme pas d’argent

Le Haut représentant de l’Union européenne (UE) aux Affaires étrangères, Josep Borrell, a pris la parole hier lundi 26 juin au terme d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE durant laquelle il a été question de la Tunisie. Borrell a dit deux choses essentiellement : il a annoncé une bonne nouvelle et une autre un peu plus fâcheuse pour l’exécutif tunisien…

Nous offrons un package de coopération pour appuyer la Tunisie, qui devrait être validé par le Conseil. L’objectif est de renforcer la stabilité dans le pays. Toutefois ce package doit être mis à disposition dans le cadre du respect des droits de l’Homme. Le package doit englober la condition du respect des droits de l’Homme, qui est incontournable pour notre partenariat”, a indiqué le chef de la diplomatie européenne.

Oui pour un soutien économique, mais également il est indispensable de garantir le traitement digne des migrants et le respect des droits humains. C’est une obligation fondamentale pour notre partenariat”, a martelé Borrell…

En général quand il prend la parole ça détonne. C’est lui qui avait mis les pieds dans le plat en évoquant ouvertement “l’effondrement” de la Tunisie si elle n’est pas secourue rapidement. Et il avait ajouté que c’est d’autant plus urgent que les premiers à trinquer seraient les Européens, avec des vagues de migrants qui déferleraient sur le continent. Et depuis tous les éléments de langage des Européens passent par la donne de l’immigration.

Le sujet avait fini par éclipser tout le reste et la cascade de visites de haut niveau que la Tunisie a reçues dernièrement, jusqu’au ministre français de l’Intérieur, étaient toutes focalisées sur la nécessité de barrer la route aux migrants. Du côté de Tunis on avait peut-être fini par croire que l’UE lâchera du lest sur le reste : la démocratie, les droits humains, etc. Ces dossiers reviennent comme un boomerang.

Bon, il n’est pas impossible que les partenaires européens se soient dit que cette obsession pour l’invasion de migrants devenait dommageable pour l’image de l’UE, dont le seul souci serait de se transformer en forteresse imprenable pour que ses citoyens dorment sur leurs deux oreilles. Les Européens se sont peut-être dit que ça passerait mieux s’ils enrobent le dossier de l’immigration dans les autres affaires pour lesquelles ils harcelaient Tunis, les droits de l’Homme en premier…

A aucun moment lors des deux visites de la présidente du Conseil italien, de la présidente de la Commission européenne et du cheffe du gouvernement néerlandais cette question des droits de l’Homme n’a été mise sur la table. En tout cas pas publiquement. Changement de ton : Borrell le fait publiquement. Quelles que soient les raisons derrière ce revirement ce sera un problème pour la Tunisie, un de plus.

Le ministre italien des Affaires étrangères, le plus actif sur le dossier tunisien, n’a cessé de souligner l’urgence d’aider Tunis, sans aucune condition vu la gravité de la situation. Il tente même d’en convaincre le FMI. Pourtant c’est le contraire que vient de faire l’UE : Lier l’aide financière aux avancées sur les droits humains. En sachant très bien que toute condition est un obstacle de plus à surmonter. Quid de l’urgence dont parlaient les Européens ?

Par ailleurs ils savent pertinemment que cette affaire des droits de l’Homme sera forcément perçue comme un diktat, voire un chantage. Et à chaque fois que la chose s’est présentée le chef de l’exécutif tunisien, Kais Saied, s’est cabré, s’est rebiffé. Il y a de fortes chances que la dernière sortie de Borrell produise le même effet. Comment l’UE et Tunis trouveront des points d’inflexion pour avancer ? Nous verrons bien…

 

 

 

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