Economie

Ma vie: Couple avec 05 enfants de Médenine

Ma vie: Couple avec 05 enfants de Médenine

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Jaafar, 52 ans, cadre sécuritaire

La femme: Mouna, 48 ans, femme au foyer

Jaafar a gravis les échelons et est aujourd’hui un haut gradé. Il touche prés de 2 000 dinars par mois sans compter les primes, les majorations de travail de nuit et les heures supplémentaires.

La famille est composée de 07 membres. Jaafar et Najla ont 05 enfants : 03 filles et 02 garçons.

  1. Kenza a 07 ans. Elle est en 2 ème année primaire.
  2. Khaled a 09 ans. Il est en 4éme année primaire.
  3. Salim a 13 ans. Il est en 7éme année de l’enseignement de base.
  4. Mira a 15 ans. Elle est en 1 ére année secondaire.
  5. Halima a 19 ans. Elle est nouvelle bachelière.

Le couple a une maison mitoyenne à celle de la famille de Jaafar. La maman de Jaafar ‘‘Immima’’et sa sœur divorcée Kmar avec son fils vivent dans la maison d’à côté.  Le frère de Jaafar, résident à l’étranger a une maison accolée aux 2 maisons. Il y habite durant l’été avec sa famille.   Les 03 maisons sont communicantes et se partagent le même préau.

Najoua nous confie : « Chaque famille a son indépendance et sa maison propre. Nous partageons notre quotidien avec ma belle-mère, ma belle-sœur Kmar et son fils Hichem. Nous ne voyons Sabri, mon beau-frère, ainsi que sa famille que durant les vacances estivales. »

Najoua rajoute : « Nous partageons avec la maman de Jaaffar et ma belle sœur un budget mensuel qu’on dédie à la nourriture. Jaafar contibue avec 250 dinars, Kmar avec 200 dinars et ma belle mére ‘‘Immima’’ avec 200 dinars. C’est ‘‘Immima’’ qui gère la cagnotte pour acheter les produits alimentaires nécessaires à la préparation des repas comme l’huile, les pattes, les tomates,…Ce qui reste sera consacré à l’achat de viandes rouges et de poulets selon les plats à préparer ».

Najoua tient à préciser : « C’est moi qui cuisine habituellement. Je suis bonne cuisinière et toute la famille apprécie mes bons plats copieux. Je prépare les repas du midi. Le soir on se plie à la volonté des gosses qui aiment les grillades ou l’achat de pizzas et autres plats de restauration rapide ».

En lançant un regard complice à Jaafar, Najoua rajoute : « Pour le petit Khaled, c’est une autre histoire. Il adore ce que lui prépare Jaafar le soir. Le petit me taquine souvent en me lançant que son papa cuisine mieux qu’elle ‘‘   ماما راهو بابا يطيب خير منك ’’. Ça ne me vexe pas. En fait, le benjamin des garçons ne mange ni viandes rouges, ni volailles, ni poissons.  Jaafar puise d’ingéniosité pour lui compenser ce manque de protéines avec des légumes et ce n’est pas évident ».

Najoua nous indique que c’est sa belle-mère qui gère les finances. Elle nous dit : « Immima achète la viande, le poisson…pour toute la famille, elle donne l’argent de poche aux enfants. Elle me donne de temps en temps un peu d’argent et insiste pour que je le dépense pour moi. Ma belle mère a une pension de veuvage de 600 dinars par mois. Mon beau père travaillait en France ».

Najoua nous confirme que que la situation fincnacière de la famille est assez stable. C’est pour cette raison qu’elle n’a jamais cherché à travailler. Depuis son mariage avec Jaafar, Najoua s’est entièrement consacrée à la famille qui s’est agrandie au fil des années avec les enfants. ».

Najoua nous dit : « 05 enfants ce n’est pas peu خمسة صغار موش شوية ?! C’est un travail à temps plein. C’est moi qui m’occupe du ménage surtout que ma belle mère est assez âgée et que ma belle-sœur est fonctionnaire. Mes filles se consacrent à leurs études, elles ne m’aident que durant les vacances » .

En parlant de sa belle sœur Najoua nous dit : « Kmar est une sœur pour moi celle que j’ai toujours voulu avoir  هي أختي الي تمنيتها ».

Jaafar prend la parole et dit : « Ma famille ainsi que celle de Najoua gâtent les enfants. Elles leurs achètent même la fourniture scolaire. C’est tout ‘‘bénéf’’ pour nous. Merci le bon dieu pour cette famille   . الحمد لله على نعمة العيلة».

La famille profite de la couverture sociale et de la gratuité des soins grâce au travail de Jaafar. Cependant, Najoua est tombée malade, il y a 4 ans, et a été obligée de subir une intervention chirurgicale.

Jaafar nous confie qu’il y a eu une erreur médicale qui a dégradé considérablement l’état de santé de sa femme. Najoua a du re-subir une autre opération d’urgence dans une clinique privée dans laquelle elle a résidé environ 1 mois.

Jaafar nous dit : « Les dépenses médicales sont devenue trop lourdes vu que le plafond de mon assurance maladie a été dépassé.  Il n’était plus possible de demander le remboursement de frais de soins. Ma mère ‘‘Immima’’ m’a aidé en prenant en charge une bonne partie. Pour le reste j’ai du contracté un crédit bancaire. La famille de Najoua nous a également aidé ».

Jaafar rajoute : « Hamdoullah Najoua a guéri. Elle va beaucoup mieux. Nous avons dépassé ensemble, en famille, cette crise ».

Le couple nous a confié que chaque été il loue une maison à Djerba ou Zarzis pendant une semaine ou deux. Toute la famille en profite ensemble : Le couple, les enfants et la belle-mère.

En hiver, Jaafar loue une nuitée ou deux dans hôtel pour la petite famille en profitant des tarifs réduits grâce aux conventions de l’amicale.

Jaafar nous informe qu’il consacre une partie importante de son salaire pour l’achat de la fourniture scolaire des 05 enfants. La rentrée scolaire lui coûte près de 1 500 dinars, soit 300 dinars par enfant. Et ceci sans compter les imprévus de milieu d’année.

Jaafar nous parle plus ouvertement de ses enfants : « Les cours de soutien pour les enfants me coûtent dans les 200 dinars par mois.  3 de mes enfants sont également inscrits dans des clubs, ce qui me coûte 75 dinars supplémentaires par mois en moyenne. ».

Jaafar continue : « Les dépenses scolaires dépassent de beaucoup celles de la maison. Je suis étonné de ceux qui disent que l’enseignement en Tunisie est gratuit.  S’il était gratuit en me coûtant annuellement 3 500 dinars alors qu’en serait-il si c’était payant اذا كان مجانيا ويكلفني حوالي 3500 دينار كل سنة فمابالك إذا كان” بالفلوس ?» .

Jaafar poursuit : « Je veux profiter de cette interview avec nous et questionner sur la situation de l’enseignement en Tunisie. Les cours particuliers sont quasi-obligatoires pour tous les élèves de l’enseignement primaire. Nous sommes dans une époque où seuls ceux qui paient les cours particuliers réussissent. »

Jaafar s’interroge et s’insurge : « Où est le Ministère de l’éducation qui a déclaré à maintes reprises avoir interdit ces maudits cours particuliers !!! »

Jaafar nous déclare que la facture de la SONEDE n’a rien à voir avec celle de l’électricité. 

La facture de la SONEDE dépasse rarement les 70 dinars alors que pour la STEG la facture peut facilement dépasser les 500 dinars surtout durant l’été. 

Jaafar déclare : « L’été, il fait tellement chaud à Médenine qu’on ne peut pas se passer de climatiseur durant la journée et la nuit aussi, des fois. »

La famille a un abonnement ADSL annuel ‘‘symbolique’’ d’après Jaafar.

Le goûter des enfants coûte en moyenne 7,500 dinars par jour.

La famille consacre 250 dinars par mois pour le carburant de la voiture de Jaafar qui se charge de déposer les enfants à leurs établissements d’enseignement.

Le couple déclare qu’il achète des vêtements des magasins de prêt à porter et de la fripe.

Najoua nous dit : « les vêtements de la fripe sont des fois plus chers que ceux neufs mais la qualité est nettement meilleure. Le budget vestimentaire pour toute la famille est de 700 dinars par an. ».

Jaafar nous informe que le budget de Ramadhan n’est pas différent de celui des autres mois de l’année puisque ce qui n’est pas consommé durant la journée est consommé à la rupture du jeune.

Jaafar déclare : « L’Aïd Sghir est très spécial pour moi. J’achète des vêtements neufs et des cadeaux pour tous les enfants et ma femme. Ceci me coûte 600 dinars. Pour l’Aïd Kebir, nous achetons 03 moutons pour moi, ma mère et ma sœur. Le mouton coûte 500 dinars en moyenne ».

Jaafar nous dit qu’il ne fume pas et ne va pas au café. Il passe tout son temps entre la maison et le travail et il n’a pas de dépenses particulières.

Jaafar rajoute : « Avec la réussite de ma ‘‘grande’’, on se prépare à franchir un nouveau cap. Avec son baccalauréat en poche, Halima a eu 1 000 dinars de ma mère et la famille de Najoua a également offert de l’argent et a acheté la fourniture nécessaire pour la rentrée universitaire. Hamdoullah, j’ai évité beaucoup de dépenses  الحمد لله نقصو عليا برشة مصروف  ».

Le couple nous informe que la famille veut lancer un projet agricole sur un terrain propriété de la mère de Jaafar. La famille a creusé un sondage et bâtit une remise. La famille y a commencé à planter des arbres fruitiers et à cultiver des légumes de saison.  Pour l’instant la production ne dépasse pas la consommation familiale. La famille n’a pas encore les moyens d’engager du personnel pour travailler sur le projet. Jaafar, Najoua et les autres membres se relaient pour s’occuper des plantations.

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