Economie

Note : La géopolitique et l’inertie gouvernementale bloquent la ZLE de Ben Guerdane

Note : La géopolitique et l’inertie gouvernementale bloquent la ZLE de Ben Guerdane

En 2012, la Tunisie a annoncé la création d’une zone franche et logistique ou Zone de libre Echange (ZLE) à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne dans l’objectif est de développer les régions frontalières marginalisées du sud-est et de formaliser les acteurs économiques informels mais le plan est au point mort en raison de la résistance institutionnelle, des divisions politiques et d’une incapacité à exploiter les rivalités géopolitiques internationales, selon une note récente de l’organisation Carnegie Middle East Center. 

On note ainsi que si cela persiste, le projet pourrait devenir inutile en raison de l’émergence de zones franches en Libye, privant la Tunisie des revenus dont son économie en difficulté a besoin.

Facteurs de blocage de la ZLE

La géopolitique et l’incapacité des gouvernements post-2011 à exploiter les rivalités régionales et internationales ont été des obstacles majeurs au projet de la ZLE d’après Carnegie MEC. Le projet a été conçu comme un partenariat public-privé (PPP), mais a souffert de retards dans l’adoption par la Tunisie d’une loi sur les PPP.  Cette législation a été approuvée par le parlement en 2015. Cependant, sa mise en œuvre s’est toujours heurtée à la résistance de l’UGTT.

Également, on fait revenir le blocage de la ZLE à l’absence d’un partenaire stratégique pour l’exploiter pourtant les partenaires chinois ont explicitement manifesté leur intérêt pour l’exploitation de la zone en tant que hub permettant d’accéder le marché de la reconstruction de la Lybie sachant qu’en 2018, la Tunisie a officiellement rejoint la Belt and Road Initiative (BRI) de Pékin et les entreprises chinoises ont sérieusement envisagé d’investir dans les infrastructures du sud-est de la Tunisie – le port de Zarzis et le projet ferroviaire reliant Gabès à Médenine via Zarzis ainsi que la ZLE de Ben Guerdane. 

D’après Carnegie MEC, la pression de certains pays occidentaux a entravé ce partenariat notant que la concurrence en Méditerranée sur les ports et la logistique des infrastructures a conduit les responsables tunisiens à s’opposer aux ambitions chinoises et à s’aligner avec les partenaires occidentaux plus établis de la Tunisie. 

Le commerce transfrontalier est organisé au sein d’institutions informelles

D’après une note récente de l’UNDP intitulée « Enjeux de développement et sécurité à la frontière sud-est de la tunisie », à Ben Guerdane, le commerce informel suit une structure pyramidale dans laquelle 5000 à 6000 personnes travailleraient directement ; la hiérarchie serait dominée par un cercle restreint d’environs 30 puissants notables et 5 opérateurs de change majeurs après lesquels agissent 60 grossistes, 350 distributeurs, 250 à 300 agents de change, 1200 détaillants, faisant travailler chacun entre 3 et 4 personnes et s’appuyant sur 600 transporteurs.

Bien qu’informelle, la note précise que cette activité commerciale est donc solidement structurée autour d’une organisation hiérarchisée.

D’ailleurs à Tataouine, la participation au commerce informel et à la contrebande était presque exclusivement réservée aux habitants de Dehiba jusqu’en 2011.

D’après l’UNDP, l’arrivée de nouveaux acteurs a augmenté la compétition pour l’accès aux voies commerciales, débouchant sur des épisodes de tensions entre les deux villes mais elle a aussi induit une forme de professionnalisation de l’activité de contrebande avec l’utilisation de véhicules puissants et rapides. A Dehiba et Ben Guerdane, certains représentants de l’Etat participent à cette structure de l’économie frontalière par sa régulation à travers des routines de négociations qui constituent la modalité de gouvernement pragmatique de la région, conclut-on.

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