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Par Abdelaziz Gatri : Cachez-moi cette Dabbegh que je ne saurais voir

Par Abdelaziz Gatri : Cachez-moi cette Dabbegh que je ne saurais voir

Certains jouent les vierges effarouchées et s’indignent avec véhémence du contenu de la conversation téléphonique entre Sami Fehri et Mariem Dabbegh diffusée en boucle sur la toile. Seulement, il y a un hic.

D’abord, question de forme et de droit. On en oublie un principe universel des droits de l’homme: le droit au secret des communications téléphoniques.

L’article 85 du code des télécommunications stipule ce qui suit:

Nonobstant les cas prévus par la loi, est puni conformément aux dispositions de l’article 253 du code pénal quiconque divulgue, incite ou participe à la divulgation du contenu des communications et des échanges transmis à travers les réseaux des télécommunications.

La question qui se pose ici est de savoir qui a procédé à l’interception et à l’enregistrement de cette communication à l’insu des deux protagonistes et sans leur consentement? A-t-il obtenu les autorisations de mise? Mieux encore ou pire, c’est selon, qui dispose des moyens techniques pour le faire et à qui profite cette violation de la vie privée de deux personnes qui restent des citoyens malgré tout ce qu’on pourrait leur reprocher?

La réponse à cette dernière question nous met devant un dilemme et une gêne tragiques. Si c’est un acte qui relève des services de sécurité du gouvernement, c’est au moins catastrophique. Si c’est une tierce partie, c’est l’hécatombe. Cela veut dire pour nous, citoyens,  la perte de toute vie privée au profit de forces occultes.

Sur le fond maintenant. Que reproche-t-on au couple Fehri-Dabbegh qu’on ne pourrait reprocher à toutes les parties prenantes de ce scandaleux scrutin où tous les coups étaient permis? Aucun coup bas ne fut épargné: usage des moyens humains et matériels de l’État, des médias publics, privés, nationaux, étrangers et même de ceux en situation illégale, extorsion de fonds, financements occultes et même déclarés, nationaux et étrangers, traîtrise, démissions qui n’en étaient pas, mensonges effrontés, charité et exploitation de la misère des petites gens et de leur sentiment religieux, conspiration de destitution du président, menaces d’envoi de chars au parlement, que n’a-t-on pas vu?

Le niveau général, déjà d’une bassesse inouïe, a dégringolé dans les abysses de l’insensé avec l’arrestation spectaculaire à coup de forces spéciales d’un candidat en pleine campagne, arrivé second au premier tour des présidentielles tout comme son parti aux législatives, son maintien en détention et le rejet de toutes ses demandes de mise en liberté, toutes les instances judiciaires s’étant déclarées incompétentes, dans une parodie de justice mondialement inédite. Sa libération quelques jours avant le scrutin fut d’un ridicule…

D’ailleurs, d’autres enregistrements nous font découvrir cette même personne improvisée présidentiable, en conclave avec son staff, échaudant dans un langage de charretier un plan diabolique pour salir des activistes de la société civile qui ont osé le dénoncer pour fraude fiscale, corruption et blanchiment d’argent. Son  plan était d’user de sa chaîne TV, de ses caméras et des journalistes à sa solde pour fabriquer des reportages diffamatoires et mensongers visant à jeter le discrédit sur ces jeunes, leurs parents et même leurs fiancées et à les livrer à l’opprobre public.

Sami Fehri et Mariem Dabbegh n’ont pas dérogé aux pratiques nauséabondes de l’écrasante majorité de nos politiques. Leur tort est d’avoir  été piégés. Malgré la bassesse du procédé, ce qu’ils se proposaient de dénoncer n’était pas infondé: légiférer pour éliminer des concurrents.

Devant le vide sidéral dans lequel la Tunisie a été poussée par ceux qui sont sensés la sauver, les quelques vulgarités échangées par les deux compères restent anecdotiques.

Pour couronner ce cirque, le ministère public n’a pas bougé le petit doigt pour enquêter sur les agissements des uns et des autres, pourtant de notoriété publique.

 

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