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Par Ali Gaaya*: Les changements climatiques et les catastrophes naturelles: Que dit la géologie ? (2ème partie)

Le réchauffement climatique peut avoir des conséquences naturelles (canicules, sècheresse, inondations, disponibilité de l’eau douce, élévation du niveau de la mer, biodiversité, sols …), mais aussi présenter des menaces sociales (santé, populations vulnérables, emploi et enseignement), et même un impact négatif sur les divers aspects de l’économie (agriculture, énergie, tourisme, infrastructures …).

Dans cet article, l’on ne peut pas traiter tous ces éléments, on va donc focaliser sur les inondations et l’élévation du niveau de la mer qui ont déjà affecté plusieurs pays dans le monde, y compris notre pays voisin, la Libye, et qui risquent d’affecter notre pays, durant ces mois d’automne et d’hiver.

  • Inondations et élévation du niveau de la mer

Inondations dans le monde

Le réchauffement climatique a pour conséquences, l’élévation de la température des océans, une augmentation de l’évaporation, ce qui peut, en rencontrant l’air plus froid de l’atmosphère, créer les conditions propices à la formation de plusieurs orages qui, en s’organisant autour d’une dépression, vont prendre de l’ampleur, et devenir des ouragans ravageurs. Ceux-ci s’accompagnent de vents pouvant dépasser les 200 km/h, et déversent des trombes d’eau, quand ils atteignent la terre ferme, en plus des raz de marée qui peuvent inonder les villes côtières et causer d’énormes dégâts ! La remontée du niveau de la mer est une conséquence, non seulement de la fonte des calottes glaciaires, mais aussi par la dilatation thermique des océans, du fait du réchauffement climatique.

Notons aussi que le réchauffement de la mer, peut, à son tour émettre le CO2 dissout dans l’atmosphère, et contribuer ainsi au phénomène de « cocotte-minute planétaire » !

Une étude statistique sur le nombre de catastrophes naturelles durant 20 ans, de 1995 à 2015, indique que 70% sont attribuées aux inondations et aux tempêtes, 19% à l’ensemble des séismes, des températures extrêmes et à la sècheresse (Fig.3).

Ces phénomènes d’inondations et de raz de marées meurtrières, sont connus depuis bien longtemps. Les plus anciens recensés ont eu lieu aux Pays-Bas et en Angleterre en 1099 (Déluge de 1099) et causé 100 000 morts. Les inondations les plus meurtrières ont eu lieu en Chine en 1931, après une longue période de sècheresse, et endeuillé ce pays avec un nombre de morts et de disparus se situant entre 422 499 et 4 millions, aggravé par l’épidémie qui s’en est suivie.

De plus, 10 millions de personnes se retrouvaient sans abri. Ceci constitue la catastrophe la plus meurtrière du xx siècle, et l’une des plus meurtrières au monde !

Plus proche de nous, les tempêtes et ouragans se succèdent à travers le monde, de plus en plus violentes, et portent souvent des « noms exotiques » tels que Harvey, Irma et Maria, qui ont dévasté les pays de l’Amérique du Sud et du Nord en 2017, sans compter Katrina en 2005, et Sandy en 2012. Même si les dégâts matériels sont parfois énormes, le nombre de victimes reste limité, (surtout aux USA) même si les victimes se comptent parfois par quelques  milliers.

Le 3 septembre 2021, la ville de New York a déploré 44 victimes après le passage dévastateur de la tempête Irma. Un « état d’urgence » a été décrété à
New York, ce 29 septembre 2023, suite à des pluies torrentielles qui ont dépassé les 120 mm en quelques heures. La France, de son côté, avait connu la « tempête du siècle », qui avait ravagé le pays et la capitale Paris, les 26 et 27 décembre 1999 et causé d’énormes dégâts matériels, et 92 victimes.

Heureusement que ces tempêtes causent de moins en moins de victimes, car les prévisions météorologiques sont de plus en plus fiables, les infrastructures plus adaptées, et en cas de besoin, les personnes habitant des zones à risques, sont évacuées à temps.

D’autres types d’inondations existent, elles ne sont pas rares, et peuvent être dévastatrices aussi, il s’agit des ruptures de barrages ou des « tsunamis »,
résultant de forts séismes en mer ou de volcanisme sous-marin.

Les ruptures de barrages sont relativement nombreuses de par le monde, les plus meurtrières sont celles de South Fork aux USA, qui a fait 2200 morts en 1889. Les ruptures de barrages les plus récentes, mise à part celle des 2 barrages de Derna en Libye, le 10 septembre 2023, ont eu lieu le 6 juin 2023 en Ukraine, ou le 25 janvier 2019 au Brésil.

Au SE de la France, le barrage de « Montpassant », a cédé le 2 décembre 1959, libérant 50 millions m3 d’eau, et créant une vague de 40m de hauteur, qui a dévasté et inondé Fréjus, la ville la plus proche, et fait 423 victimes.

Les tsunamis ou raz de marées sont liés aux séismes en mer de fortes magnitudes généralement supérieures à 7 sur l’échelle de Richter. Les plus
meurtriers et les plus récents avaient fait 200 000 victimes à Haiti en janvier 2010, et celui de l’Indonésie, qui a affecté toute l’Asie du SE, faisant 230 000 morts en décembre 2004, suite à un séisme de magnitude 9,1. Des vagues d’une hauteur de 30 m, avaient dévasté une dizaine de pays.

Ceci étant, beaucoup pensent que la Méditerranée est à l’abri de ces « tsunamis ». En fait, une centaine de tsunamis ont été observés en Méditerranée depuis le xx siècle, dont les plus récents ont eu lieu, suite à des séismes au large de la Sicile en 1908, et de l’Algérie, notre voisin, le 21 mai 2003.

La Tunisie et l’Afrique du Nord, à l’abri d’inondations majeures ?

La catastrophe majeure des inondations massives, qui ont endeuillé notre voisin libyen, ce 10 septembre 2023, après avoir fait des dégâts importants en Grèce et les pays limitrophes, vient nous rappeler que les pays méditerranéens, en particulier l’Afrique du Nord, ne sont pas à l’abri de catastrophes majeures à l’avenir, si des mesures préventives sérieuses et urgentes ne sont pas prises.

Mais les dégâts humains et les infrastructures, qui ont affecté la Libye voisine, auraient-ils pu être évités, ou du moins atténués ? C’est une question que l’on peut se poser, au vu du nombre dramatiquement élevé de morts, qui dépasse largement les 5000, qui s’ajoute au nombre de disparus, qui se compte par dizaines de milliers !?

Rappelons que dès le 4 septembre 2023, une tempête subtropicale, dénommée “Daniel”, avait violemment frappé la Grèce. Des précipitations dépassant les 600 mm ont été enregistrées localement, suivies par 740 mm le 2ème jour, des records pour ce pays. La Grèce a subi des dégâts matériels importants, et déploré la mort de 15 personnes. La même tempête a aussi touché les pays voisins avec moins d’intensité, la Turquie a déploré 7 morts, et la Bulgarie 4 morts.

Dès le 7 septembre, une alerte de divers services météorologiques avait été donnée, indiquant que le creux de la dépression et de la tempête, se dirigeait vers la Libye et l’atteindrait du 8 au 12 septembre (Fig.4). A priori, rien n’a été fait du côté libyen pour faire face à cette menace
imminente (évacuation des citoyens en zones inondables, ouverture de certains barrages pour libérer l’excès d’eau, conseils à la population …)

Le 10 septembre, le monde s’est réveillé sur l’annonce d’une catastrophe majeure, d’une ampleur que la Libye n’avait jamais connue, même en temps de guerre, la côte Est du pays a été ravagée par cette tempête, aggravée par la rupture des 2 barrages à l’amont de la ville de Derna. De ville paisible et accueillante jusqu’à cette date fatidique, cette ville est devenue défigurée et méconnaissable …(Fig.5), et a perdu des milliers de ses habitants, emportés vers la mer, ensevelis sous les décombres ou dramatiquement disparus.

Nous compatissons et sommes solidaires de nos frères libyens, la Tunisie, à l’instar de beaucoup d’autres pays amis, est venue en aide à notre voisin, mais il faudrait tirer les leçons de ce drame, afin qu’il ne se reproduise plus, d’autant que, le réchauffement climatique, de nouvelles tempêtes, encore plus “virulentes” que Daniel, risquent de toucher tous les pays méditerranéens ! Il est clair que la rupture des 2 barrages, en amont de la ville martyre de Derna, et probablement manquant de maintenance, avait particulièrement aggravé la situation, et expliquerait le nombre particulièrement élevé de victimes et de dégâts ; une bonne partie de la ville avait complètement disparu, emportée par les flots vers la mer…

J’espère que ce drame, incite nos frères libyens à laisser de côté leurs discordes et unissent leurs efforts et énergie pour s’unir pour le bien de leur Pays et de la région !


Par Ali Gaaya*: Les changements climatiques et les catastrophes naturelles: Que dit la géologie ? (1ère partie)

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