Politique

Par Amine Ben Gamra : Économie informelle : comment peut-on intégrer ce secteur dans le formel

Par Amine Ben Gamra : Économie informelle : comment peut-on intégrer ce secteur dans le formel

Le secteur informel représente, aujourd’hui, plus de 60% du PIB, privant ainsi le gouvernement de recettes fiscales indispensables. Malheureusement, la contrebande prospère dans les régions les plus pauvres entre Gafsa et la frontière algérienne et Ben Guerdane et la frontière libyenne. Ce sont des régions traditionnellement pauvres où de nombreux jeunes n’ont aucun espoir de trouver un emploi. 

 

Le secteur informel pourrait ainsi s’expliquer par la politique de développement régional suivie jusque-là, n’ayant pas favorisé l’émergence de pôles industriels de manière uniforme sur l’ensemble des régions et se traduisant, par conséquent, par des disparités régionales.

Aussi, le climat des affaires en Tunisie est caractérisé par une surrèglementation et des barrières élevées à l’entrée des marchés, dans la mesure où la mise en conformité avec la législation rendrait le modèle économique d’un nouvel entrepreneur non viable, ainsi plusieurs entrepreneurs sont contraints de se tourner vers le secteur informel, même temporairement, le temps d’être en mesure d’assumer les coûts de la formalisation.

La Tunisie doit maîtriser le secteur informel et veiller à ce que l’État ne perde pas environ la moitié des prélèvements qui lui sont dus par ses citoyens.

Une économie que se nourrit du « cash » sans aucune trace des opérations et surtout loin des yeux du contrôle fiscal et à l’abri de tout paiement d’impôt représente un problème systémique qui a perduré, aussi bien durant la transition démocratique qu’aujourd’hui. C’est un des principaux facteurs qui ont freiné le développement de la Tunisie. Des montants faramineux échappent aux caisses de l’État, pendant que le pays traverse une crise de surendettement. L’État se retrouve ainsi privé de ressources essentielles pour assurer ses approvisionnements et honorer ses engagements envers ses bailleurs de fonds.

La réduction de la circulation du cash n’est possible que si les moyens pour effectuer des transactions financières numériques sont largement disponibles et à faible couts. Le gouvernement doit s’engager dans des politiques visant à subventionner les investissements dans les TIC et en créant des écosystèmes qui simplifient les démarches administratives pour assurer l’enregistrement des entreprises tout en offrant des subventions et des allègements fiscaux.

Afin d’élargir la portée de la digitalisation, le gouvernement doit aussi veiller à mettre à niveau les infrastructures nécessaires à la transformation digitale pour rendre l’inclusion financière numérique plus attrayante pour les entreprises que si elles opéraient sur le marché non officiel.

Aujourd’hui malgré que notre pays se soit engagé dans le processus de transformation digitale indispensable à la formalisation de l’économie, les efforts poursuivis afin d’assurer une meilleure inclusion sociale et économique sont vains.

Il est grand temps de repenser le modèle économique et de mettre en œuvre des politiques de développement régional et social. Cette réflexion devrait chercher à favoriser le changement de gouvernance économique et l’inclusion de toutes les catégories sociales et de tous les acteurs économiques et surtout de faciliter l’accès au marché, au financement et à la digitalisation.

Aussi, la Tunisie devrait supprimer les régimes fiscaux spéciaux injustes, dont bénéficient certaines entreprises, tout en encourageant la création et la croissance d’entreprises hautement productives.

D’un autre côté, la réglementation des changes ne remplit plus le rôle pour lequel elle a été créée. Il est temps que les Tunisiens auront le droit d’ouvrir des comptes en devises. Cette réforme, permettrait de ramener des devises vers le circuit formel, à renflouer les réserves de la BCT, à stabiliser le taux de change et à promouvoir les investissements directs étrangers, qui ne peut qu’être bénéfique pour tous.

Après une décennie chaotique, la Tunisie n’est plus à une contradiction ou à un mirage près. Les citoyens qui revendiquaient notamment un mieux-être économique sont fortement impactés par une crise qui n’est pas de leur fait mais dont ils subissent tous les effets. Ils sont las de patienter, de prendre sur eux et d’être mis devant le fait accompli.

 

Jusqu’à quand va-t-on continuer de parler de réformes structurelles pour relancer une économie tunisienne en panne. Des déclarations officielles qui n’apportent rien de nouveau. Il s’agit de redites soporifiques qui cherchent à donner l’impression que le gouvernement travail, or, en réalité nous sommes en statu quo

 

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

 

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