Société

Par Jawhar Chatty : La messe du 14 janvier, le grand désenchantement

Par Jawhar Chatty : La messe du 14 janvier, le grand désenchantement

« Pas de réforme politique sans réforme de la pensée politique, laquelle suppose une réforme de la Pensée elle-même, qui suppose une réforme de l’éducation, laquelle suppose une réforme politique. Pas de réforme économique et sociale sans réforme politique, qui suppose une réforme de la pensée. Pas de réforme de vie ni de réforme éthique sans réforme des conditions économiques et sociales du vivre, et pas de réforme sociale et économique sans réforme de vie et réforme éthique ». Edgar Morin, La voie

Je suppose que certains parmi lesdits progressistes réunis en messe samedi 14 janvier à l’avenue Habib Bourguiba connaissent Edgar Morin. Je suppose aussi qu’ils l’ont lu au moins une fois. Ce qui, dans ce cas, me permet de penser que leur sabbatique messe n’était pas tout à fait inutile par-delà les chères retrouvailles entre vieux anciens amis militants… de l’ambiance bon enfant et tout et tout…

Douze ans ! Douze ans, ça se fête. Ça se fête tout de même ! Malgré et en dépit de tout ! Là, sur l’avenue Habib Bourguiba, baptisée depuis « Avenue de la Révolution », depuis la grande euphorie d’un certain 14 janvier 2011.  

La messe était morne, morose.  Les dits progressistes ont perdu beaucoup d’amis en chemin, beaucoup étaient devenus méconnaissables, ils se sont, chemin faisant, embourgeoisés en fricotant avec les islamistes nahdhaoui, les vrais maîtres du pays  depuis  «11-12 » ans. Beaucoup d’entre eux sont excusés : certains se sont auto exilés quand ils ne sont pas carrément en fuite à l’étranger, d’autres frappés d’une interdiction de voyager, ont sagement préférer ne pas se montrer, se tenir à carreaux…

Reste les idéalistes, les têtes brûlées. Les khalwadha. Les définitivement khalwadha. De l’amas d’individualités en cette messe – les progressistes n’ont jamais été solidaires, jamais fait un bloc-, il ne restait plus que les rêveurs et les nostalgiques et quelques visiteurs d’occasion pour qui le pays est un lieu de dépaysement, d’exotisme intellectuel et de …vacances ! Et l’« Ambiance bon enfant ».

Samedi 14 janvier 2023, j’étais sur l’avenue. Seul.  Un peu à l’écart. Je ne m’y étais pas attardé. Un esprit aussi insatisfait, sélectif et absorbé que le mien ne peut supporter l’ambiance des ordures autour de lui. Ma personnalité a quelque chose de rigoureux. Être aussi décevant que ces progressistes-là ne me console en rien.

Douze ans plus tôt, jour pour jour, j’y étais. J’ai vibré à l’Avenue à l’unisson avec la foule quand d’autres dormaient encore, ou n’étaient toujours pas et encore éveillés …

Là encore, je ne m’y étais pas trop attardé. Le grand journal qui est le mien n’attend pas, et c’était bien tôt l’heure du bouclage…

En douze ans, je n’ai pas changé d’un iota dans mes écrits, dans mon inlassable combat pour la défense des hautes valeurs et des fondamentaux qui font les sociétés libres et prospères portées par un État juste et droit.

Nombreux sont, ils se reconnaîtront, qui avaient cédé aux compromissions, par ambition, par soif de pouvoir. Ils sont où aujourd’hui ? Dans quel état d’esprit ?

Jawhar Chatty

 

 

 

 

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