Giorgia Melloni sera ce dimanche de nouveau en Tunisie , son second pays ou presque .
L’agence américaine Fitch Rating a hier vendredi 9 juin, abaissé la note de la Tunisie à ‘ CCC-‘. C’est extrêmement inquiétant d’autant plus inquiétant que l’agence a certainement revu par trois fois son verdict avant de le publier. Sa grande bourde d’il y a encore peu au sujet de la note souveraine de la Tunisie est encore dans les mémoires. Notre ministre des Finances n’a sans doute pas dormi de la nuit. Silence radio à la Kasbah. Aucun communiqué. Penché sans doute sur la finalisation des dossiers, la dernière touche fébrile en prévision de l’arrivée demain dimanche de Giovanni Melloni, que l’on ne présente plus , en Tunisie. Son second pays en quelque sorte, deux visites officielles en moins de dix jours.
De plus, cette fois elle ne vient pas seule. Elle sera accompagnée du Premier ministre néerlandais et de la présidente de la Commission européenne. On ne peut rêver une meilleure promotion du tourisme tunisien !
A Carthage, au palais de Carthage, on attend tout ce beau monde de pied ferme avec sans doute un grand sourire…jaune.
Le professeur d’économie Fethi Nouri qui ne se prend pas trop au sérieux a , à ce propos, publié ce matin sur sa page FB une petite humeur qui vaut dix mille mots, dix longues tribunes et stériles cogitations dans nos vénérables studios radio-tv, toutes obédiences politiques confondues.
Extrait :
‘ سألت طبيبي ذات مرة وانا خايف
بعد الاطلاع على التحاليل
Alors docteur c’est grave
Il m’a répondu :
C’est pas grave mais c’est sérieux , il faut soigner .
En Tunisie on est passé malheureusement d’ une situation inquiétante à un Etat au bord d’un défaut de paiement .
Demain l’Europe arrive pour sauver un voisin gravement malade qui refuse de prendre ses médicaments
De peur de certains effets secondaires de courtes durées etc…’.
Fin de citation.
Point à la ligne ?
Non. Il faudrait oser aller un peu plus dans l’analyse. Le partenariat Tunisie -UE a toujours plus bénéficié à l’Europe qu’à la Tunisie. Le premier accord d’association tuniso-europeen de commerce et de libres-changes signé en 1996 et dont le grand ancien diplomate et ancien ministre du Commerce Tahar Sioud en est fier , a pour l’essentiel été dicté et rédigé par les européens. On connaît la suite. Le tissu industriel tunisien ( le textile surtout) n’a jamais quitté le stade de la sous-traitance, et l’homme d’affaires tunisien le statut de « khammess ».
Profitant du chaos post révolution, l’UE a soufflé aux oreilles de nos illustres gouvernants dont la plupart sont aujourd’hui ou en fuite à l’étranger ou en prison, l’idée d’un nouveau accord de partenariat tuniso-europeen qui serait réellement profitable aux deux parties. On connaît la suite et toute la polémique qu’avait soulevé le fameux Aleca. Nous avons la mémoire courte, pis nous éprouvons un mal fou à retenir les leçons du passé. Certains acteurs de la Soc se sont élevés et ont bataillé pour une finalisation d’ un Aleca qui soit véritablement juste , progressif et équilibré, un accord qui profiterait essentiellement à l’économie tunisienne et tout particulièrement à certains secteurs d’activité prometteurs. équilibré. Ces voix de la société civile l’avaient payé cash en dénigrement et calomnie. On en dira pas plus.
L’Italie de Melloni bouscule l’agenda de l’Europe. Priorise son pays en rapport à la Tunisie et vice versa sur l’agenda de l’Union européenne. Car l’Italie est la grande victime de l’immigration illégale des subsahariens et des Tunisiens . Giorgia Melloni sait que l’Europe a une grande responsabilité en la matière car elle a commis des fautes énormes : Printemps Arabe, guerre en Libye, dislocation des frontières, guerre civile en Libye…
Bref, elle fait prendre à l’Europe conscience des erreurs énormes commises dans la gestion des relations avec les pays sud de la Méditerranée et avec les pays africains.
Le président Kais Saïd fait exactement la même chose. Les Européens commencent un tant soit peu à le prendre au sérieux , car ils savent que quelques part il a raison de défendre les intérêts de son pays et de renvoyer les pays occidentaux à leurs erreurs et turpitudes !! Les erreurs de Sarkosy en Libye, et dans notre pays, l’ingérence dans les affaires intérieures, les financements des associations et autres ONG à vocation suspecte… , la mauvaise foi des lignes de crédit de « soutien au budget de l’État », le non-suivi de la réelle affectation des dons et crédits alloués…
Le gouvernement est-il bien préparé pour tenir tête aux européennes et savoir discuter et contourner leurs arguments ?
Reprendre l’initiative… ???
Je ne le pense pas .
Depuis 2017 et le gouvernement Chahed , le dossier du partenariat privilégié à été renvoyé aux calendes grecques pour absence de sérieux et de coordination entre les départements Tunisiens concernés.
L’UE a délibérément laissé faire ! Pourquoi ce sleeping ?
Il n’est pas gratuit.
La Tunisie, un pays aux abois, est envahie par les produits européens.
Pour l’Italie et l’Europe, la Tunisie est aujourd’hui vu sous l’angle de stop à l’immigration irrégulière sans plus. Tout se fait pour l’Italie et par L’Italie qui occupe actuellement une place importante au sein de la machine à Bruxelles.
Gentiloni ex ministre des Affaires étrangères italien est actuellement à la Commission européenne. Il était en Tunisie en 2015 et avait déjà posé la question de l’immigration sur la table .
C’est dire que pour nous, il est aujourd’hui impératif de nous de savoir remettre les pendules à l’heure, de défendre nos intérêts et…de commencer à mettre de l’ordre dans nôtre maison.
Jawhar Chatty
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