Depuis plusieurs années, nombreuses les études, dont celles du Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA) ont constaté la forte corrélation entre les compétences en mathématiques et le développement des sociétés. Il parait évident que dans les pays développés, le niveau des compétences en mathématiques motive fortement l’évolution et l’épanouissement des sociétés. Les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) investissent plusieurs centaines de milliards de dollars US. chaque année pour l’enseignement des mathématiques à l’école. Certes, un montant trop élevé, mais sa rentabilité est plus que certaine. Les compétences en mathématiques mettent en évidence la répartition de la richesse entre les nations.
En outre, la maitrise des mathématiques stimule la réussite scolaire et anticipe d’une façon certaine la façon d’évoluer des jeunes en adultes dans ces sociétés. En effet, les compétences dans cette matière ouvrent la voie aux jeunes pour réussir des études supérieures et elles ont un impact direct sur leurs ambitions financières une fois lancés dans la vie active. Il a été établi que les bonnes connaissances en mathématiques augmentent de façon significative les chances de réussite des individus dans la vie professionnelle. En effet, généralement ceux qui ont un faible niveau en mathématiques, voient leurs chances sérieusement compromises quant à la possibilité d’accéder à des emplois plus gratifiants et plus rémunérateurs.
En outre, les individus très performants en mathématiques ont plus de dispositions que les autres à faire du bénévolat, d’agir en tant qu’acteurs plutôt qu’en tant que spectateurs des processus politiques, et ils ont plus tendance à faire confiance aux autres. Les mathématiques agissent sur les compétences du citoyen, donc sur ses qualités d’équité, d’intégrité et d’ouverture.
Notre Ministre de l’Education a noté, sans inquiétude aucune, le faible pourcentage de nos candidats au baccalauréat qui ont choisi les sections scientifiques soit le quart de nos bacheliers avec 6 % uniquement pour la section des mathématiques. Il devrait, compte tenu de sa responsabilité et de son niveau, identifier les causes de ce phénomène gravissime, à savoir le très faible niveau de maitrise du français par tous les élèves à leur sortie de la phase préparatoire, ajouté à l’enseignement de matières scientifiques en arabe au cours de la phase préparatoire puis en français au cours de la phase secondaire. Ils optent par instinct de survie scolaire pour des spécialités plutôt littéraires, croyant que leur niveau de maitrise en arabe leur donne plus de chance d’achever avec succès, leur parcours scolaire et obtenir ainsi leur baccalauréat.
D’ailleurs la non maitrise des langues est à l’origine des principaux maux de notre école, à savoir le décrochage scolaire, faible taux de réussite au bac, la montée du marché des cours particuliers et des tentatives de fraudes au baccalauréat et même la recrudescence de la violence dans le milieu scolaire. Car ce dilemme des langues, est aussi valable pour le français que pour l’arabe et se répercute sur toutes les matières principales administrées avec ces langues.
Toutes les études réalisées en rapport avec la qualité de notre système éducatif, ont abouti à la même conclusion à savoir un niveau catastrophique en expression, en sciences et en mathématiques. La solution aux problèmes évoqués est toute évidente également, vu qu’elle résulte d’une démarche logique et d’un esprit construit sur le bon sens. Partant d’un constat, qui me parait très plausible, à savoir qu’en général un individu qui ne sait pas faire une règle de trois, ou calculer mentalement un volume, ou déterminer un temps ou une distance à partir d’une vitesse, un individu qui ne sait pas manipuler les chiffres, aurait peu de chance d’exceller dans une carrière professionnelle de bon gestionnaire ou de décideur. Il trouverait également des difficultés pour apprécier certains aspects financiers nécessaires à la vie professionnelle ou personnelle, ou pour anticiper ou pour modéliser des situations complexes en rapport avec sa vie sociale ou active.
Et ce même individu quand il ne sait pas apprécier les écrits des philosophes et des hommes et des femmes de lettre, qui ne sait pas aller au fond des idées pour pouvoir apprécier la qualité de la pensée, ne pourrait s’imprégner pleinement des exigences de la vie, surtout émotionnellement, et encore moins, être un meneur d’Hommes. Il va se trouver loin des vrais sens du bonheur et des valeurs, familiaux ou sentimentaux, sociaux ou patriotiques.
Ceci amène à recommander fortement de prévoir lors de la mise en œuvre de la réforme de notre école, la généralisation et le renforcement de l’enseignement du calcul, de la lecture et de l’écriture à l’école primaire et des mathématiques, de la littérature et de la philosophie dans toutes les branches de l’enseignement secondaire. Il faut également prendre les dispositions nécessaires et en toute urgence pour administrer les matières scientifiques avec la même langue au cours des phases primaires et secondaires.
En d’autres termes, chercher à rompre avec le diktat qui classifie et catégorise les esprits de nos enfants comme étant, exclusivement, purement scientifique ou purement littéraire, il suffit tout simplement de rapprocher les coefficients des matières. En outre, il est plus qu’évident qu’un enfant qui a le niveau requis de maitrise des langues va trouver très à l’aise pour assimiler aussi bien les matières littéraires que les matières scientifiques.
Ridha Zahrouni
Président de l’Association Tunisienne des Parents et des Elèves
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