Enseignement

Par Samir Hamza – Demain quelle université? Et comment y parvenir ?

Par Samir Hamza – Demain quelle université? Et comment y parvenir ?

Nous nous cheminons tous vers l’après Covid-19. Effectivement,  lors de la crise sanitaire, les écoles et universités se sont vues fermées, mais si les instances de l’enseignement ferment, cela ne veut pas dire, qu’il y a une cessation de l’enseignement et de la pédagogie, il fallait dans l’urgence, pallier à ce problème, il en va de l’éducation des jeunes et de la continuité de la circulation du savoir pour les étudiants, voire pour faire surgir une ébullition des connaissances de la part des chercheurs, donc à tous les niveaux, il convient de maintenir ce lien vivace entre enseignants et enseignés. Maintenant que nous sommes après Covid-19, une mise au point dans une attitude critique est nécessaire, afin d’améliorer ce qui a fonctionné et de créer au mieux ce qui a manqué. Le temps est à l’accalmie et la réflexion peut être de mise.

Deux questions se posent : demain quelle université ? Et comment y parvenir ?

L’enseignement avant Covid-19 et l’enseignement après Covid-19 ne peut être le même, car nous devons en tirer les leçons. L’université de demain sera le lieu où se poursuit sans contrainte l’expérience de la raison… où la critique sera possible. Quant à la recherche scientifique, elle jouera certes un rôle important dans l’université, mais cela dépendra aussi, de nombreux intervenants.

Le vide viendra dans les institutions nouvellement créées et celles n’ayant pas engagé une réforme sérieuse. Le passage à l’université de demain implique de nombreuses transformations.

À l’heure de l’internet et par voie de conséquence à la démocratisation des savoirs, une mise à jour des dernières nouveautés de tous les savoirs est nécessaire, de telle sorte que nous ne soyons pas mis à mal par le décalage de ce retard lacunaire, mais en temps pour être en compétition et en discussion sur les nouvelles approches des avancées de chaque domaine. Situer les problèmes posés et la recherche des solutions dans une perspective de mondialisation peut faciliter l’évolution vers un monde du savoir.

Ce qui était fragile avant l’est encore plus aujourd’hui. La nouvelle réalité du travail à laquelle nous faisons face aujourd’hui nous oblige plus que jamais à revoir nos priorités et nos pratiques organisationnelles en soutenant et en formant le cadre enseignant et en encourageant le travail collectif et les projets fédérés en invitant d’autres disciplines, si nécessaire.

En effet, l’évolution rapide des technologies et par la même des modes de production exposent le monde, et par conséquent l’université, à l’impératif de compétitivité qui appelle continûment l’actualisation des contenus des enseignements. L’introduction d’une pédagogie innovante et différenciée et la modification des qualifications et des compétences au vu des nouveaux emplois qui apparaissent et évoluent, qui changent et se complexifient. L’université est le point nodal d’une société, car elle a pour devoir d’anticiper la progression technique et technologique, puisque c’est à travers elle que les étudiants proposent leurs recherches et c’est eux qui dessinent les perspectives dans lesquelles nous vivrons; l’université doit être capable d’être en phase à un contexte qui advient, pour inscrire les étudiants dans des disciplines réactualisées, afin qu’ils puisent à leur tour, s’intégrer dans la société de manière sociale et économique.

Concrètement, un contrat doit impliquer les institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour s’engager à de nouvelles méthodes de travail. Les objectifs, les cibles, les indicateurs de suivi qu’elles se donneront et les moyens qu’elles mettront en œuvre pour atteindre leurs objectifs et améliorer leur performance et leur rendement qualitatif interne. De son côté le Ministère, devra préciser ses exigences et engagements budgétaires pour l’après Covid-19.

Aujourd’hui, une transformation radicale s’impose pour valoriser les efforts montrés par un certain nombre d’universités lors de la période de confinement. Tunis El Manar, Monastir, Sousse, Sfax ont légitimé, preuve à l’appui, leurs compétences.

Cependant, s’il revient au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), dans ce cadre, de fixer les grands thèmes sur lesquels les universités devront se prononcer impérativement et s’engager, s’il est vrai, en ce sens, que le MESRS devra imposer ainsi les balises de développement aux universités, ces grandes orientations pourront constituer des enjeux incontournables avec lesquels les universités ne pourront généralement qu’être d’accord.

Révision à la hausse des subventions justifiées, aide et encouragement des jeunes chercheurs à développer des partenariats fédérateurs entre des laboratoires implantés dans les institutions ayant les mêmes motivations et intérêts.

L’activité scientifique doit répondre au souci de partager les connaissances acquises au-delà de la communauté des pairs, cela amène la valorisation du savoir, la visibilité de la production d’expertise, et de la communication dans les médias. L’ensemble des activités contribuant à la diffusion de la recherche doit être pris en compte, en tant que critère additionnel, dans l’évaluation des projets de recherche.

La mise en place d’un outil projectif et correctif requiert cependant du temps : communications fréquentes, échanges d’informations, évaluations et suivi. Ces mesures susceptibles d’éviter les dérives éventuelles par la prise de décisions de remédiation permanentes assureront l’évolution efficace et efficiente de ces activités programmées et garantiront la recevabilité de résultats optimisés et qualitatifs à l’égard de la tutelle.

Il faudra laisser une marge de manœuvre à chaque établissement dans son parcours, laisser place à l’initiative, à la créativité, à l’inventivité, afin de les laisser seuls maîtres pour répondre aux besoins d’une société, qui est elle-même en constante évolution. Si l’on veut favoriser le progrès, on ne pourra réduire l’évaluation de la performance des établissements à des dimensions purement comptables et statiques préétablies, c’est-à-dire quantitatives.

Pour concrétiser nos objectifs souhaités, la formation universitaire devra s’inscrire dans la dynamique innovante d’une action de formation où la concertation et la contractualisation seront à la base d’une alliance enseignant-étudiant. Ainsi, notre enseignement supérieur peut bénéficier des atouts nécessaires de développement, qui intègrent le parcours international dans ses orientations, qui prennent des partis pris dans ses choix et qui sont responsables de ses logiques stratégiques, afin que la réussite individuelle nourrisse la réussite collective. Ce fait constitue une donnée incontournable permettant à la Tunisie d’être à l’avant-garde du savoir et des technologies nouvelles et de recouvrer « une place dans le cortège des pays évolués ».

Quelle sera donc cette université de demain ? Assisterons-nous à la complète absorption de l’institution par les forces déchaînées des marchés, des intérêts à courte vue et du rabattement du savoir et de la connaissance sur les seuls critères de la production scientifique sous forme d’articles ? Ou, à l’inverse, assisterons-nous à une réelle revalorisation de l’institution apte à remettre à flot ce bateau à la dérive ?

En vérité, l’avenir de l’université ne peut plus désormais être pensé séparément des luttes, qui y ont cours par les différents artisans de l’université, par les professeurs, les chargés de cours et autres salariés, sans oublier les étudiants… Ils ne reprendront le dessus qu’en remettant au cœur de l’institution les missions fondamentales de l’enseignement supérieur, sinon les universités seront programmées, à devenir de vastes centres de formation techniques, orientés vers la satisfaction ardente du marché dont les lobbyistes auront le contrôle.

Dans cette situation d’urgence, l’étudiant à l’université n’est plus exclusivement un jeune qui vient d’avoir son baccalauréat et qui souhaite découvrir une matière qui l’interpelle. L’université doit disposer à répondre aux nouveaux besoins et créer des échanges entre les jeunes étudiants et leurs aînés ou autres personnes possédant déjà une expérience dans la vie active. Dans ce sens, les programmes doivent être revus pour les rendre plus pragmatiques, de manière professionnelle, autrement dit les programmes doivent être plus orientés vers le monde de l’entreprise. Certains cours nécessitent l’implication des professionnels même si l’université reste le berceau de l’académisme et de l’élaboration théorique. L’objectif est de prévoir et d’anticiper les besoins des carrières des étudiants présents pour un futur proche.

Par Samir HAMZA, Professeur universitaire

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