Comme tout Tunisien faisant partie de la classe pseudo-moyenne er étant un bon gestionnaire d’un budget familial équilibré, je prévois cette année de prendre des mesures draconiennes. Je vais changer de régime alimentaire. Je ne mangerais que des produits tunisiens innovants et surtout sains.
La Tunisie pullule de produits de terroirs avec des AOC (Appellation d’origine contrôlée) d’une renommée mondiale. La liste de ces produits est tellement exhaustive que je vais me limiter à certains produits existants dans notre pays.
Je remplacerais le sucre, trop sucré à mon goût, par de la mélasse de caroube
Je pense que le génie tunisien a déjà développé une industrie d’extraction et de transformation des produits de cet arbre ancestral faisant partie du patrimoine forestier.
La superficie dédiée à cette culture (400 ha) a été sûrement doublée, voire découplée à l’instar des marocains et des égyptiens.
Les produits tels que le sucre, le sirop, la gomme alimentaire et la gomme technique (utilisée dans l’industrie chimique et diététique) sont sûrement exportés vu que la demande mondiale est en pleine expansion.
La gomme alimentaire évaluée à 50 euros/Kg a dû sûrement attrayer l’investisseur tunisien au génie inégalable.
Fini le lait de vache
Pour laisse place aux ‘‘pauvres’’ dans les files d’attente du lait de vache, en attendant l’arrivée de la poudre de lait (le prix de revient du litre de lait étant de 1,710 dt hors coût de transformation), j’opterais pour le lait d’ânesse évalué à 25 euros/ litre.
Cet équidé fort abandon en Tunisie ayant le lait le plus proche du lait maternel pourra me permettre de retrouver une jouvence perdue (Cléopâtre prenait des bains de lait d’ânesse).
Je me permets de continuer de divaguer, en faisant un petit clin d’œil aux professionnels du secteur laitier tunisien, notamment aux zootechniciens tunisiens. Selon les vagues notions dont je dispose, la courbe de lactation s’étalant sur 300 jours, présente une partie ascendante, un palier et une partie descendante. Cette courbe de lactation est elle unique en Tunisie. Si oui, pourquoi ne pas avoir 2 courbes et 2 périodes d’insémination différentes de quoi avoir la quantité médiane toute l’année !
L’autosuffisance en lait a été atteinte en 2001. L’année d’après, nous avons pris la prodigieuse mesure d’interdire l’importation des génisses pleines pour encourager les centres de productions tunisiens. Après avoir dépensé des millions de dinars à titre de subvention, l’idée a été délaissée pour revenir à la case de départ.
Plus de café
Je vais délaisser les sujets stratégiques pour revenir à mes résolutions purement personnelles. Je ne vais plus boire de café. Je prenais le café parce que je ne pensais pas qu’il était subventionné. Faisant partie de la prestigieuse classe moyenne, je ne peux me permettre de consommer un produit destiné aux pauvres.
L’office de commerce ayant le monopole d’importation du café vert, achète ce produit 15,2 dinars/ Kg pour le céder aux torréfacteurs tunisiens à un prix de 7,6 dinars/kg.
La moyenne de consommation étant de 1,8 Kg/an/habitant, cette subvention accompagnée par une sur taxation du café torréfié importé (+55%) ne vise certainement pas le consommateur . C’est plutôt, une ‘‘aide familiale’’ allouée à une seule entité qui au passage assure 62% de la torréfaction du café importé. Cette famille pauvre, subventionnée à hauteur de 120 millions de dinars annuellement (62% des 194 millions de dinars alloués au café), ne fait pas partie de ma classe médiane. J’ai décidé de boycotter le produit, juste pour protéger mon statut des mauvaises fréquentations.
Afin de vous permettre de digérer mes divagations, je vous quitte pour préparer la tisane de mon fils, lui aussi a pris de nouvelles résolutions, une tisane à base de feuilles d’azéroles. Nous y reviendrons.
Slim Kooli
Citoyen tunisien faisant partie de la classe moyenne (Expert FAO)
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