Economie

Pénuries : Le gouvernement se dédouane et accuse les spéculateurs et les contrebandiers

Pénuries : Le gouvernement se dédouane et accuse les spéculateurs et les contrebandiers

Les autorités tunisiennes tiennent les spéculateurs et les contrebandiers pour responsables de la disparition des produits de base du marché, tandis que des observateurs mettent en garde contre les dangers de négliger la pénurie des matières premières dans le pays et le limitant à la lutte contre la spéculation à un moment où tous les pays se précipitent pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations à cause de la guerre russo-ukrainienne.

Des équipes conjointes de la police et des services de contrôle économique ont commencé à mettre en œuvre un plan présidentiel pour traquer les spéculateurs. Le ministère du Commerce et du Développement des exportations a annoncé, jeudi dernier, la mise en place d’un plan de contrôle de la chaine de production, de stockage et de distribution jusqu’à ce que l’approvisionnement et les prix soient stabilisés.

Le ministère du Commerce a confirmé, dans un communiqué, la disponibilité de stocks suffisants de produits de base subventionnés pour couvrir les besoins des consommateurs durant la période actuelle et le mois de Ramadan, appelant les citoyens à « rationaliser leurs achats et à éviter l’empressement qui perturberait le cours normal de l’approvisionnement et de l’offre sur le marché et raviverait les tentatives de spéculation ».

Or, le marché tunisien souffre depuis des mois d’une pénurie de produits de base, notamment la farine, les pâtes, les huiles végétales, le sucre et le riz, subventionnés par l’Etat dans le cadre d’une politique sociale adoptée depuis plus de 6 décennies.

L’autorité publique en Tunisie nie l’existence d’une crise résultant de la faiblesse des stocks stratégiques de matières de base ou de l’impact de la crise des finances publiques sur la sécurisation des importations alimentaires et énergétiques, pouvant coûter au budget des dépenses supplémentaires qui viendront s’ajouter à un déficit estimé à 9 milliards de dinars dans le budget de l’année en cours.

La pénurie de produits de base, s’explique en réalité par la désintégration des systèmes de gestion, de production et d’approvisionnement alimentaires au cours des dernières années, et l’absence de politiques gouvernementales pour soutenir la production et assurer la sécurité alimentaire, ce qui peut conduire à l’aggravation de la crise en raison de l’incapacité de la Tunisie à faire face à la hausse record des prix des céréales et de l’énergie sur le marché mondial.

La crise des finances publiques s’est également répercutée sur les institutions gouvernementales chargées d’acheter les matières premières, notamment le blé, l’énergie et les médicaments, d’autant plus que la Tunisie, qui importe 84% du blé tendre à partir duquel le pain est fabriqué, n’est pas à l’abri d’une crise alimentaire sévère. La crise russo-ukrainienne et la hausse des prix de l’énergie, du blé poussent le pays à emprunter davantage pour assurer ses besoins alimentaires de base.

Selon un rapport de l’Union des banques arabes, les importations de la Tunisie de blé russe et ukrainien, s’élevaient à 1 095 000 tonnes, dont 984 000 tonnes importées d’Ukraine, d’une valeur de 196 millions de dollars, tandis que la valeur des importations depuis la Russie est estimée à 204 millions de dollars.

Des acteurs du secteur de la distribution alimentaire en gros ont déclaré que les mesures gouvernementales ne réduiront pas les prix et n’assureront pas l’approvisionnement nécessaire des marchés en raison d’une réelle pénurie de stocks de céréales et d’huile végétale, surtout que le marché est régi par la loi de l’offre et de la demande. Ils mettent également en garde contre les effets de la persécution des grossistes et de la confiscation de leurs marchandises sur les circuits de distribution et l’approvisionnement du marché.

Rappelons que sur la base des estimations des dépenses de la caisse de compensation des prix des produits de base, le gouvernement de Najla Bouden aura besoin d’au moins 1,3 milliard de dinars supplémentaires pour subventionner les produits alimentaires de base, en plus de 2,2 milliards de dinars de dépenses de subvention prévus dans la loi de finances pour l’année en cours.

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