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Poutine va “palestiniser” l’Ukraine et s’allier avec Pékin pour un “nouvel ordre mondial”

Poutine va “palestiniser” l’Ukraine et s’allier avec Pékin pour un “nouvel ordre mondial”

Washington et Londres ont eu raison de dire qu’ils n’ont pas confiance en Vladimir Poutine et qu’ils attendent des actes suite à l’accord pour une désescalade militaire. Le président américain, Joe Biden, était même allé jusqu’à dire que la solution aux problèmes de l’Ukraine mais aussi de toute l’humanité était que le maître du Kremlin disparaisse. Face au tolet provoqué à Moscou par cette sortie la Maison Blanche a dû nuancer pour ne pas inquiéter et énerver davantage Poutine. Mais sur le terrain, en Ukraine, tout indique que le président russe suit méthodiquement un agenda qui à terme conduire à la “palestinisation” de l’Ukraine…

L’objectif du maitre du Kremlin est de morceler le territoire, d’en arracher et occuper des parties rendant sa présence militaire indispensable pour soi-disant protéger les pro-russes. De fait il n’y aura plus de continuité territoriale en Ukraine, ce qui fera sombrer l’Etat ukrainien tel qu’on l’a connu. C’est exactement ce qu’a fait Israël aux Palestiniens. Les Israéliens ont profité de toutes les guerres et bras de fer pour aller nettement au-delà des frontières de 1967. Ils ne sont jamais ressortis de la Palestine et la colonisation tue de fait toute velléité de fonder un Etat palestinien digne de ce nom. C’est le même destin que Poutine réserve à l’Ukraine…

D’abord sur le terrain les bombardements s’intensifient à Kharkiv, la deuxième ville du pays ; en plus les troupes russes utilisent des bombes à sous-munitions interdites par les conventions internationales, sans parler des mines anti-personnelles qui frappent aveuglément les civils. Marioupol est toujours assiégé et les autorités locales avancent le chiffre d’au moins 5000 victimes, majoritairement des civils…

Moscou a vendu le retrait partiel des troupes autour de la capitale, Kiev et de Tchernihiv comme une concession lors des négociations en Turquie, mais personne n’est dupe. Le fait est que la Russie avait commencé bien avant les pourparlers avec l’Ukraine à retirer une partie de ses forces autour de Kiev parce que la capitale est bien sécurisée et l’armée russe s’y casse les dents. Le retrait a été opéré pour limiter les dégâts, cela n’a rien à voir avec un quelconque geste de désescalade que personne n’a constatée sur les autres parties du pays…

Et puis il y a cette dernière annonce du Kremlin qui en dit long sur les intentions inavouées de Poutine : il n’y a rien de «prometteur» dans le dialogue entamé avec l’Ukraine à Istanbul et il faudra de longues négociations pour parvenir à une vraie avancée. D’ici là les bombardements se poursuivent et  le pays continue de se vider de ses habitants, un exode massif que l’Europe n’a pas connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il est très probable que quand la Russie en aura terminé avec l’Ukraine, cette dernière perdra une bonne partie de sa population, ce qui de fait signifie la disparition de l’idéal national…

Avec une partie des Ukrainiens que le Kremlin force à se réfugier en Russie – beaucoup de couloirs humanitaires ne laissent que cette voie – une autre qui a fui le pays et une autre décimée par la guerre, l’Ukraine ne sera plus que l’ombre d’elle-même. Quant à la perspective d’adhérer un jour à l’Union européenne (UE), que Moscou avait fait mine de valider, et bien Poutine s’est débrouillé pour que ça n’arrive jamais. En effet la charte de l’UE dit qu’aucun pays ne peut adhérer à l’UE s’il est en conflit ou en guerre avec un voisin, s’il a un problème à ses frontières et s’il y a une instabilité politique. Donc théoriquement pour l’Ukraine l’entrée dans l’UE c’est cuit, après avoir enterré l’adhésion à l’OTAN.

Si Poutine voulait négocier sincèrement avec Kiev il aurait dépêché en Turquie son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov. Pendant que la Russie faisait semblant de discuter avec l’Ukraine Lavrov était en Chine pour annoncer un “nouvel ordre mondial” devant des Chinois qui acquiesçaient et rêvent de détrôner la superpuissance américaine. C’est cela dont rêve Poutine aussi : S’allier avec Pékin pour changer les rapports de force dans le monde. Il l’avait dit en février 2007 à Munich, en Allemagne, mais personne ne l’avait pris au sérieux. Après avoir fait la démonstration de sa capacité de nuisance à la face des Européens et des Américains, ils sont bien obligés de s’occuper du cas Poutine…

 

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