Economie

Quelles alternatives aux financements des IFI, selon la société civile tunisienne ?

Quelles alternatives aux financements des IFI, selon la société civile tunisienne ?

Pendant des décennies, les institutions financières internationales (IFI) n’ont cessé de déclarer que leurs programmes ont cherché à assurer la stabilité macroéconomique et financière tout en s’intéressant à l’amélioration des conditions de vie des populations.

Toutefois et en particulier dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), les conditions de vie des populations n’ont cessé de se détériorer, ce qui a été aggravé avec les effets combinés de la pandémie, de la guerre en Ukraine et du dérèglement climatique. Une profonde réforme est urgente.

Sortir du FMI : diversifier 

C’est dans ce contexte que la société civile tunisienne a participé aux assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui se sont tenues à Marrakech (Maroc) du 9 au 15 octobre, et a dénoncé les politiques des IFI tout en porposant des alternatives à leur programmes de financements.

L’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) qui a participé activement aux assemblées de Marrakech a déclaré dans une note parue récemment et intitulée « Sortir du FMI : diversifier » que sortir du FMI n’est pas une tâche facile.

En effet, alors que le fonds prône la concurrence libre et non faussée à travers la libéralisation du marché au niveau national, il agit de telle manière à mettre en place un cartel de bailleurs de fonds, dont il prend la tête, afin d’empêcher toute concurrence sur le marché de l’accès aux liquidités des États pour subvenir à leurs besoins de financement, indique l’observatoire.

Panoplie d’alternatives

Plusieurs tentatives de créer des institutions qui rempliraient un rôle similaire au FMI, notamment la possibilité d’octroyer des liquidités en devises pour remédier à des problèmes de balance de paiements, ont été réalisées au niveau régional, assure l’OTE.

On souligne, sous cet angle, qu’afin de capturer cette diversité d’options disponibles pour accéder à des liquidités en devises, un concept a été inventé en s’inspirant du vocable de la protection sociale : le Global Financial Safety Net (GFSN) ou le filet international de sécurité financière.

Le GFSN se compose de trois ou quatre niveaux : le niveau bilatéral, à travers les Bilateral Swaps Agreements (BSA) ; le niveau régional, à travers les dispositifs financiers régionaux (RFA en anglais) tels que le Fonds Monétaire Arabe (FMA), le Fonds de Réserves pour l’Amérique Latine (FLAR) ou le la Chiang Mai Initiative Multilateralization (CMIM) et le niveau global, à travers le FMI auquel certains auteurs ajoutent un premier niveau national à travers les réserves nationales de devises.

Il est important de noter que l’accès aux liquidités du FMI est décomposé entre l’accès inconditionné aux liquidités (programmes sans conditionnalités) et l’accès conditionné aux liquidités (à travers des programmes avec conditionnalités). Ainsi, afin de montrer le changement structurel du GFSN à travers le temps, des chercheurs ont calculé l’évolution de la taille de chaque niveau d’accès aux liquidités et ont présenté les résultats de leurs travaux.

Changement de la répartition de la liquidité mondiale

Dès 2018, il est facile ainsi d’observer que la répartition de la liquidité globale provenait de trois sources : le FMI à hauteur de 1000 milliards USD, les swaps (ou BSAs) à hauteur de 1500 milliards USD et les RFA à hauteur de 1000 milliards USD.

Par conséquent, et de loin, le FMI n’est plus le seul fournisseur de liquidité au niveau international et les BSA ont même dépassé le FMI en termes d’accès à la liquidité globale. Ceci met donc fin au mythe qu’il n’y a pas d’alternatives au FMI. Ces chiffres représentent des potentialités et ne disent rien sur l’utilisation réelle de ces divers potentiels, mais cela donne déjà une idée sur les alternatives possibles au FMI.

L’apparition des BSA comme outil d’accès à la liquidité globale a été initiée par la Fed qui a été suivie par la suite par la banque centrale chinoise, la PBOC, qui a mis en place ses propres accords bilatéraux de swaps. Comme l’a indiqué des spécialistes, l’accès à ces BSA s’est réalisé selon des affinités géopolitiques où les alliés proches des États-Unis, par exemple, ont accès à des BSA illimités tandis que les alliés moins proches ont accès à des BSA limités en volume et dans le temps.

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