Economie

Quiproquo à la BCT : un communiqué alarmant et des déclarations rassurantes du gouverneur !

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Dans un communiqué officiel de son conseil d’administration rendu public le 6 octobre courant, la Banque centrale de Tunisie (BCT) s’est déclarée « préoccupée par le tarissement aigu des ressources financières extérieures, face aux besoins importants pour boucler le Budget de l’Etat pour l’année 2021 », y voyant des « craintes des bailleurs de fonds internationaux au vu de la détérioration de la notation souveraine de la Tunisie et l’absence d’un nouveau programme avec le FMI ».

La BCT s’est alarmée quant à « la dégradation des finances publiques, pâtissant de leur situation vulnérable, ainsi que la hausse des cours internationaux du pétrole », qui « sont de nature à compromettre la soutenabilité de la dette publique, outre les effets négatifs sur le système bancaire et sur sa capacité à financer les opérateurs économiques. La BCT estime « que la persistance de cette situation engendrera des répercussions fortement négatives sur les équilibres extérieurs et sur le marché des changes ».

Le lendemain de ce communiqué alarmiste, le président de la République, Kaïs Saïed, s’est réuni, jeudi 7 octobre 2021, avec le gouverneur de de la BCT, Marouane Abassi, qui lui a remis le rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie (BCT) relatif à l’année 2020.

Un entretien a, également eu lieu et a porté sur la situation économique que traverse la Tunisie. Selon un communiqué de la présidence de la République, les échanges ont porté sur les réformes économiques, les finances publiques, la dette publique, la loi de finances complémentaire de 2021 et la loi de finances de l’année 2022.

D’après la même source Saïed et Abbasi ont débattu des solutions possibles afin de sortir de la crise, en prenant compte les indications positives concernant la relance des activités économiques dans plusieurs secteurs de plusieurs secteurs.

Toutefois et malgré le communiqué alarmiste du conseil d’administration de la BCT, les propos du gouverneur de la Banque Centrale, Marouane Abassi après son entretien avec le président de la République n’ont rien à voir avec les données publiées dans le communiqué.

Au fait, les propos de Marouane Abassi sont assez rassurants à contrepied du contenu du communiqué alarmiste publié la veille de sa rencontre avec le président de la République.

Dans une vidéo publiée sur la page sur les réseaux sociaux de la présidence, Abassi a affirmé que la situation financière s’améliore en Tunisie et que les bailleurs de fonds sont prêts à assister notre pays…

Il a ajouté que même si la situation est difficile, la reprise de certains secteurs comme la production des phosphates et le tourisme va améliorer davantage la situation.

Suite à cette volteface du gouverneur de la BCT, certains observateurs, intrigués par ce retournement dramatique de l’attitude de M. Abassi, se sont posés des questions sur les vraies raisons de ce changement d’attitude spectaculaire.

En effet, certainement conscient de la gravité de la situation financière du pays, M. Abassi a-t-il alerté le président Saïed du déficit budgétaire monstre avoisinant les 9 milliards de dinars ? D’ailleurs, le représentant-résident de la Société financière internationale (IFC), Georges Ghorra a assuré le 1 octobre courant qu’avant la fin de l’année 2021, la Tunisie doit combler un trou budgétaire estimé à près de 9 milliards de dinars.

Pire encore, est-ce que M. Abassi est rassuré aussi de l’attitude prudente voire négative des agences de notations quant aux horizons de l’économie tunisienne pour afficher une telle sérénité après son entretien avec le président Saîed ?

Notons à ce titre, que l’agence de notation financière internationale « Fitch Ratings » a publié le 7 octobre 2021 une note intitulée « L’amélioration des bénéficies des banques tunisiennes au premier semestre 2021 cache des risques accrus ».

Selon cette note, la perspective sur le score de l’environnement opérationnel des banques tunisiennes est négative, ce qui reflète l’ampleur des risques liés aux vulnérabilités macroéconomiques (B-/Négatif) de la Tunisie. L’agence ajoute aussi que les risques de liquidité budgétaire et extérieure sont exacerbés par les risques politiques et les retards dans l’adoption d’un nouveau programme avec le FMI.

Fitch prévoit que le PIB de la Tunisie n’augmentera que de 3,4% en 2021 après une forte contraction de 9,3% en 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI