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RDC : Un combat féroce entre la Turquie et la Chine pour les marchés très juteux

RDC : Un combat féroce entre la Turquie et la Chine pour les marchés très juteux

La République démocratique du Congo (RDC) a beaucoup changé depuis la chute du dictateur Mobutu Sese Seko (il a régné de 1965 à 1997), chassé du pouvoir par une rébellion conduite par Laurent-Désiré Kabila dont le fils, Joseph Kabila, a présidé ce pays gigantesque de 2001 à 2019. La RDC commence enfin à exploiter comme il se doit ses immenses ressources minières (diamant, cobalt, or, zinc, uranium, coltan), les plus importantes du continent africain. Les recettes de ce business expliquent la dynamique économique du pays, qui apparait nettement dans les infrastructures de haut niveau qui fleurissent ces dernières années. Sur la route du développement, une ambition affichée par le président Félix Tshisekedi, il y a un combat sans merci entre la Chine et la Turquie pour décrocher des marchés très juteux…

Ce qui traduit le mieux la fulgurance des changements c’est la rapidité avec laquelle un méga complexe financier est sorti de terre au centre de la capitale, Kinshasa. “Ça a changé brutalement“, confie un vendeur ambulant ; “ils travaillent jour et nuit, encore plus vite que les Chinois“, embraye un agent de sécurité. Il parle des Turcs, qui sont montés en puissance en RDC et bousculent le géant chinois qui jusqu’ici faisait la loi avec ses dizaines de sociétés dont certaines opèrent illégalement.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan change la donne. Le président turc était d’ailleurs en visite officielle chez Tshisekedi en février 2022 et il n’était pas venu pour de simples amabilités. Il avait signé des accords de coopération essentiellement dans la sécurité, la défense et les infrastructures, dont justement le Centre des Finances. Le chantier, niché près de l’école turque dans la commune des affaires de la Gombe, avait rapidement démarré.

Le projet, neuf bâtiments au total, logera à terme les ministères des Finances et du Budget, un centre de congrès, des bureaux, un grand hôtel, etc. Kinshasa voit grand après des décennies de léthargie durant lesquelles les gros revenus du pays atterrissaient dans les poches des responsables, un système de corruption et de détournements de fonds bien rodé.

Le méga projet est réalisé par l’entreprise Milvest, filiale de la holding turque Miller. Le chantier mobilise une enveloppe de 290 millions de dollars, décaissés par la compagnie, qui par ailleurs débourse 60 millions de dollars pour l’hôtel qu’elle exploitera durant 49 ans. C’est un des problèmes de ce pays : Malgré ses ressources naturelles il n’arrive même pas à se financer lui-même. Mais les Congolais y travaillent…

A noter que le Centre des Finances sera inauguré le 2 décembre prochain, avant l’élection présidentielle programmée le 20 du même mois et durant laquelle Tshisekedi briguera un deuxième mandat.

A deux pas du chantier turc la nouvelle ambassade de Chine prend forme, comme un symbole dans cette âpre bataille entre les deux ténors. Les places sont chères sous le soleil africain. La Chine campe sur les lieux depuis l’ère Mobutu. C’est elle qui a bâti le “Palais du peuple”, siège du Parlement, il y a aussi le stade des Martyrs avec ses 80 000 places.

Joseph Kabila avait mis en place le méga deal “mines contre infrastructures“, grâce à ça les Chinois ont rénové de grandes avenues dont le boulevard du 30 Juin, une sorte d’autoroute en pleine ville qui impression. Quand Tshisekedi s’est installé en 2019 les travaux de l’immense complexe culturel avaient démarré, ils sont presque finis.

La Turquie n’a pas l’intention d’en rester là, à part le Centre financier Milvest candidate pour la réfection et l’agrandissement de l’aéroport de Kinshasa, un projet qui au départ était confié à une entreprise chinoise mais l’affaire a tourné court. En la matière le pays d’Erdogan sait y faire, en témoigne le nouvel aéroport international Blaise-Diagne, au Sénégal, l’un des mieux équipés et les plus modernes du continent africain.

Milvest est également sur les starting-blocks pour un téléphérique urbain pour désengorger Kinshasa, en partenariat avec la société française Poma, spécialisée dans le transport par câbles.

 

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