La voix de Médecins sans frontières (MSF) s’élève une nouvelle fois pour dénoncer les conditions de vie inhumaines infligées aux demandeurs d’asile au Royaume-Uni. Ce jeudi, l’organisation humanitaire internationale a lancé un appel urgent à la fermeture immédiate du centre d’hébergement de Wethersfield, situé dans l’ancienne base de la Royal Air Force, et à l’abandon de la politique de détention collective des migrants.
Selon MSF, les autorités britanniques doivent cesser d’entasser des centaines de personnes dans des camps isolés, et au contraire assurer leur hébergement dans des lieux sûrs, dignes et intégrés à la société. L’organisation plaide également pour un accès élargi à des voies de migration sûres et légales, afin de limiter les risques encourus par les personnes en quête de protection.
Un environnement délétère pour la santé physique et mentale
Depuis plus d’un an, Médecins sans frontières et Médecins du monde gèrent une clinique mobile installée à l’extérieur du centre de Wethersfield, afin d’offrir des soins de santé primaire aux résidents. Ce centre accueille jusqu’à 800 hommes âgés de 18 à 65 ans, originaires en majorité d’Iran, d’Érythrée, d’Afghanistan, de Syrie et du Soudan.
Le dernier rapport, publié par MSF, dresse un constat alarmant. Fondé sur des données médicales et des témoignages recueillis auprès des migrants retenus sur place en 2024, il met en évidence une souffrance psychologique généralisée, aggravée par l’isolement géographique, l’absence de liberté de mouvement, et le manque de soutien psychosocial spécialisé.
« Le site de Wethersfield n’est pas seulement inadapté à un hébergement de long terme, il est dangereux pour la santé mentale de ceux qui y sont enfermés », souligne un responsable de MSF.
« L’absence d’activité, de contacts sociaux et l’incertitude juridique permanente génèrent des états anxieux, des troubles du sommeil et parfois des pensées suicidaires. »
Une critique des politiques migratoires britanniques
Pour MSF, la détention collective et systématique des demandeurs d’asile dans des installations isolées viole les principes fondamentaux d’humanité. L’organisation dénonce une approche sécuritaire et punitive de la migration, au détriment de l’accompagnement, de la protection et de l’intégration.
Elle exhorte le gouvernement britannique à changer de cap immédiatement, en mettant fin à l’enfermement massif et en instaurant un système d’accueil digne, communautaire et respectueux des droits humains.
Cet appel intervient dans un contexte politique tendu au Royaume-Uni, où le gouvernement conservateur a multiplié les mesures restrictives contre l’immigration depuis le Brexit. Le projet controversé d’envoyer certains demandeurs d’asile au Rwanda, récemment retoqué par la justice britannique, en est une illustration.
Des voies d’espoir, encore trop étroites
MSF insiste enfin sur la nécessité d’ouvrir davantage de routes migratoires sûres, notamment pour les populations fuyant des zones de guerre ou de persécution. L’accès à la protection ne devrait pas dépendre d’un parcours clandestin et dangereux, ni être puni par l’enfermement dans des camps « provisoires » qui se pérennisent.
À travers ce rapport, l’organisation espère faire pression sur les autorités britanniques mais aussi alerter l’opinion publique sur une réalité méconnue, à la frontière entre gestion administrative et détresse humaine.
Ainsi, l’exemple de Wethersfield incarne une dérive inquiétante des politiques migratoires dans certaines démocraties. En confondant sécurité et enfermement, contrôle et abandon, le Royaume-Uni semble avoir oublié les valeurs d’accueil et de solidarité qui fondent le droit d’asile.
À l’heure où les flux migratoires mondiaux ne cessent d’augmenter, c’est une vision plus humaine, durable et responsable qu’il faut construire – non des murs.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires