Les coupures récurrentes de l’eau sur tout le territoire et qui durent parfois des mois dans certaines zones et l’absence d’entretien du réseau de l’eau potable de plusieurs régions deviennent des problèmes chroniques voire structurels.
Le PDG de la Société nationale de distribution des eaux (SONEDE), Mosbah Helali, multiplie surtout ces derniers temps les déclarations pour expliquer les causes de ce fléau en l’imputant principalement à des travaux d’entretien, à la hausse des températures et à la demande croissante en eau.
Rares sont les occasions ou il a parlé des tarifs de l’eau qui ont flambé, vu l’absence de politique tarifaire transparente au sein de la société. D’ailleurs, la SONEDE ne communique que des statiques techniques non actualisées et dispose en matière de communication institutionnelle d’un portail web accessible en login et mot de passe et d’une page sur les réseaux sociaux réservée pour les communiqués, les condoléances au personnel, les vœux à l’occasion des fêtes et les activités de l’entreprise particulièrement celles du PDG.
En revanche, les principales causes de la gestion désastreuse de l’eau sont multiples, d’ailleurs et à titre indicatif, le Ministère de l’Agriculture reconnaît que l’infrastructure souffre de diverses défaillances qui ont été présentées dans un rapport paru en 2017 sous le titre « Rapport national sur le secteur de l’eau» et qui indique que plus du quart des canalisations sont vieillissantes, dépassant les 37 ans d’âge.
Mieux encore, le Ministère précise qu’avec la lenteur du rythme de réhabilitation du réseau, il est difficile d’éviter les pertes et les pannes occasionnées par des canalisations vétustes puissent être réduites même sur le long terme.
Cependant, d’autres manœuvres émanant des autorités inquiètent. Et pour cause, l’observatoire tunisien de l’économie (OTE) a publié un rapport, intitulé « Politique de l’eau : le nouveau code des eaux saura-t-il répondre à la crise de l’eau en Tunisie ? » où il a appelé à ce que le projet du nouveau code des eaux – déjà adopté par un conseil ministériel fin septembre 2019 – doit disposer clairement que l’eau doit être considérée comme un bien public et non comme un service public ou une marchandise.
Les rares informations comptables de la société, publiées d’ailleurs par le ministère des finances en 2018 font état de l’accumulation des déficits à 56 millions de dinars pour des dettes de l’ordre de 1043 millions de dinars soit 88% du capital.
Les chiffres de la société montrent également que l’effectif pléthorique (6409 agents), les charges du personnel y compris les services financiers accordés aux agents sont de l’ordre 176.9 millions de dinars et consomment 49% du revenu de l’entreprise. Le salaire mensuel moyen brut d’un employé la SONEDE est de 2379 dinars hors avantages en nature de tout genre (quota de consommation gratuite, prise en charge médicale, tickets restaurants, excursions et voyages subventionnés, etc.)
Les données comptables disponibles montrent, en outre, qu’à la SONEDE et malgré la hausse continue des tarifs, les produits d’exploitation ont vu une régression de 9.2% en 2018 tandis que les charges d’exploitation se sont situées avec 415.3 millions de dinars.
Le revenu de la société a baissé à 350.5 millions de dinars. Toutefois, ces déficits cumulés n’ont pas empêché le PDG de s’offrir une voiture de fonction de luxe dont le prix avoisine les deux cent mille dinars. Et puisque le PDG n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit, on peut s’attendre qu’après de nouvelles augmentations des tarifs, fort attendues, à ce qu’il s’offre une autre voiture de fonction plus luxueuse, qui sait ?
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