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Tunisie – Et si ce n’était pas le premier pas vers la réconciliation qu’on espérait entrevoir ?

Tunisie – Et si ce n’était pas le premier pas vers la réconciliation qu’on espérait entrevoir ?

De nombreux observateurs ont cru voir dans l’entretien du président de la République, Kaïs Saïed, avec le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, cet après midi, en présence du ministre de la défense nationale, un début de la résolution de la crise qui oppose les deux têtes de l’exécutif. Ces observateurs ont construit leur impression sur la qualité du discours, pas trop tendu ni agressif, et sur la mimique, même, du président, qui, pour une fois, parlait calmement, sas trop de nervosité et sans entrer dans ses séries de menaces et de missiles sur leurs bases de lancement.

Et si on essayait de revoir, un peu, le déroulement de l’entretien :

– Le président s’est intéressé, au début, aux contenus des accords obtenus avec le pouvoir libyen. Ce qui a semblé légitime, du moment qu’il devra recevoir dans deux jours, son homologue libyen. Mais quand on sait que tous les entretiens et toutes les discussions qui se sont déroulés en Libye, l’ont été en présence du secrétaire d’Etat et de l’ambassadeur. Or, ce dernier a le rôle de rapporteur des séances. Et il a, certainement, envoyé ses rapports comme l’exige son rôle, presqu’en temps réel. Donc, Saïed savait ce qui a avait été conclu et n’avait pas à le demander au chef du gouvernement. Mais on constate qu’il se trompe, toujours, de limites de prérogatives, quand il estime que les accords de coopération internationale font part de la diplomatie, et donc, de ses prérogatives.

– Il a, par la suite abordé le sujet du fameux document en rapport avec sa, supposée, tentative de putsch, quand il a assuré qu’il est question pour lui de faire son travail, et non un coup d’Etat. Quand on arrête les malfaiteurs et qu’on essaie de rétablir l’Etat de droit, il ne s’agit point de coup d’Etat, a-t-il déclaré. Et quand on parle de coup d’Etat constitutionnel, cela n’a aucun sens, puisqu’un coup d’Etat est illégal, et il ne peut, aucunement se baser sur la constitution.

– Parla suite, Saïed a, en quelque sorte, reproché à Mechichi de ne pas avoir voulu appliquer la loi, et exécuter les mandats d’amener concernant certains députés recherchés, ou de n’avoir pas émis des mandats à l’encontre de députés poursuivis par la loi. Alors que ces prérogatives sont du ressort de la justice, du conseil de la magistrature, ou du bureau de l’ARP, et non pas de ceux de la présidence du gouvernement. Encore un problème de flou dans les délimitations des prérogatives.

Au total, on peut, difficilement, assimiler cet entretien à un début de réconciliation, puisque Saïed en a profiter pour répondre, aux citoyens, aux accusations de tentative de putsch. ET il a essayé de prendre une apparence plus décontractée que d’habitude, et prendre à témoin, tout le monde, pour démentir ceux qui l’accusent de trop de rigidité et de volonté absolue de tout casser et de tout bloquer. N’a-t-il, d’ailleurs, pas essayer de mettre Mechichi dans le box du coupable, en laissant comprendre que c’est lui qui bloque tout, et, notamment, la bonne application de la loi, et la lutte contre la corruption ?

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