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Tunisie – Ghannouchi passe à la contre-offensive et tente un passage en force

Tunisie – Ghannouchi passe à la contre-offensive et tente un passage en force

Le président du parti islamiste d’Ennahdha, et de l’ARP gelée, Rached Ghannouchi, est en train d’opérer un véritable passage en force. Il a signifié au président de la République qu’il refusait ; non seulement, de considérer l’ARP comme gelée, et qu’elle peut réunir son bureau, et pourquoi pas sa plénière quand cela lui semble, mais, aussi, le 25 juillet et tout ce qui s’en est suivi comme décisions et actions. Un vrai coup d’Etat qu’il est en train d’opérer, et qu’on pourrait, même, comprendre comme un appel à ses inconditionnels et son, supposé, bras armé, pour leur dire que l’heure de l’insurrection et de l’action a sonné.

Et devant autant de hardiesse, on ne saurait que se demander ce qui a boosté de cette façon Ghannouchi, et l’a fait sortir de sa réserve, lui qui est connu pour ne rien entreprendre à la légère, et qu’il n’agit que quand il est sûr d’avoir réuni toutes les conditions pour la réussite de ce qu’il entreprend.

Ghanouchi n’est, en effet, pas habitué à risquer quoi que ce soit. Il n’a pas l’intention de se laisser malmener, ou emprisonner, quelle qu’en soit la raison, et quel que soit le bénéfice qu’il pourrait en tirer. Même celui de se présenter dans l’image qu’il dore le plus, celle de la victime de la dictature. Il pense qu’il a, déjà donné, sur ce plan, et puis il a trouvé un remplaçant de taille pour jouer ce rôle et en faire bénéficier toute la confrérie, en la personne de Noureddine Bhiri.

Et on se rappelle les différentes étapes par les quelles il est passé, depuis le 25 juillet dernier, avec une première tentative de passage en force quand il  voulu investir le parlement, suivie d’une période de traversée du désert dans l’attente que çà se tasse un peu, puis un retour plus ou moins timide sur la scène au bénéfice d’une attitude par trop clémente de Saïed, pour finir par un sursaut, il y a quelques mois, quand il a compris que çà chauffait pour lui et pour son parti, notamment après avoir perdu ses hommes à la justice, et après que de grave dossiers impliquant les siens aient été rouverts.

Donc, il est quasiment certain que, premièrement, Ghanouchi se sent en péril et il est obligé de riposter et de passer à la contre-attaque, et deuxièmement il a réussi à obtenir le soutien de plusieurs parties, notamment, étrangères, pour oser contra attaquer. Et ses soutiens qui sont étrangers, lui auraient donné le feu vert pour « y aller ».

Ainsi revigoré, avec des soutiens consentants, et un pouvoir local isolé et en perte de vitesse, avec une crise ukrainienne qui ne laisse guère aux forces internationales le temps de regarder du côté de la Tunisie, sauf, peut-être les organisations de défense des droits de l’homme, et certaines chancelleries acquises à la cause des frères musulmans, Ghannouchi est, donc, passé à l’action, et il semble qu’il ne soit pas près de s’arrêter en si bon chemin.

Et Kaïs Saïed a tout intérêt à essayer de comprendre ce qu’il complote, pour anticiper et le contrer, avant qu’il ne soit trop tard. Car Ghannnouchi va pouvoir profiter, notamment, d’une situation économique et sociale explosive, et des pénuries de produits de base, pour essayer de remonter le peuple contre lui et son gouvernement, qu’il n’a pas hésité à accuser de tous les torts que subit le pays, pour faire oublier les dégâts qu’il a occasionné durant la dernière décennie.

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