En marge de la commémoration du 25e anniversaire de la disparition du président Habib Bourguiba ce dimanche 6 avril à Monastir, le président de la République Kaïs Saïed a exprimé sa volonté de réformer en profondeur le cadre législatif encadrant les collectivités locales ainsi que le système électoral, estimant que ces réformes sont nécessaires à l’organisation des prochaines élections municipales.
« Il est indispensable de mettre en place une nouvelle loi sur les collectivités locales ainsi qu’un nouveau mode de scrutin », a-t-il déclaré à la presse depuis le mausolée de la famille Bourguiba.
Une critique sévère de la législation actuelle
Kaïs Saïed a vivement critiqué la loi actuelle sur les collectivités locales, affirmant qu’elle constitue un « fichier de corruption », en référence au Code des collectivités locales adopté en deux temps, en 2015 puis 2017.
« Cette législation avait pour objectif de diviser la Tunisie en entités séparées et de désintégrer l’État par le biais de la décentralisation », a-t-il dénoncé.
Selon le président, ce découpage administratif ne sert pas l’unité nationale et compromet la cohésion du pays. Il a qualifié le processus de mise en place de cette législation de tentative de morcellement du territoire, évoquant un « projet politique dangereux » pour l’intégrité de l’État tunisien.
Un nouveau système de reddition des comptes
Dans la même déclaration, le chef de l’État a souligné la nécessité d’introduire un nouveau système électoral, plus proche des citoyens, permettant à ces derniers de tenir leurs élus pour responsables.
« Il faut que l’élu soit responsable devant ses électeurs, qu’ils aient le droit de lui retirer leur confiance, comme le prévoit la Constitution », a-t-il affirmé.
Kaïs Saïed insiste sur l’idée que la démocratie ne se résume pas au vote. Il prône une relation renouvelée entre les citoyens et les représentants, dans laquelle le pouvoir électoral s’accompagne d’un droit de contrôle continu sur les mandats.
Vers un nouveau modèle de gouvernance locale ?
Le président tunisien semble ainsi annoncer un chantier législatif majeur qui conditionnera la tenue des prochaines élections locales. Il n’a cependant pas précisé de calendrier, ni les contours exacts de la réforme à venir.
Cette déclaration s’inscrit dans une dynamique politique en affichant la volonté de réconcilier efficacité administrative et responsabilité démocratique. En prônant un modèle de gouvernance locale repensé, il entend redéfinir le lien entre l’État, les élus et les citoyens.
Dans les semaines à venir, l’élaboration d’un nouveau cadre électoral et territorial pourrait ainsi devenir l’un des axes majeurs de la feuille de route présidentielle.
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