Çà lui a pris des décennies de dur labeur, du temps de Bourguiba et de Ben Ali, pour se forger une certaine réputation de défenseur des droits de l’homme, et de la démocratie, et de farouche opposant aux dictatures. Une réputation qu’il a, soit dit au passage tout fait pour étoffer, y compris un passage quasiment volontaire par la case prison. Il a, aussi, réussi, durant ces années là, à se tisser un réseau d’amitiés dans les milieux démocrates à travers l’Europe. Ce qui lui a conféré une certaine notoriété.
Or, au moment de la révolution de 2011, son avidité du pouvoir l’a, inéluctablement, poussé à commettre beaucoup de gaffes. Des gaffes qui ne seront pas faciles à faire oublier, et qui auront vite fait d’entamer sa crédibilité et de ruiner sa réputation si chèrement conquise. Il a, par exemple, commis la gaffe d’annoncer dès le début et avant toute élection, ni règlement de la crise, alors en cours, qu’il revenait en Tunisie pour y être président de la République. Ce qui a, définitivement, entaché tout le processus postrévolutionnaire, en Tunisie, en laissant entendre que tout avait été programmé d’avance, et qu’on lui avait, entre autres, promis le poste de président de la République. Parla suite, il a continué sur la pente glissante des gaffes en s’associant, contre les principes qu’il avait, toujours défendu, et contre ses convictions, avec les islamistes. Ce qui lui a coûté très cher.
Marzouki est, aussitôt, tombé dans les oubliettes de l’histoire, se contentant de digérer sa pension royale, et de profiter des avantages de son statut d’ex président, tout en ruminant le fait qu’il ait ruiné, en quelques mois, le dur labeur de plusieurs décennies.
Or, depuis quelques semaines, il s’est réveillé de sa torpeur et a, à ce qu’il parait, jugé le temps opportun pour essayer de se refaire une réputation, et repartir de zéro. Et il semble plus déterminé que jamais à en découdre avec tout le monde, avec le président de la République en premier, ce qui lui vaudrait, espère-t-il, de regagner une image de combattant, de victime de la dictature, et de fervent défenseur des libertés et de la démocratie. Et comme par le passé, on constate que Marzouki est en train de tout faire pour cadrer avec le rôle de victime, en se frottant au système, et en défiant le président de la République. Et le retrait de son passeport diplomatique constitue, pour lui, un premier pas vers la réussite, puisque çà lui permet de confirmer qu’il est, de nouveau, victime d’une dictature.
Et on peut supposer qu’il ne va pas s’arrêter en si bon chemin, et que pour faire la victime parfaite et s’attirer la sympathie de ses anciens amis, il n’hésitera pas, par exemple, à revenir en Tunisie et à provoquer tout le monde, histoire de se débrouiller un procès quelconque, qui scellerait, pour de bon son image de martyr !
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