Société

Tunisie [VIDEO] : Interview avec Seifeddine Dormek sur la crise de la décharge d’Agareb

Dans une interview par visioconférence accordée à Tunisienumerique ce lundi 04 octobre 2021, l’étudiant-chercheur en Gestion de la Pollution et de l’Environnement à la Faculté des Sciences de Bizerte, par ailleurs activiste écologique, Seifeddine Dormek a évoqué des informations importantes sur la crise de la décharge d’Agareb du gouvernorat de Sfax.

« Bien qu’il existe des lois sur la protection de l’environnement et la gestion des déchets, aucune n’est appliquée sur le terrain », a-t-il fait savoir.

Impact environnementale « très minime » selon un responsable de l’ANGED :

Dans le cadre de leurs études, Seifeddine, accompagné de ses collègues se sont rendus à la décharge d’Agareb et après avoir interrogé des responsables dans la municipalité ainsi que les agences nationales de la gestion des déchets telles que l’ANGED, ils ont pu constater l’ampleur de cette crise.

« La décharge d’Agareb est réservée uniquement aux déchets ménagers, or que les habitants y ont trouvé des déchets médicaux tels que les seringues et les sachets de liquide physiologique et des ordures de divers natures », a-t-il expliqué.

« Nous avons contacté l’ANGED qui nous a confirmé que 14 communes de la région déversent quotidiennement 700 tonnes de déchets dans cette décharge, or que celle-ci se trouve au milieu d’une réserve naturelle ! Est-ce que c’est logique ? », a-t-il ajouté.

En outre, l’ANGED lui a indiqué que la décharge « occupe une petite surface de la réserve naturelle qui s’étale sur 5 hectares », estimant que son impact écologique est très minime.

Historique de la décharge :

M. Dormek a précisé que selon les données disponibles sur le forum « Manich Msaddak », cette décharge a été installée en 2004, son exploitation a commencé en 2008 pour une durée de 5 ans, sa clôture a été prévue en 2013 comme stipulé dans l’acte d’exploitation.

De son côté, l’ANGED a affirmé que son exploitation a été fixée à 15 ans et sa clôture est prévue en 2022.

Il convient de noter que ladite décharge a fait l’objet d’une décision judiciaire de fermeture fin septembre. Quelques jours après son application, la décharge a repris service selon le correspondant de Tunisienumerique à Sfax ainsi que les témoignages des habitants d’Agareb.

« Les habitants de la région ont menacé l’ANGED et les responsables municipaux d’escalade si la fermeture définitive de cette décharge n’ait pas lieu d’ici le 31 décembre », a fait savoir notre interlocuteur.

Une catastrophe environnementale et sanitaire :

La délégation d’Agareb est principalement agricole et compte par ailleurs 150 industries. Les déchets de ces usines, même si bien traitées, contaminent le sol, l’air et l’eau.

« Les habitants d’Agareb nous ont affirmé qu’ils suffoquaient des odeurs nauséabondes et des gaz toxiques qui se dégagent de la décharge sur un rayon de 15 kilomètres, or un responsable de l’ANGED croit dure comme fer que les gazes émis sont inodores», a-t-il ajouté.

« Nous avons demandé à l’ANGED, la fermeture définitive du dépositaire et le transfert des déchets vers un autre, installé loin des zones urbaines. Celle-ci nous a indiqué qu’initialement la décharge a été installée loin des habitations ».

« Mais au cours de la dernière décennie, la demande d’habitation dans cette zone a augmenté, du coup elle s’est trouvée en engrenage entre les riverains et les sociétés chargées de la gestion de cette décharge ».

Les solutions envisageables :

Le responsable à l’ANGED a affirmé à M. Dormek qu’ils comptent transférer la décharge à 7 km d’Agareb, loin des habitations et des zones d’activités agricoles et ce suite « aux plaintes des citoyens ».

L’Agence a également demandé via des correspondances, aux 14 communes de diminuer la masse des déchets engendrés quotidiennement.

De son côté, Seifeddine a estimé que ces solutions ne sont pas aussi efficaces, suggérant le transfert de la décharge en plein désert, vu la disponibilité d’une grande flotte de camions de transport d’ordures.

« Une tonne de déchets traitée par l’ANGED coute 45 dinars, alors que les sociétés privées la tarifent à 150 dinars. L’Etat s’avère le grand perdant », a-t-il indiqué.

De même, il a suggéré à l’ANGED qu’elle propose le service de tri de leurs déchets aux usines, car il est difficile d’effectuer cette tâche par les agents de la décharge.

« L’ANGED a décliné cette proposition, car si elle exerce une pression sur l’usine, des employées risquent d’être renvoyés pour compenser les frais de traitement et de tri et cela ne peut qu’exacerber la crise du chômage », a-t-il poursuivi.

Notre interlocuteur a estimé que la réduction de l’impact environnementale n’est pas uniquement une question de moyens en Tunisie mais aussi d’initiatives et de volonté, affirmant que l’esprit environnementale est en pleine essor grâce à la société civile et les startups.

La sensibilisation environnementale : Une solution durable

M. Dormek a indiqué qu’il est facile de nos jours de véhiculer la sensibilisation environnementale parmi les citoyens de différentes tranches d’âges notamment via les groupes sur les réseaux sociaux et la vulgarisation des nouvelles technologies.

Membre de la startup « Ahyini » agissant dans ce sens, Seifeddine a indiqué la mise en ligne d’un dessin animé éducatif composé de 6 épisodes d’une durée de 5 minutes.

Ce dessin animé est disponible en langue de signe et contient des références du patrimoine nationale.

A la fin de chaque épisode, un quiz est proposé aux enfants pour tester leur compréhension.

Il a également évoqué les évènements et ateliers de l’éducation environnementale destinés aux jeunes enfants.

Au programme, une pièce de théâtre jouée par des enfants, qui sera diffusée en ligne sur la plateforme Ahyini.tn par visioconférence sur Zoom le 10 octobre 2021 et un programme varié le 15 octobre au Parc d’attraction sis Hammamet sud.

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