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Un paradoxe tunisien: Record des réserves en devises, dépréciation du dinar et économie en berne!

Un paradoxe tunisien: Record des réserves en devises, dépréciation du dinar et économie en berne!

D’après les indicateurs monétaires et financiers quotidiens publiés par la Banque Centrale de Tunisie, les avoirs nets en devises ont atteint hier, mercredi 9 novembre 2020, le montant de 22.7 milliards de dinars, enregistrant ainsi une croissance de 21.5% par rapport au même jour de l’année précédente, ce qui permet de couvrir 158 jours d’importation.

Cette évolution ne s’explique nullement par un exploit en matière de politique monétaire mais elle est due surtout à la contraction importante des importations. Au cours du mois d’octobre 2020 et aux prix constants, les importations ont enregistré une baisse de 13.0% contre une quasi-stagnation des exportations (+1.6%) comparé au même mois de l’année dernière. Les prix des produits échangés sont en repli de 5.2% au niveau des importations.

Le hausse des réserves en devises est imputable à la régression notable du résultat courant du secteur extérieur (-5.8%) en raison de la chute de ses principales composantes qui sont l’investissement direct étranger qui s’est contracté de 26.4% fin septembre dernier, en termes d’intentions déclarées, du tourisme dont les recettes ont diminué de 62% à fin novembre écoulé et de l’export de plusieurs produits stratégiques, tels que les produits des industries extractives, l’huile d’olive et les dattes.

Il est à noter que la montée importante des réserves en devises et leur culmination à des montants records jamais atteints pratiquement depuis 2010 revient aussi et en large partie aux faibles dépenses de l’Etat en devises, principalement, en ce qui concerne l’achat de biens d’équipement publics à l’étranger et la réalisation des projets d’infrastructure en partenariat avec des fournisseurs à l’international.

D’ailleurs, 80% des flux en capitaux étrangers sous formes de concours extérieurs à l’économie, à fin septembre 2020 sont pratiquement tous stockés en devises et dépensés progressivement pour couvrir les salaires des fonctionnaires et les frais de fonctionnement de l’administration.

Ce mode d’action a causé une déconnexion flagrante entre la sphère monétaire et la sphère économique productive après que la loi promulguant l’ « indépendance » de la BCT a brisé les canaux de transmission entre ces deux sphères qui sont relatifs à la stabilité du taux de change du dinar, les équilibres de la liquidité et le maintien du taux d’intérêt à des niveaux proches de l’évolution de l’indice des prix à la consommation.

Or ces dernières années, le côté jardin de la politique monétaire a été bien présenté au niveau de la stabilisation artificielle du cours du dinar qui commence, en l’occurrence, depuis quelques mois à osciller notamment face à l’euro (-3.96% courant décembre 2020) et la « valorisation » des efforts de lutte contre l’inflation (4.9%) bien que ce taux soit largement en écart par rapport à l’indice de l’inflation ressentie réellement par les consommateurs.

Le côté cour, qu’on essaye de camoufler par tous les moyens, se voit de façon flagrante à travers l’importance de l’insuffisance de liquidité monétaire qui est de l’ordre de 10 milliards de dinars en moyenne quotidienne, les seuils élevés des taux d’intérêt des banques et des sociétés de leasing qui varient entre 12 et 15% (commissions comprises) et la détérioration généralisée de la valeur ajoutée sectorielle qui a baissé au cours des neuf premiers mois de 2020, de 10%.

Des observateurs s’attendent également à un accroissement du coût du risque pesant à terme sur la rentabilité des banques, ce qui pourrait donner lieu à un crash amorti du secteur, en l’absence de perspectives de distribution de dividendes au titre de 2020.

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