Le président russe Vladimir Poutine a annoncé dimanche soir sa volonté d’engager des négociations directes avec l’Ukraine, sans condition préalable, à partir du 15 mai à Istanbul, repoussant ainsi les appels occidentaux à un cessez-le-feu immédiat.
Dans une déclaration faite au Kremlin en présence de journalistes internationaux, Poutine a indiqué que ces pourparlers devraient porter sur les causes profondes du conflit, lancé par la Russie en février 2022 et qui entre dans sa quatrième année.
« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…) Nous proposons de commencer dès jeudi prochain à Istanbul », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’entretiendrait dans les heures suivantes avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Une initiative russe qui fait écho aux pressions occidentales
Cette déclaration intervient dans un contexte de pression diplomatique inédite. Samedi, les pays européens alliés de l’Ukraine, réunis à Kiev autour de Volodymyr Zelensky, ont adressé à Moscou un ultimatum clair : accepter un cessez-le-feu complet et sans conditions de 30 jours, faute de quoi « des sanctions massives et coordonnées » seraient déclenchées.
Le président français Emmanuel Macron, accompagné de Friedrich Merz (Allemagne), Keir Starmer (Royaume-Uni) et Donald Tusk (Pologne), a annoncé qu’une coalition de 20 pays volontaires soutenait cette trêve, qui serait surveillée principalement par les États-Unis, avec une participation européenne renforcée.
Zelensky prudent mais ouvert
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s’était entretenu jeudi avec Donald Trump, récemment revenu à la Maison Blanche, a réitéré son ouverture à toutes formes de négociations, tout en soulignant une condition essentielle :
« Pour que cela arrive, il faut que la Russie montre qu’elle veut sérieusement terminer la guerre, en commençant par un cessez-le-feu complet et sans conditions. »
La trêve unilatérale de trois jours décrétée par Moscou pour les commémorations de la Seconde Guerre mondiale a été marquée par une accalmie relative sur les grandes villes, mais l’Ukraine a dénoncé des centaines de violations de la ligne de front par les forces russes.
Une manœuvre diplomatique ou un tournant ?
L’annonce de Poutine soulève de nombreuses interrogations. Pour plusieurs observateurs, il s’agit d’une tentative de reprendre l’initiative diplomatique face à une unité occidentale renouvelée et à l’activisme diplomatique de Donald Trump, qui affirme vouloir mettre fin au conflit rapidement.
La Russie occupe toujours 20 % du territoire ukrainien, et le conflit a causé des dizaines de milliers de morts. Jusqu’ici, le Kremlin avait refusé toute forme de cessez-le-feu global, se contentant de mesures symboliques ou unilatérales.
Dans son discours, Poutine a insisté sur le fait que des accords sur des cessez-le-feu plus larges pourraient émerger d’une négociation sérieuse à Istanbul.
« Ce serait le premier pas vers une paix durable à long terme », a-t-il assuré, tout en critiquant la diplomatie occidentale, jugée « grossière » et fondée sur des ultimatums.
L’enjeu d’Istanbul
Le choix d’Istanbul comme lieu de négociation n’est pas anodin. La Turquie, qui entretient des relations stratégiques à la fois avec Moscou et Kiev, s’est déjà imposée comme un médiateur actif dans les précédentes tentatives de trêve ou d’accord sur l’exportation des céréales.
Reste à savoir si les intentions russes se traduiront en actes concrets, et si Kiev acceptera de se rendre à Istanbul sans garanties sur un cessez-le-feu préalable.
L’Occident, lui, a prévenu : en cas de refus ou de violation de l’accord proposé, de nouvelles sanctions économiques d’ampleur seront immédiatement déclenchées, en coordination avec les États-Unis et les principales économies européennes.
Ainsi, le rendez-vous du 15 mai à Istanbul pourrait marquer un tournant diplomatique majeur, ou au contraire s’ajouter à la longue liste des initiatives avortées.
Alors que les lignes politiques évoluent à Washington, et que le front s’enlise, la fenêtre d’opportunité est étroite. Mais pour beaucoup, la paix durable passe par des actes, pas seulement des annonces.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires