En plus de ses conséquences sanitaires et de ses répercussions économiques, le Coronavirus a révélé des facettes méconnues d’un peuple que nous avons insidieusement qualifié « Le peuple qui a impressionné le monde » ! La catastrophe sanitaire se conjugue désormais à un cataclysme moral d’une frange de la population tunisienne qui a étalé au grand jour des comportements abjects, scandaleux et inhumains.
De Bizerte où on refuse d’enterrer une victime du Covid-19 dans le cimetière local, à la Manouba où un malade est stigmatisé, en passant par Medenine dont certains agents hospitalier refusent d’accepter une malade de Djerba témoignent de l’abrutissement, de la stupidité et de l’aveuglement de ces énergumènes nourris de régionalisme, d’hypocrisie et d’égoïsme primaire. Une barbarie sauvage et inhumaine qui envoie d’un revers poignant les vertus de solidarité, les principes d’appartenance, les références d’entraide et les recommandations de compassion pourtant bien ancrées dans nos traditions arabo-musulmanes.
Tel un corps humain, la Tunisie est malade non pas du Coronavirus seulement mais aussi des maux qui la rongent jusqu’à l’os depuis 2011; la schizophrénie, la médiocratie, l’incompétence, l’ignorance, l’aigreur et l’arrogance. Entre les élans de solidarité salutaires et louables de certains, la sauvagerie et l’abrutissement des autres, le corps malade de la Tunisie vacille et agonise.
Hormis les soldats blancs, qui nous le rappelons aux amnésiques, ont été formés dans les 4 Universités de Médecine construites par Bourguiba, qui se démènent pour sauver la Vie, les forces de l’ordre et l’armée qui se mobilisent pour sauver la Patrie et le peuple qui lutte ardemment pour assurer sa survie, les apprentis politiciens se complaisent au folklore ubuesque, aux impostures intellectuelles et à la malversation idéologique au lieu de se pencher sur le corps d’une Tunisie malade.
Le confinement est-il la solution pour combattre le Covid19 ?Des spécialistes s’accordent à dire que c’est une mesure défensive qui ne fait que retarder le pic de la pandémie, d’autres prônent une stratégie offensive en s’attaquant au virus par les tests massifs, la protection avec les mesures –barrière et le dé-confinement pour atteindre (l’humanité) oh pardi, l’immunité collective. Ou en sommes-nous? Nous pataugeons, nous tâtons et nous nous engluons dans une spirale d’approximation et d’absence de vision globale qui augure une catastrophe sanitaire, sociale et économique certaine.
Un confinement souple rarement respecté, des demi-mesures anesthésiantes, une économie paralysée, un folklore politique, une absence de tests massifs, un manque flagrant d’analyses statistiques sur les ratios des testés positifs, l’absence d’une cartographie du Coronavirus et une approximation par rapport à un après-confinement.
L’exemple allemand est édifiant. C’est le pays qui résiste le mieux à la vague épidémique avec une politique à 2 axes : le dépistage massif et une analyse statistique et territoriale des cas pour contenir les foyers de contamination et déterminer les personnes à risques. La levée du confinement au pays de l’Outre Rhin est décrétée pour le 20 Avril avec l’adoption de nouveaux protocoles d’hygiène qui vont accompagner la réouverture des commerces de moins de 800 m2, la matrice analytique des allemands maintiendra le confinement des personnes à risques (les + de 65 ans selon les régions ou les porteurs de pathologies chroniques.
Nos Généraux, qui ne donnent pas souvent le bon exemple, feraient bien de s’inspirer de nos amis allemands avant la levée du confinement prévue pour le 3 Mai. Ainsi, le prolonger jusqu’au à la fin du mois de Ramadan pour se prémunir des risques des veillées nocturnes dans les cafés et les bousculades des achats de l’Aïd seraient à mon humble avis un prérequis avant d’élaborer une matrice de dé-confinement avec une cartographie démographique du virus avec l’utilisation de la table de Kish° par les instituts de sondage. Une matrice accompagnée par la mise à disposition d’au moins 10 millions de masques, la préparation de 1 million de tests dont 500 000 sérologiques, la préparation de 1 000 lits de réanimation et la réquisition de 5 000 chambres pour la mise en quarantaine des porteurs positifs.
Les épidémies ne s’affrontent pas par l’approximation et les mains tremblantes mais se combattent par la science, le savoir, la stratégie, l’esprit analytique et les décisions courageuses et il appartient à nos Généraux, s’ils veulent remporter cette guerre, de porter les armures de véritables combattants capables de déchiffrer les maux qui nous menacent, de fédérer tous leurs soldats, de prévoir les remèdes qui nous prémunissent et de prendre les décisions courageuses qui nous guérissent de tous les maux cités précédemment.
°Mathématicien américain
Le Soldat Imed Derouiche
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