L’Instance tunisienne de l’investissement (TIA) vient d’annoncer les chiffres de l’investissement durant les 4 premiers mois 2020. Ceux-ci ont atteint 933 millions de dinars contre 370 millions de dinars au cours de la même période de l’année précédente, soit une progression de 150%. Ces chiffres sont plus que surprenants en pleine crise de Covid-19.
D’ailleurs, selon l’instance, le nombre de projets est même passé de 10 projets en avril 2019 à 22 projets pour la même période de l’année en cours (30 avril 2020).
Ces chiffres illustrent une performance exceptionnelle, en pleine crise du Covid-19, le nombre de projets de création est passé, durant les quatre premiers mois de l’année 2020, de 3 à 11 projets totalisant une enveloppe d’investissement de 271 millions de dinars, dont 217 MD, prévus dans le cadre du régime totalement exportateur, ce qui représente 86% des projets déclarés et 65% des emplois générés.
L’essor annoncé par les autorités, de l’investissement et de la création des sociétés exploratrices est en contradiction flagrante avec les différentes études publiées dernièrement, à ce sujet.
Une récente note d’analyse de l’institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et intitulée « Impact du Covid-19 sur les entreprises tunisiennes » montre que d’après les chefs d’entreprises l’impact de la crise sanitaire est très négatif et les estiment à 96% de leur chiffre d’affaires.
67% des entrepreneurs ont évoqué qu’ils endurent des difficultés financières, 44% d’entre eux ont annulé des commandes pour l’exportation et 88% craignent un impact négatif de plus en plus important de l’épidémie sur leur activité dans les douze mois à venir.
Mieux encore, selon les données de la TIA, la part des projets à participation étrangère représente 62% de la totalité des investissements déclarés, durant les 4 premiers mois de l’année 2020, soit l’équivalent de 578 millions de dinars.
La question qui se pose est de savoir comment les investisseurs étrangers ont pu prospecter le terrain pour préparer leurs projets sachant que les pays européens, premiers partenaires économiques de la Tunisie, ont fermé leurs frontières depuis des mois ?
Notons aussi que les données de la TIA ne concordent pas avec celles de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) publiées dans son bulletin de conjoncture du mois de mars qui indiquent que durant les trois premiers mois de 2020, l’investissement déclaré dans le secteur industriel a atteint le montant de 928.5 millions de dinars.
Les investissements industriels à 100% étrangers et en partenariat sont de 365.2 millions de dinars durant la même période de l’année 2020.
Au total, les investissements déclarés (industrie et services connexes) se sont élevés rien qu’à fin mars dernier à 1293.7 millions de dinars dépassant de loin les chiffres d’avril de la TIA !
Toutefois et au vu des pronostics assurant que le monde entrera suite au Covid-19 dans une longue récession marquée par une régression de la croissance, de l’investissement et des échanges mondiaux, il s’avère que l’investissement en Tunisie aurait miraculeusement profité de la crise du COVID-19.
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