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Rached Ghannouchi en mode monologue national

Rached Ghannouchi en mode monologue national

Ghannouchi vient de faire parler de lui après son appel mardi 24 novembre 2020 à un dialogue national global destiné, selon lui, à parvenir à un consensus sur toutes les questions politiques, sociales et économiques ainsi que sur les priorités nationales.

Rached Ghannouchi a souligné que les difficultés que traverse le pays ne peuvent être surmontées qu’à travers un dialogue global sur l’économie, la politique et l’éthique, réunissant toutes les tendances et qu’il y a lieu, également, de se diriger vers l’avenir en se débarrassant de la haine à travers la réconciliation et la rencontre de toutes les parties prenantes en vue de clore les dossiers du passé et de regarder vers l’avenir.

Cependant, Ghannouchi a oublié que la faillite qui guette l’économie et le chaos dans lequel la société est en train de sombrer ne sont pas nés d’hier mais ont bel et bien commencé avec la sinistre et tristement célèbre « Troïka » qui a instauré un système politique néfaste qui consacre son pouvoir et assoit l’hégémonie de sa mouvance pendant plusieurs années.

Malgré des années de combines, de magouilles et de petits calculs politicards, ce système n’est plus viable et a pris sa dernière ligne droite d’une course folle vers l’effondrement.

Ghannouchi a oublié aussi après avoir échappé à deux motions de censure et retraits de confiance, qu’aucune partie ne peut dialoguer avec lui en raison de la catastrophe socio-économique que son Assemblée a provoquée.

A peine quelques années après l’installation du nouveau funeste système post 2011, l’économie tunisienne est mourante. L’instabilité politique, les pressions sociales, corporatistes, mafieuses et la corruption ont causé des défaillances structurelles et irréversibles : destruction des secteurs productifs et arrêt de la croissance, pauvreté montant en flèche, chômage, inflation galopante érodant le pouvoir d’achat, investissement déprimé, politique monétaire et budgétaire floues, déséquilibre de la balance extérieure et déficit budgétaire inédit, attendu à un niveau de 11% du PIB pour 2020.

Rappelons que le régime post 2011 a été sauvé in extremis à la suite d’une crise politique majeure et d’une chute inéluctable en 2013 par les efforts « louables » du quartet composé de l’organisation syndicale l’UGTT, de l’organisation patronale l’UTICA, de la ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et de l’ordre des avocats gracieusement remerciés par les parrains de la démocratie islamiste naissante par un prix Nobel de la paix.

Ce quartet a permis aux islamistes de sortir d’une paralysie institutionnelle et de consolider leur régime basé sur la concentration du pouvoir au Parlement où ils étaient majoritaires.

Appelé « himar watani » âne national au lieu de « hiwar watani » dialogue national dans un célèbre lapsus très révélateur de la bouche du président de la ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) d’alors, Ghannouchi pense pouvoir se servir de nouveau d’un dialogue pareil via les services d’un autre quartet ou assimilé pour sauver son régime mourant sous perfusion étrangère des bailleurs de fonds et des créanciers de tous genre. Etant lui-même et son système politique sclérosé.

Cependant, une fois n’est pas coutume, il sera certainement difficile de voir ce régime sauvé par un simple dialogue national ou même international vu les nouvelles donnes sur la scène mondiale et vu que son sort est scellé par une situation économique désespérée. Même si dialogue il y aura, il sera complétement vain et ne sauvera pas les meubles étant donné qu’il doit passer par la dynamo de la crise et son principal protagoniste à savoir Ghannouchi et son régime.

Plutôt qu’un dialogue, il sera plus utile à Ghannouchi de procéder à un monologue, question d’épargner temps et salive.

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