Cette nouvelle affaire de tentative d’assassinat est de celles dont le chef de l’Etat, Kais Saied, est très friand. On ne sait pas s’il le fait exprès en les amplifiant pour que les citoyens se disent que sans lui c’est le chaos ou si les menaces sont réelles. Le fait est que la précédente affaire de ce type a fait pschitt. Rappelons-nous le battage autour de la prétendue lettre empoisonnée adressée au président de la République. Puis le destinataire est devenu son éminence grise, Nadia Akacha. Puis plus rien. Tout cela a fini en eau de boudin, et la présidence de la République n’a même pas daigné s’expliquer et encore moins présenter ses plus plates excuses – elle devait le faire ! – pour ce trouble à l’ordre public. Cette nouvelle affaire finira-t-elle aussi par se dégonfler comme une baudruche ?
Les suggestions et conseils plus ou moins avisés fusent déjà, alors que personne ne sait exactement de quoi il s’agit. Même le syndicat de la Garde nationale demande des éclaircissements. Tout le monde semble avoir oublié l’affaire tragicomique de la lettre empoissonnée. Mais que voulez-vous, la nature a horreur du vide. Aujourd’hui ce ne sera pas la loi de finances 2022 mais la tentative d’assassinat dont personne ne sait rien au fond, à part peut-être Kais Saied…
Ce n’est pas la première fois que le chef de l’Etat théâtralise les menaces réelles ou supposées qui guettent la République. Rappelons-nous les convocations coup sur coup des ministres de l’Intérieur et de la Défense pour parer à l’agitation publique qui était censée suivre les annonces du 13 décembre 2021. Il ne s’est rien passé depuis, à part le baroud d’honneur des Citoyens contre “le coup d’Etat” le 17 décembre 2021, vite étouffé par la police…
Un président de la République qui jette comme ça sur la place publique des affaires de ce type au lieu de traiter ça discrètement avec les services dont ça relève, ce n’est jamais bon. A l’intérieur ça ne fait que créer une psychose qui paralyse et pétrifie le pays, alors qu’il a besoin de se relancer économiquement ; et à l’extérieur ce n’est pas du meilleur effet pour les partenaires et les investisseurs étrangers. Le visage de la Tunisie relayé hier par France 24 suite à la condamnation de l’ancien président Moncef Marzouki n’a rien de réjouissant…
La chaîne française a ressorti le fameux Conseil ministériel durant lequel Kais Saied exigeait la tête de Marzouki suite à ses prétendues activités attentatoires à la sûreté de l’Etat. On y voit le chef de l’Etat vociférer, éructer, hurler devant des ministres médusés, figés, même craintifs et qui acquiesçaient devant la furie présidentielle. Pour finir par cette condamnation qui n’a pas sa place dans une démocratie et qui lui fait mal, quoi qu’en dise Kais Saied…
Donc pour répondre à la question du titre : C’est Kais Saied qui cause le plus de tort à la Tunisie, et si France 24 le fait c’est par ricochet, en relayant les faits et gestes du chef de l’Etat, et c’est son rôle. France 24 ne ferait, en apparence, que son travail…
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