Economie

Inégalités sociales en Tunisie : 19676 individus disposent d’une richesse supérieure à 500.000 dollars

Inégalités sociales en Tunisie : 19676 individus disposent d’une richesse supérieure à 500.000 dollars

Six décennies après l’indépendance, les disparités sociales restent toujours d’actualité. Elles se sont même aggravées et devenues criantes ces dernières années.

Plusieurs initiatives ont été pourtant prises depuis les années soixante pour les réduire notamment via le développement des ressources humaines à travers l’éducation et la santé, l’instauration de complexes et pôles industriels, la construction d’infrastructures, la mise en place de plans de développement pour améliorer les conditions de vie, et les incitations à l’investissement et au secteur privé. Néanmoins, le résultat n’a pas été à la hauteur des espoirs puisque la dynamique de développement n’a pas fonctionné excluant ainsi la plupart des franges sociales et les régions du pays.

Le Wealth Report « Supplément Afrique », publié par Knight Frank en 2020, estime que 19676 individus en Tunisie disposent, en 2019, d’une richesse supérieure à 500 000 dollars, rapporte une étude récente du Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES). La Tunisie est classée ainsi parmi les premiers en Afrique. A partir de données recueillies auprès des conseillers en gestion de patrimoine et de banquiers d’affaires responsables de fortunes, ledit rapport établit également le taux de croissance prévisionnel du nombre des millionnaires sur la période 2019-2024, pour un échantillon de 14 pays africains.

Au sein de cet échantillon, la Tunisie est classée 7ième, mais 3ième en termes de nombre de millionnaires par million d’habitants, juste après le Botswana et l’Afrique du Sud. Toutefois, elle est en première position en Afrique du Nord. Cela veut dire les inégalités du patrimoine ont été et demeurent élevées durant les dernières années.

Les prévisions de croissance du nombre des millionnaires en Tunisie sur la période 2019-2024 sont, par ailleurs, de 5%.

On note également que tous les indicateurs de mesure des inégalités des dépenses, des revenus et du patrimoine indiquent que celles-ci sont à des niveaux assez élevés. La Tunisie enregistre aussi le taux de pauvreté le plus élevé parmi les pays du Maghreb. Cela s’explique principalement par les limites de la politique redistributive en cours, nécessitant un remodelage de cette politique avec une réforme fiscale plus appropriée.

Au fait, il a été observé que la politique redistributive reste limitée pour différentes raisons : Le contexte économique difficile tout au long de la dernière décennie, accentuée par la crise sanitaire de la Covid-19 à partir de 2020 et les limites de la réforme fiscale mise en œuvre depuis 2013.

Tout au long de la période entre 2011 et 2019, la Tunisie a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 1,6% par an. Une faible croissance qui s’est traduite par un taux de chômage élevé, des déficits publics hors norme et des recettes fiscales insuffisantes pour que les pouvoirs publics mènent efficacement leurs politiques socio-économiques.

Dans ce contexte de crise toute politique redistributive visant davantage de justice sociale, s’est traduite par un gonflement des déficits publics et leur corollaire l’endettement public. Cela a réduit, en particulier, l’efficacité de la redistribution horizontale qui cherche à couvrir toute la population contre les risques sociaux (maladie, invalidité, pauvreté…) et a entrainé de ce fait la dégradation des services publics (santé, transport…).

Notons que le patrimoine est la valeur de l’ensemble des biens et/ou avoirs possédés à un moment donné, il s’agit, à ce titre, de patrimoine brut. En déduisant les dettes, on parle alors de patrimoine net. Le patrimoine peut être composé d’éléments très divers : des éléments bâtis ou non bâtis, des éléments monétaires, des titres représentatifs de créances ou de propriété (obligations et actions, par exemple, ou Bons du Trésor), etc…

Connaître les patrimoines et leur répartition est très important quand l’on veut parler des inégalités dans un pays. Les inégalités de patrimoine sont plus grandes que les inégalités de revenus. D’autre part, elles renforcent les inégalités de revenus. On ne peut donc pas analyser les inégalités dans un pays sans aborder la question des inégalités de patrimoine.

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